"Je nai pas de pays natal et bien entendu, je nen souffre aucunement, je me réjouis au contraire de ce manque denracinement car il me libère dune sentimentalité inutile" Ödön von Horváth
Horváth qui était fier dêtre apatride, disait aussi : "ma patrie cest le peuple". Ses pièces étaient populaires parce quelles prenaient le peuple pour sujet. Installé à Berlin au début des années 30, il décrivait en entomologiste les petits bourgeois de Vienne qui vivent tant bien que mal côte à côte entre mesquinerie et bêtise. Légendes de la forêt viennoise qui lui valut le prix Kleist en 1931 est la chronique dune rue commerçante de Vienne. Marianne la fille du marchand de jouets est promise à Oscar le boucher, mais pendant le pique-nique des fiançailles elle tombe dans les bras dAlfred le flambeur, amant de Valérie la buraliste. Petits et grands drames, désillusion, misère, déchéance, prison, Marianne finira par retrouver Oscar qui lattendait toujours. Comme dans Casimir et Caroline, pièce écrite à la même époque, une jeune fille essaie déchapper à ce qui lattend, mais elle se brûle les ailes. Marianne réintègre la rue de son enfance. Est-ce une fin heureuse ? De ce beau sujet de mélodrame Horváth fit une comédie cruelle.
A larrivée dHitler au pouvoir, son théâtre fut interdit, lui-même menacé, ses comédies se firent plus amères, parlèrent dexil et de retour impossible.
Après La Vie est un songe de Calderón et dipe roi de Sophocle, Laurent Gutmann sest passionné pour ce théâtre sans héros, cette chronique des vies minuscules qui laisse entrevoir avec ironie les méandres de lâme.
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