Les Enfants du silence

La langue des signes entre à la Comédie-Française avec la pièce qui révéla Emmanuelle Laborit. Une très grande réussite, un spectacle magnifique.

Le Théâtre Antoine est très fier d’accueillir la troupe de la Comédie-Française pour 37 représentations exceptionnelles. Mêlant langue parlée et Langue des Signes Française, dans une esthétique proche du cinéma, Anne-Marie Etienne raconte une belle histoire d'amour et de différences. Françoise Gillard et Laurent Natrella se révèlent exceptionels et émouvants !

Molière 2017 Révélation féminine : Anna Cervinka.

  • Un plaidoyer en faveur du droit à la différence

Les Enfants du Silence c’est avant tout une histoire d’amour... l’histoire d’un amour impossible. Jacques, orthophoniste dans un institut pour sourds et malentendants, rencontre des difficultés avec Sarah, une jeune femme qui refuse d’apprendre à parler et à lire sur les lèvres. Naît entre eux une passion qui très vite se heurte aux préjugés et aux conventions. Leur amour résistera-t-il à ces obstacles ?

Avant La Famille Bélier, Les Enfants du Silence de Mark Medoff, dont l’adaptation au cinéma a reçu un Oscar en 1986, est la première œuvre majeure qui a sensibilisé le grand public à la surdité.

La saison dernière, cette pièce créée et interprétée par la troupe de la Comédie Française a connu un grand succès public et critique au Vieux Colombier. Le Théâtre Antoine se réjouit d’accueillir 37 représentations de ce spectacle exceptionnel.

  • La presse

« Les comédiens-français ont visiblement beaucoup travaillé, avec sincérité. Françoise Gillard (...) et Laurent Natrella (...) sont remarquables. La première s’empare de la langue des signes avec grâce et une intensité sans pareil. Le second joue sa partition bilingue « d’interprète » avec naturel et retenue. Le reste de la troupe est à l’unisson. (...) La pièce n’est certes pas un chef-d’œuvre dramatique. (...) L’essentiel est ailleurs  dans l’implication des comédiens, dans leur silence et leurs cris brisés, dans ces gestes, ces signes qui peu à peu paraissent plus beaux, plus grands que les mots… » Philippe Chevilley, Les Echos, 20 avril 2015

« Un spectacle fort, émouvant et passionnant. » Le Figaro Magazine

« Une pièce tout en sincérité et émotion. » Le Pariscope

« Drôle et dure à la fois, sans concession, criante de vérité. » Elle

« C’est beau et bouleversant. A voir ! C’est formidable ! » JT 13h France2

« A la fois magnifique et passionnant. » Le Canard Enchaîné

« Une romance sulfureuse. Quelle émotion !» Télérama Sortir

« Troublant. » Le JDD

« Du beau théâtre. Intelligent, efficace et populaire. » Fousdethéâtre.com

« On sort de la salle totalement bouleversé !» Scèneweb.fr

« Le travail accompli par les interprètes devrait suffire à éteindre toute polémique. Il y a là un engagement qui va bien au-delà du « rôle ». Laurent Natrella [...] a passé une année à se former auprès de Joël Chalude, lui-même comédien et sourd. Sa partition est particulièrement complexe car il doit en même temps «  verbaliser  » et s’exprimer par signes. Sans perdre le fil de l’émotion, de la vérité profonde du personnage. Françoise Gillard, qui est Sarah, elle aussi est devenue une virtuose et «  signe  » sans jamais perdre le fil du sentiment du personnage. Elliot Jenicot et Anna Cervinka, eux, doivent sans forcer le trait, être des malentendants qui parlent et ils sont parfaits. Catherine Salviat, Alain Lenglet, Coraly Zahonero complètent une distribution qui s’est mise au service de l’œuvre. On est bien au-delà de la performance. On est au cœur d’une pièce forte dont le propos excède celui du problème, réel, de l’altérité. » Figaroscope

  • Note d'intention

La recherche du «vivre ensemble»
C'est la première fois que je mets en scène, ou réalise, un texte que je n'ai pas moi - même écrit. S'approprier la langue d'un autre est passionnant et offre paradoxalement un surcroît de liberté. Cela m’a d'ailleurs fait évoluer en tant qu’auteur et accepter plus facilement qu'on puisse monter un de mes textes...

J'y retrouve la thématique de l'amour impossible, abordée dans mon film, Si c'était lui, qui racontait la rencontre inopinée entre un homme et une femme à l'opposé de l'échelle sociale. Sachant que 80% des gens se marient encore avec des personnes issues de leur propre milieu social, notre manque d'ouverture à l'autre, à d'autres mondes me frappe toujours. Je prolonge avec Sarah et Jacques cette recherche du «vivre ensemble» à travers une relation dite hors-normes, balisée par la différence et les interdits. Ici, Jacques est un professeur aux résultats probants, pour qui tout bascule lorsqu'il rencontre Sarah. Ancienne élève devenue femme de ménage à l’institut, elle refuse d’apprendre à lire sur les lèvres. Au-delà de la langue, ils vont devoir lutter « contre le monde entier », faire tomber les barrières dues à leur statut social, culturel, et à l’interdit moral puisque Sarah a vingt ans de moins que le professeur.

Pour comprendre ce qui les sépare fondamentalement, les déchirures d'enfance qui les unissent, il faut fouiller les autres histoires qui se greffent sur la leur. Tous ont un immense besoin d'amour et de reconnaissance de soi. Tandis que leur couple est littéralement envahi par les autres, l'institut – lieu clos et codifié – amplifie amertumes et règlements de compte. Jacques sera menacé de procès pour harcèlement sexuel par le directeur ; Sarah aura contre elle ses camarades – avec la radicalité de Denis, son ami sourd, qui considère qu’elle les trahit en allant avec un entendant, la jalousie de Lydia qui ne comprend pas que Jacques préfère celle qui lui résiste.

Ce qui m’intéresse, c’est le chemin que chacun a à faire, l'un vers l'autre, pour inventer cet espace commun. Pourquoi Sarah devrait-elle apprendre sa langue à lui ? Et si Jacques est un homme ouvert, engagé, est-il lui aussi prêt à faire le chemin nécessaire pour aller entièrement vers elle ? Me revient cette idée déchirante, obsessionnelle : parfois l'amour ne suffit pas... Il faut du courage et une grande humilité pour accepter de lâcher-prise, de s'abandonner à l'imprévisible, à la force de l'inconnu.

Une esthétique de l'émotion
La pièce a une construction cinématographique, les scènes passent d'un lieu à un autre très rapidement, parfois en quatre répliques. J’aurais pu la monter dans un décor nu, comme cela s'est fait jusqu'à présent. Mais, alors que je suis réalisatrice, j'ai eu envie de la théâtraliser en faisant exister chaque lieu et en exploitant la richesse des personnages tant chacun est ancré dans un monde bien à lui, avec une couleur, une façon d'être spécifiques. Cela ne sous-entend pas un traitement réaliste. Nous sommes au contraire dans un minimalisme et une atemporalité proches des tableaux de Hopper. Un seul élément – un meuble, un accessoire – suffit à situer l’espace, l’humeur intérieure du personnage.

Cherchant à ce que cette déambulation d’un lieu, d'un temps à un autre, soit le plus fluide possible, j'utilise ici des procédés cinématographiques et m'appuie sur la musique et la lumière en créant des fondus enchaînés, des fondus au noir...

Cette imbrication, ces liaisons racontent aussi ce qui sépare ou rapproche les protagonistes. Le minimum de ruptures scénographiques favorise une douceur en contrepoids à la violence inhérente au texte. Attachée à une esthétique guidée par l’émotion, il s'agit pour moi de creuser cette violence pour percer l’amour contrarié qui s’y exprime, l'extrême pudeur qui la sous-tend. J’aime énormément ces personnalités qui se battent contre ce qui les empêche d'avancer, ces gens qui vivent « quand même ». Cela passe parfois par le cri...

Pour cette pièce qui traite de la surdité, de la différence et de l'exclusion, je ne voulais pas faire l'impasse d'un travail poussé sur le son. Avec François Peyrony, qui a réalisé des recherches universitaires sur la surdité, les vibrations, les graves que les sourds perçoivent, nous cherchons à signifier concrètement, physiquement, l'opposition entre deux appréhensions du monde. Ce sont des moments brutaux pour les spectateurs, des ponts à construire pour réévaluer la perception que l’on a de l’autre.

De là, on saisit mieux aussi l'orgueil de Sarah, jeune fille pudique et sauvage. Entière, elle passe par la provocation et la revendication, jusqu'à l'exaspération parfois. C'est la qualité de cette pièce, absolument pas manichéenne, pleine d'humour et profondément humaine.

Une pièce bilingue
Une des singularités des Enfants du silence est d'être une pièce bilingue, en langue parlée et en langue des signes, ce qui est un vrai défi. Bien qu'elle ait été écrite par un entendant, et pour un public d’entendants puisque toutes les parties signées sont traduites en langage parlée – ce qui n’est pas le cas en sens inverse –, elle a toujours été interprétée par des sourds et des malentendants.

Des acteurs entendants font aujourd'hui ce chemin qui nécessite un investissement colossal. Ce pas vers l'autre est une ouverture essentielle qui a nourri et porté le projet. Dans cette aventure bilingue, j'ai la chance de travailler avec Françoise Gillard dans le rôle de Sarah, une partition très exigeante pour une actrice entendante. La langue des signes ne lui est pas étrangère puisque sa sœur est sourde de naissance. Elle connaît donc l'investissement physique que requiert cette langue, qui est une expression corporelle totale et non pas uniquement parlée avec les mains. Au-delà de son talent d'actrice, elle appréhende le rôle de cette femme sourde de naissance de façon intime, vis-à-vis de sa propre histoire, de sa relation à sa sœur, qui viendra d'ailleurs pour la première fois la voir jouer au théâtre.

Monter cette pièce au sein de la Comédie-Française, ce temple de la langue française, de la « belle » langue, est une démarche très signifiante, un symbole fort. Cette création participe à faire rayonner la langue des signes, longtemps marquée d'interdiction. Les Comédiens-Français la font entrer sur un de leurs plateaux pour partager sa poésie et sa profondeur.

Anne-Marie Etienne, mars 2015
Propos recueillis par Chantal Hurault

 

Sélection d’avis du public

les enfants du silence Par Suzanne L. - 21 février 2017 à 20h24

excellente performance qui traite d'un sujet important avec beaucoup de finesse

les enfants du silence Par Bruno - 18 février 2017 à 20h20

Très bonne pièce. Nous avons passé une très bonne soirée avec nos deux ados. Les acteurs sont très bons. Sujet bien traité sans pathos...

Les enfants du silence Par Louis B. - 12 février 2017 à 08h33

Excellente pièce aux textes sensibles qui evite l'ecueil du larmoyant ou du vulgaire. Brillamment jouée. Bravo !

les enfants du silence Par Martine P. - 11 février 2017 à 13h09

problématique de la surdité très bien traité. Acteurs très bon même si j'ai trouvé l'actrice moins convaiquante que Emmanuelle Laborit, la pièce est un bon sujet de reflexion sur le droit à la différence

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les enfants du silence Par Suzanne L. (1 avis) - 21 février 2017 à 20h24

excellente performance qui traite d'un sujet important avec beaucoup de finesse

les enfants du silence Par Bruno (5 avis) - 18 février 2017 à 20h20

Très bonne pièce. Nous avons passé une très bonne soirée avec nos deux ados. Les acteurs sont très bons. Sujet bien traité sans pathos...

Les enfants du silence Par Louis B. (1 avis) - 12 février 2017 à 08h33

Excellente pièce aux textes sensibles qui evite l'ecueil du larmoyant ou du vulgaire. Brillamment jouée. Bravo !

les enfants du silence Par Martine P. (2 avis) - 11 février 2017 à 13h09

problématique de la surdité très bien traité. Acteurs très bon même si j'ai trouvé l'actrice moins convaiquante que Emmanuelle Laborit, la pièce est un bon sujet de reflexion sur le droit à la différence

Les Enfants du silence Par Antoine O. (1 avis) - 6 février 2017 à 12h33

Excellente prestation aussi bien sur les textes que la qualité remarquable des acteurs et de la mise en scène. Le sujet était bien mis en place, nous étions assis à coté d'un groupe de malentendants ce qui donnait un vrai relief au spectacle. Accompagnés par une petite fille de 13 ans qui, ayant tout compris, a été réellement marquée par cette représentation. Nous avions déjà vu une représentation de cette pièce jouée il y a une dizaine d'années au théâtre du Ranelag, c'était passionnant mais sans commune mesure avec ce que nous avons vu hier soir Bravo

Le 30 janvier 2017 à 16h35

une analyse pertinente et magnifiquement jouée du pb des personnes sourdes et leur volonté affichée de pas etre considérées comme handycapées et qui décident d'un communautarisme de plis en plus affirmé . mercipour cette peiture de la réalité db

Très bon spectacle Le 26 janvier 2017 à 09h05

Excellents acteurs, sujet intéressant.

très bon spectacle Le 23 janvier 2017 à 16h50

A recommander pour le jeu des acteurs et l'intérêt de la thèse présentée avec intelligence et sympathie pour le problème JBP

A voir pour le jeu des acteurs Le 18 janvier 2017 à 09h46

Les acteurs sont époustouflants et particulièrement l'actrice principale. Le scénario est bon mais pas excellent. Une bonne réflexion sur notre société qui ne pense pas aux handicapés. Bravo pour les sous-titres.

Informations pratiques

Vieux Colombier - Comédie-Française

21 rue du Vieux-Colombier 75006 Paris

Accès handicapé (sous conditions) Bar Librairie/boutique Restaurant Salle climatisée Vestiaire
  • Métro : Saint-Sulpice à 61 m, Sèvres - Babylone à 258 m
  • Bus : Michel Debré à 23 m, Sèvres - Babylone à 189 m, Saint-Germain-des-Prés à 231 m, Musée du Luxembourg à 349 m
Calcul d'itinéraires avec Apple Plan et Google Maps

Plan d’accès

Vieux Colombier - Comédie-Française
21 rue du Vieux-Colombier 75006 Paris
Spectacle terminé depuis le dimanche 17 mai 2015

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