Opéra-bouffe en un acte d'Hervé sur un livret d'Édouard Montagne, créé au théâtre des Délassements-Comique le 21 août 1862.
Vingt ans d’absence, c’est long et la patience de Pénélope menace d’atteindre ses limites. L’esclave Albinus doit veiller sur la vertu de la femme d’Ulysse en son absence, mais la tâche devient rude : les assauts du prétendant Coqsigru se font de plus en plus pressants. Pour faire flancher Pénélope, ce dernier va même jusqu’à falsifier un document prouvant le décès de celui qu’elle attend. Ulysse apparaît pourtant et, déguisé en majordome, assure le service au premier repas galant que s’offre sa femme avec Coqsigru…
Tous les ressorts du théâtre de boulevard sont alors en place et, on l’aura compris, une grande distance est prise avec l’épopée d’Homère : mari déguisé, amant en fuite, femme qui s’abandonne, serviteur passé par la fenêtre, quiproquo. Deux ans avant La Belle Hélène d’Offenbach, Montagne et Hervé s’appuient déjà sur les grands textes grecs pour dépeindre, avec un goût prononcé pour l’absurde, les moeurs de leur temps.
La presse du temps témoigne de l’hilarité des spectateurs, emportés par le jeu de Couderc (Ulysse) – 1810-1875 –, Mercier (Albinus) et Grivot (Coqsigru) ainsi que Mlle Jullien. Cette dernière est très appréciée : « succès de jolie femme d’abord, mais aussi succès de chanteuse. » Cette distinction entre acteurs comiques et actrice charmante paraît d’ailleurs renforcée par le traitement musical : « comique, gaie et amusante pour les rôles d’hommes, [la composition d’Hervé] prend des allures et un caractère plus sérieux dans les morceaux que chante Pénélope » (Revue bibliographique, 31 août 1862). Très fréquemment programmé au cours des années 1862 et 1863, Le Retour d’Ulysse semble pourtant n’avoir pas été repris depuis.
En poursuivant la redécouverte de l’œuvre du compositeur Hervé, le Palazzetto Bru Zane révèle chaque fois davantage l’immense talent comique d’un rival d’Offenbach injustement oublié.
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