Le sang est une tragédie, jouée comme un conte qui montre ce dont nous pouvons être capables et jusqu'où on peut aller… L'histoire est celle d'une femme professeur de philosophie, mariée à un homme politique et qui a été kidnappée par un homme et une femme accompagnés d'une petite fille dont la mère a été tuée par l'ennemi… Demande de rançon… Revendications politiques ? Toutes les dix heures, ils vont l'amputer : un doigt, une oreille, un pied… Pour ce faire, ils lui administrent de puissants anesthésiants afin d'éviter la souffrance physique… A la fin, ils l'exécutent par injection…
Le terrorisme n'est que la toile de fond de ce " conte " sur le pouvoir et l'incapacité à agir. Comment conquérir et conserver le pouvoir ? La pauvreté, la cruauté, l'identification à une cause et à un groupe font que l'on ne se sent pas responsable, que l'on devient insensible. L'inconscience et l'insouciance de la population rendent possible la pauvreté et la cruauté, effaçant chez l'individu la compassion, l'humanité.
Sergi Belbel décrit ici la violence avec une certaine légèreté. Un décalage et pas mal d'humour noir nous permettent d'accepter la dureté des images et du propos. Son écriture est très fluide, très parlée, presque cinématographique. La thématique étant malheureusement d'actualité, on pense immanquablement à la situation politique de nombreux pays et aux actes terroristes qui les secouent. Ce parti pris du conte nous aide à prendre la distance nécessaire par rapport à la réalité, pour nous éloigner de la tonalité documentaire du sujet et nous rapprocher des enjeux humains qui y sont décrits.
Certaines didascalies seront dites comme si elles étaient des morceaux de texte, des passages narratifs… Pour me rapprocher du conte mais aussi pour illustrer ce que l'auteur m'a confié : ces didascalies, sont moins des indications à l'attention du metteur en scène que la traduction de l'univers qu'il imagine quand il écrit.
Ce qui m'intéresse le plus dans ce texte, c'est la question de la montée irréversible de la violence qui s'accompagne d'une impuissance grandissante des " témoins directs ou indirects " de cette violence. La lueur d'espoir que l'auteur fait briller au final nous permettra-t-elle de sécher nos larmes ou d'interroger notre avenir ?
Nicolas Thibault
La Compagnie du Huitième Jour est un groupe de comédiens qui s'est donné pour objectif la création d'œuvres contemporaines inédites. C'est ainsi que pour son premier spectacle, elle a passé commande d'un texte à Michel Azama.
La Compagnie organise des actions culturelles autour de ses projets artistiques et, dans les bibliothèques, des cycles de lectures pour faire connaître des auteurs, des pièces, mais aussi pour transmettre le goût de la lecture. Nous tentons de donner quelques clefs pour lire des textes de théâtre et aider les futurs lecteurs à imaginer les personnages et les situations dramatiques.
Pour les bibliothécaires, nous proposons des formations à la lecture à haute voix qui s'accompagnent de projets d'animations mis en œuvre conjointement avec les comédiens de la compagnie…
Quelques dates :
1995 - Résidence de création à La Chartreuse de Villeneuve lez Avignon, tous les comédiens de la compagnie travaillent avec Michel Azama.
1996 - Résidence d'écriture à La Chartreuse : écriture de Dissonances de Michel Azama.
Création en 1997 de la pièce au Festival du Jeune Théâtre à Alès puis en 1998, projet d'actions culturelles avec des adolescents autour de ce texte en partenariat avec le Théâtre et la Médiathèque de Corbeil Essonnes.
1999 - Création d'Après la Pluie de Sergi Belbel au Théâtre de Corbeil Essonnes d'actions culturelles autour de ce texte et d'un cycle de lectures de textes contemporains.
2000 - Cabaret, improvisations et cycle de lectures de pièces contemporaines à la Médiathèque de Corbeil Essonnes. Lectures spectacles et formation à la lecture à haute voix dans différentes bibliothèques à Paris et en Ile de France.
78, rue du Charolais 75012 Paris