" Mon père faisait la contrebande du café. Dans les armoires, au milieu du linge, nous gardions les paquets qu'il apportait de Cerbère, et que les cheminots venaient chercher à la maison. L'odeur de mes 16 premières années, c'est cette odeur-là forte et bonne, de café grillé. Et à côté du café, tout le reste a une odeur pâle, décolorée même."
La gare de Port-Bou avant 1975 est un endroit étrange : c'est là que passe la frontière entre l'Espagne franquiste et la France, c'est là aussi qu'à la fin des années 50, le père de la protagoniste est cheminot et se livre à la contrebande du café.
La petite fille regarde son père et raconte une vie quotidienne rythmée par les allées et venues de ce demi-dieu qui mourra d'être arrêté pour un kilogramme de café passé en fraude.
Née à Port-Bou en 1958, Maria Mercè Roca vit à Gerone où elle est professeur de littérature. Scénariste de deux séries télévisées ; elle est l'auteur de plusieurs romans dont Basse Saison et Les Escaliers de Port-Bou. Elle est éditée par les Editions Métailié.
Envie d'intimité…
Rentrer dans l'intimité de cette femme…
Elle nous raconte son enfance, qui parfois lui fait la vie dure dans cette Espagne franquiste, alors elle s'accroche à l'amour de son père, elle se fabrique des petits bonheurs à la
va-comme-je-te-pousse…
Envie d'intimité…
Elle vient parler, peut-être pour la première fois de cette relation qui la liait à son père. Vient-elle exorciser une souffrance, se libérer de paroles trop longtemps
retenues ? Elle s'adresse à nous, véritables témoins de son adieu à l'enfance.
Et même si, elle avale parfois un bout d'existence de travers, ça ne l'empêche pas de rire…
"Marie Matin apparaît sur scène et, brusquement, le génie de la lampe d'Aladin s'échappe, la voix emplit l'espace jusque dans le moindre recoin, la corde subtile de l'émotion la plus intime se tend presque à s'en rompre. Ce sont mes mots, je les reconnais, mais ils sont désormais habillés par la couleur de la voix, et par le geste à la fois intense et contenu de l'actrice. Ces sont mes mots, c'est sur, mais placés dans une mise en scène austère qui intensifie la poésie et le drame du texte. Hors des frontières de la page, de la main de Marie Matin et grâce à son art, mes mots prennent une nouvelle dimension qui me passionne et me bouleverse. Il n'y a rien, certainement, qui puisse faire plus plaisir à un créateur." Maria Mèrce Roca, Traduction du Catalan Cathy Ytak
3, rue des Déchargeurs 75001 Paris