Lieu : Halle aux Granges, 11, rue du Carel à Caen
Sommés que nous sommes de ressembler à quelque chose.
Avant même de naître. Déjà.
Pourquoi vouloir chercher autre chose, quand les modèles sur mesure qui nous sont offerts nous épargnent toute peine, toute réflexion inutile.
Modèles normalisés, accessibles à tous.
Nuit et jour, leur mode d’emploi occupe nos écrans, c’est rassurant.
Ça vous croche en dedans, il n’y a plus qu’à se laisser faire.
Si l’essentiel vous manque, oubliez qu’il existe, on vous y aidera.
Les Égarés n’ont pas retenu la leçon, ils n’ont pas vu les panneaux.
Pas voulu, pas su lire.
Sur la scène, les Égarés vont affronter cette brutalité, cet acharnement à aplatir, à anéantir, à nier leur diversité. Ils vont lutter contre ce qui voudrait les isoler, les dresser l’un contre l’autre.
Pour affronter le déchaînement du marteau pilon, puissance frappante sortie de l’ombre, il faut des corps emportés, rompus au mouvement, qui cherchent obstinément à réduire la distance qui les sépare du public: il y a tant de choses à se dire. On les empêche, on les tire en arrière, on couvre leur voix, on les rassoit de force… on pourrait finir par en rire.
Aux prises avec des forces qui voudraient les réduire, les Égarés ne s’avouent pas vaincus, ils déjouent la menace et s’amusent même de constater qu’ils existent bel et bien, verticaux et chantant, dans « le tournoiement stupéfiant de ce qu’on nomme en commun réalité. » Le théâtre, dernier lieu public où leur présence soit tolérée, mais pour combien de temps encore ?
32, rue des Cordes 14000 Caen