Oubliez la candeur et l’innocence : voici un ange transgressif aux habits de plumes et de sequins venu raconter son odyssée parmi les mortels. Johanny Bert s’invente des costumes illusionnistes pour interpréter avec ses musiciens des chansons écrites spécialement pour le show. À partir de 14 ans.
À partir de 14 ans.
Imagine-t-on ce qu’est l’existence d’un ange voué à la vie éternelle ? Celui qui prend la parole ose sortir de l’invisibilité qui est son lot quotidien, même s’il n’a cessé d’être représenté en symbole de la perfection, de la sagesse, de la pureté, lui qui n’a pas de sexe défini. Il est venu pour chanter haut et fort que sa vie est un enfer, que ses ailes l’encombrent…
L’immortalité, c’est l’ennui assuré ad vitam æternam. La fréquentation des humains qu’il protège et conseille est décevante puisqu’ils ne se rendent pas compte de la chance qu’ils ont d’être mortels… C’est la limitation qui donne de la valeur à l’existence…
Devenu un personnage aux facettes multiples, il va chanter haut et fort son besoin de transgression.
Hen - cabaret dégenré que nous avons créé en 2019 a été le premier projet que j’ai conçu, mis en scène et dans lequel je suis également interprète chanteur ! Une aventure dingue ! A travers ce personnage libre et insolent, nous voulions en équipe aborder le sujet de l’identité et de la sexualité. Depuis, le spectacle continue sa tournée…
Cette première expérience m’a donné envie de poursuivre cette recherche d’un théâtre musical et marionnettique avec la même équipe de musiciens, auteur·trices, compositeur·trices mais dans une nouvelle direction.
Nous quittons l’insolence du cabaret pour une recherche plus philosophique: celle de l’humanité, de l’éternité à travers le personnage d’un ange.
L'Ange - Présent dans toutes les religions, dans les cultures occidentales, orientales… la figure de l'Ange est omniprésente et son histoire est passionnante. L'image de l'Ange mystique ou symbolique s'est métamorphosée jusqu'à devenir une icône de la culture populaire : sur les sapins de noël, à la St Valentin pour les amoureux, dans la publicité, dans l'Art contemporain, dans les images érotiques ou dans l'Art kitch. Personnage symbolique l'Ange représente souvent la sagesse, la pureté, la légèreté, la morale ou un gardien invisible. Comme beaucoup de figures souhaitant relier l'homme à la divinité, l'Ange porte son lot d'images clichés et de détournements ludiques.
« le comédien-metteur en scène nous entraîne dans une réflexion très touchante sur les paradoxes de l’existence humaine. » La Terrasse
La vaste réflexion de notre existence humaine est un champ de recherche qui me semble être le fondement de toute oeuvre ou tout acte artistique. Imaginer qu’un Ange prenne la parole en scène est évidemment délicat mais fascinant d’un point de vue métaphorique mais aussi plastique et marionnettique.
De nombreuses oeuvres m’ont influencé dont le film de Wim Wenders, Les Ailes du désir.
Cette phrase du réalisateur lors d’une conversation avec Serge Daney m’a beaucoup parlé : « C’est pour pouvoir montrer les humains que j'ai inventé les anges ».
A travers ce projet, nous cherchons une dialectique humaine. Nous définissons cet Ange comme un messager sans fonction, sans repères théologiques. Il ne semble plus rattaché à un Dieu ni à une religion définie.
Inventer un ange qui s’ennuie de l’éternité est une impulsion théâtrale au service d’un propos plus large sur notre humanité et notre fantasme d’immortalité. Je me suis plongé avec passion dans divers textes, car ce ne sont pas seulement les religions qui nous promettent la continuation de notre existence après la mort dans l’au-delà, mais également la philosophie, qui a en quelque sorte repris à son compte cette croyance inconsciente. Freud a écrit que « personne, au fond, ne croit à sa propre mort ou, ce qui revient au même : dans l’inconscient, chacun de nous est persuadé de son immortalité ». Dans la rencontre entre Phèdre et Socrate, Platon fait appel à un mythe, celui de la vie préempirique de l’âme, avant sa chute dans un corps, pour nous inciter à « parier », comme le fait Socrate, sur l’immortalité de l’âme. Pour imaginer ce projet, je me suis laissé porter par des écrits de Spinoza, Hegel ou Husserl (le fondateur de la phénoménologie) pour nourrir ce personnage perdu dans l’immensité de l’âme humaine.
Ce projet est une réaction solaire à notre humanité qui semble parfois avoir perdu le goût de la vie, le goût des plaisirs minuscules. A travers cet ange, figure onirique, nous cherchons à créer un exutoire céleste pour tenter de réactiver de la contestation lumineuse et combative dans nos vies d’humains.
Si même les anges ont le spleen alors… !
Mais le spleen de cet Ange n’a rien de si baudelairien. L’écriture du spectacle pourrait s’apparenter à un oratorio profane et libre alternant des séquences visuelles et instrumentales interprétées par trois musiciens en scène avec des introspections chantées écrite par des autrices et auteurs contemporains.
Nos références musicales sont hybrides, brutes et mêlent des accents de musique classique avec les sonorités de violoncelle, violon, vibraphone et des textures plus électroniques sous l’influence de Björk, Bot’Ox, Laake.
31, rue des Abbesses 75018 Paris