Les Aventures de François Berrone

Paris 11e
du 5 au 23 novembre 2002

Les Aventures de François Berrone

François est étudiant en tout mais ne fait pas grand chose. Ce qu’il voudrait, c’est voyager, s’exposer au danger pour apprendre à se connaître et vivre avec les autres. Pourtant au lieu de parcourir le monde et d’être dans l’action des hommes, il reste dans la petite chambre de bonne que lui prête Robin, gelé par une peur sans nom…

La Pièce
Note d’intention
L’outre-banalité du langage

François Berrone : Par où commencer, il y a tant de bruit.
Gladone : Allons, de la méthode, commencez par aller vous promener.
François Berrone : Quelque chose Gladoneronde dans mon corps.

François Berrone : Les toilettes sont fermés.
Gladone : Oui écoutez, combien de fois l’avez vous trouvé fermé ?
François Berrone : Je viens de rentrer et la porte était fermée !
Gladone : Une fois, j’ai donc droit à un joker.

Robin : I’m in a world of no sound, no smell, no sense.
Gladone : Shakespeare.
Robin : Non, un astronaute.

François est étudiant en tout mais ne fait pas grand chose. Ce qu’il voudrait, c’est voyager, s’exposer au danger pour apprendre à se connaître et vivre avec les autres. Pourtant au lieu de parcourir le monde et d’être dans l’action des hommes, il reste dans la petite chambre de bonne que lui prête Robin, gelé par une peur sans nom. Robin, professeur d’histoire à la retraite et peintre sans succès, est propriétaire de plusieurs chambres dans l’immeuble. C’est une autre solitude. Il pense que l’Histoire est immobile et enregistre tout sur des fiches, pour trouver du sens et un ordre à son époque. Un jour, arrive Gladone, un de ses anciens étudiants qui pour des raisons obscures est passé de l’autre côté du miroir. Grâce à Robin, il emménage en face de chez Berrone. Réciter des passages de la bible et récurer les toilettes du couloir sont devenues ses principales activités. Ces aventures sont l’histoire de leurs rencontres. 

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Marc Wels a écrit ce texte dans ces moments de désespoir propre à chacun.

Pour survivre. Chaque phrase est trempée de cette envie de trouver une issue à une situation dont on ne comprend pas très bien pourquoi on y est et pourquoi on y reste, pourquoi on supporte cette guerre quotidienne de voisinage qui prend des ampleurs incroyables. Bien qu’a l’origine ce texte n’ait pas été écrit pour un one man show, sa force vitale m’est apparue comme évidente et liée à son auteur. J’ai immédiatement vu sur scène un acteur-auteur vivre avec ses personnages qu’il avait connus. Ce qui m’intéresse c’est ce lien entre le vécu et le récit, et puis le pas toujours étonnant et beau d’une écriture pour survivre à un concret de la scène à vivre. En testant lui-même son texte sur scène, Marc se livre à un exercice magnifique. Ce risque qu’il prend est d’une grande générosité et c’est justement cette générosité qui rend notre travail si fructueux. Il joue sa vie. Il joue pour sa vie. J’ai été touché par sa manière d’imiter et de raconter ses personnages- en dehors de son alter ego. Sa préparation d’acteur est faîte, reste à lui donner une forme. Nous avons choisi de mettre le public dans la disposition d’écouter un ami qui nous raconterait ses - mésaventures avec l’humour et la liberté de quelqu’un qui a digéré ces événements. Ce ne sera donc pas une pièce triste, même si le thème central est la solitude. Trois hommes solitaires d’âge différents qui cherchent leurs places d’Homme sur cette terre. Sur scène un seul acteur donc, une chaise et de la craie pour délimiter les espaces. 

Rainer Sievert

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Deux-trois voisins de palier, plus d’autres voix. C’est « l’histoire de ce rien », une histoire de voix, du rien qu’on connaît les uns des autres. Une « présence par le son » qui est une absence à soi-même et aux autres, « une peur-clochard ». On entend un phrasé. Mais, comme on dit, sans phrases. Le bruit de la communication étouffe le langage et tue la communication. C’est l’allégorie qui se joue ici. Et les mots se déforment : « les anglais - les angladonais » - un des personnages s’appelle Gladone. Avec des bribes de chansons d’enfants qui passent, et la sexualité affleure, une nostalgie de « la vraie vie enfin », et des rumeurs d’histoires de guerre, qui passent aussi. La syntaxe est celle du décousu, parce que c’est le décousu qui nous relie : « Par où commencer, il y a tant de bruit. Tout est maintenant ». Les mouvements du corps sont des signaux, les voix sont des signaux « pour rejoindre les autres ». C’est le jeu du continu et du discontinu que capte Marc Wels, l’oreille sur le langage, à l’écoute du jeu du langage avec la vie et avec la peur. Ca s’entend. C’est un peu de l’inaudible qu’on entend. »

Henri Meschonnic

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Spectacle terminé depuis le samedi 23 novembre 2002

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