Théâtre musical
Un songe baroque, pluriel, déraisonnable
La mise en scène
Note de mise en scène
Le Roi et la Reine se disputent ... c’est le désordre dans le monde. Deux couples d’amoureux se cherchent sans vraiment se trouver. Des artisans tentent de monter une pièce de théâtre, un fiasco.... Les saisons se mélangent, la neige croise le soleil et le vent la pluie. Les lutins se disputent et emmêlent toutes choses. La lune vit son dernier quartier avant de s’éteindre.
Fin de millénaire, fin de siècle, fin de cycle ... Le monde est pluriel, avant de redevenir l’univers. Du désordre naît l’ordre, de la confusion naît la comédie ; jusqu’à ce que tout s’arrange et finisse bien. Entre temps, chacun a fait un voyage initiatique : chacun a découvert sa part « d’ombre » et décide de l’accepter.
Ce Songe sera sensuel, lié à la multiplicité d’arts de la compagnie Miranda : musique, danse, claquettes, chant et jeu pour que dans cet éventail de séduction, le spectateur reçoive une pensée : le monde est multiple, pluriel, avec une partie de nuit qui tiraille chaque personne, le temps d’un parcours dans une forêt.
En suivant les mots de Shakespeare, nous partons à la rencontre de nous-mêmes ( mais un « nous-mêmes » obscur, secret et parfois déplaisant ), nous nous découvrons, nous nous battons et finalement nous nous aimons. Car, pour que le parcours nous initie, il faut juste qu’il nous apprenne à nous accepter....
Il y a des projets qui se mûrissent lentement avant de prendre corps. Il en va de ces songes que l’on garde toujours à l’esprit et qui un jour s’imposent naturellement comme une évidence.
Pour Thierry Surace, metteur en scène de la compagnie Miranda, il aura fallu attendre 10 ans, pour pouvoir enfin mettre en oeuvre Le Songe d’une nuit d’été de Shakespeare. Plonger dans Le songe pour un artiste, c’est faire le choix d’affirmer une couleur, une particularité, une identité ; Une identité de metteur en scène, sans doute, mais aussi une « multi-identité » de compagnie.
Cette pièce est certainement l’une des plus baroques du dramaturge tant par la multiplicité des thèmes abordés que par l’esthétique foisonnante des différents tableaux. Cette richesse de tons et de formes dans l’oeuvre de Shakespeare fait écho aux multiples personnalités qui composent la compagnie Miranda avec toujours pour ligne directrice le désir face à la raison, le rêve face à la réalité.
Aussi, Le Songe de la compagnie Miranda est baroque, pluriel, déraisonnable…Puisque cette histoire est un parcours initiatique étrange dans le monde de la nuit où l’on brave les interdits, où l’on transgresse les limites, où l’on se dévoile pour se découvrir autrement.
Tout est alors autorisé dans la forme… les costumes élisabéthains se changent en déshabillés vinyle, les chansons suivent les chorégraphies sensuelles, les personnages se travestissent dans un chaos solidement organisé.
Le monde du jour et celui de la nuit s’entremêlent délicieusement, avec un léger parfum d’interdit. Ils se rejoignent le temps d’une promenade en forêt, le temps d’un rêve éveillé où tout contribue au plaisir.
« Toute technique renvoie à une esthétique ; toute esthétique renvoie à une métaphysique ».
Trouver comment on veut monter une oeuvre que tout le monde connaît, c’est affirmer notre personnalité, notre particularité. Mais nous sommes une compagnie, une troupe ; il serait plus convenable de parler alors de « multi personnalités » recentrées autour d’un même idéal théâtral : l’humain.
Alors, lié à notre multiplicité d’art, notre Songe sera sensuel : musique, danse, chant, jeu, pour que, dans cet éventail de séduction, le spectateur ressente aussi sa particularité d’être, sa part fragile, son doute : « Peut-on s’engager pour la vie malgré l’appel sensuel de nos rêves et de nos fantasmes. Nos tentations rendent incertains nos choix de vie. »
Dans une forêt, en suivant les mots de Shakespeare, le spectateur partira à la rencontre de lui-même mais un « lui-même » obscur, secret et parfois déplaisant. Il se découvrira, se battra et finalement s’aimera car, pour que le parcours l’initie, il faut juste qu’il apprenne à s’accepter….
Thierry Surace
Si c’était un genre de spectacle, il serait théâtre musical pour offrir toute la diversité du théâtre élisabéthain.
Il y aurait les chansons à boire ou à rêver, à rire ou à pleurer.
Il y aurait la danse, ballet de fées légères.
Il y aurait le théâtre, avec la langue poétique de Shakespeare.
Si c’était un genre d’art, ce serait la peinture car tout ressemble à une toile qui selon l’éclairage change totalement d’atmosphère. La lumière nuance la profondeur des perspectives et crée plusieurs niveaux, triptyque de trois tableaux distincts :
Le premier tableau : l ’humain
C’est la machine humaine. Celle de l’amour et de ses rouages (que l’on nommerait aujourd’hui psychologie) Exemple : les deux couples d’amoureux Celle du règne et de son pouvoir (proche de la sociologie) : Thésée, Hyppolyta, Egée.
Le deuxième t ableau : l’artificiel
C’est le monde. Il raconte tout ce que l’homme construit ou invente. Ici, l’artisan joue les artistes et monte une pièce de théâtre.
Le troisième tableau : la sur-nature
C’est l’imagination, c’est la magie…. selon notre vision du monde. Elle lie l’humain et l’artificiel. C’est une peinture où le clair-obscur cache et montre des êtres étranges qui jouent avec le destin des hommes.
Si c’était un rythme, ce serait celui enivrant de la comédie Shakespearienne.
Si c’était le mot de la fin, ce serait de dire : tout contribue au plaisir. Cette pièce est à l’image de son intrigue, une danse ancienne, un quadrille où deux couples de danseurs alternent : une femme a deux cavaliers, l’autre femme est seule, son tour arrive et c’est l’inverse qui se produit, jusqu’à ce qu’enfin, pour le plus grand bonheur de tous, tout rentre dans l’ordre, les deux couples sont formés… la comédie a fini de jouer, de chanter et de danser.
Quant à moi, si j’étais un style, je serais un portrait chinois parce que la manière de poser la question est souvent une plus juste réponse.
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