« Après tout, puisque vous m'aimez véritablement, ce que vous avez fait pour gagner mon cœur n'est point blâmable : il est permis à un amant de chercher les moyens de plaire, et on doit lui pardonner lorsqu'il a réussi. »
Dorante, qui est pauvre, aime Araminte, qui est riche. L’écart entre eux est assez énorme pour paraître infranchissable. Il le sera pourtant, et le public le sait bien, car le genre comique impose à son dénouement que les amants soient réunis. Cependant Marivaux s'est plu à multiplier les obstacles sur la route matrimoniale de Dorante. Son héroïne, qui est veuve, a trop d'expérience de la vie pour qu'on puisse espérer surprendre sa naïveté. En outre, Araminte est soustraite à la puissance paternelle : nul ne peut lui imposer de se marier contre son gré. Le problème, pour Dorante, consiste donc à se faire aimer d’une femme consciente de sa valeur et maîtresse de ses choix.
Comment faire ? Plutôt que sur la fin, le dramaturge concentre l’attention des spectateurs sur les moyens employés, l’enchaînement savant d’actions et de réactions par lequel Araminte se laisse peu à peu circonvenir. Et c’est ici qu’intervient l'habile valet Dubois : acteur, scénariste et démoniaque metteur en scène de toute la manœuvre, il est déjà dans la place au service d’Araminte et y fait engager à son tour son ancien maître Dorante en qualité d’intendant. « Je connais l’humeur de ma maîtresse », lui déclare-t-il dès la scène inaugurale : « je sais votre mérite, je sais mes talents, je vous conduis, et on vous aimera, toute raisonnable qu’on est ; on vous épousera, toute fière qu’on est, et on vous enrichira, tout ruiné que vous êtes, entendez-vous ? Fierté, raison et richesse, il faudra que tout se rende. Quand l’amour parle, il est le maître, et il parlera […] ».
Mais cet amour, comment le faire parler ? Sur quel levier Dubois, cet Archimède de la manipulation des sentiments, va-t-il peser pour faire basculer les sentiments d’Araminte ? Essentiellement sur la « fausse confidence » – sur les effets qu’entraînent certaines informations prétendument secrètes, pourvu qu’elles soient distillées au bon moment et dans les bons termes.
Tout est donc langage – mais à condition d’ajouter que tout langage, chez Marivaux, est d’emblée action, et que toute action suscite un sentiment, lequel détermine un désir moins libre qu’il ne se croit, mais qui ne vit que d’être pris au filet des mots. À ce jeu-là, Bondy est passé maître : il aborde ici son quatrième Marivaux avec une distribution exceptionnelle, autour d'une d'une Araminte incarnée par Isabelle Huppert.
« Tout est de haute qualité. » Armelle Heliot, Le Figaro, le 20 janvier 2014
« Un casting de haute volée. » René Solis, Libération, le 19 janvier 2014
« Tout concourt à faire de ce spectacle un parangon du copurchic. » Catherine Robert, La Terrasse, le 23 janvier 2014
« Les comédiens s’approprient le texte de Marivaux, jouent comme s’ils l’inventaient devant nous. Ils se mettent ainsi constamment en danger, pour notre plus grand plaisir. Isabelle Huppert trottine avec grâce sur ses talons hauts. Elle est pétillante, farceuse, ivre de passion, éblouissante. Elle aime, elle a vingt ans. Garrel est digne, émouvant : tout en retenue d’abord, puis telle une Cocotte-Minute qui siffle de plus en plus fort. Quand elle explose et que les deux amants tombent dans les bras l’un de l’autre, les mots de Marivaux s’emmêlent… La machine folle des sentiments s’emballe. Et nous aussi... » Philippe Chevilley, Les Echos, le 20 janvier 2014
« Isabelle Huppert et Louis Garrel brûlent littéralement les planches dans (...) un hymne à l'amour mis en scène avec humour par Luc Bondy. » Fabienne Arvers et Patrick Sourd, Les Inrockuptibles
DORANTE – Cette femme-ci a un rang dans le monde ; elle est liée avec tout ce qu'il y a de mieux, veuve d'un mari qui avait une grande charge dans les finances, et tu crois qu'elle fera quelque attention à moi, que je l'épouserai, moi qui ne suis rien, moi qui n'ai point de bien ?
DUBOIS – Point de bien ! votre bonne mine est un Pérou ! Tournez-vous un peu, que je vous considère encore ; allons, Monsieur, vous vous moquez, il n'y a point de plus grand seigneur que vous à Paris : voilà une taille qui vaut toutes les dignités possibles, et notre affaire est infaillible, absolument infaillible ; il me semble que je vous vois déjà en déshabillé dans l'appartement de Madame.
DORANTE – Quelle chimère !
DUBOIS – Oui, je le soutiens. Vous êtes actuellement dans votre salle et vos équipages sont sous la remise.
DORANTE – Elle a plus de cinquante mille livres de rente, Dubois.
DUBOIS – Ah ! vous en avez bien soixante pour le moins.
DORANTE – Et tu me dis qu'elle est extrêmement raisonnable ?
DUBOIS – Tant mieux pour vous, et tant pis pour elle. Si vous lui plaisez, elle en sera si honteuse, elle se débattra tant, elle deviendra si faible, qu'elle ne pourra se soutenir qu'en épousant ; vous m'en direz des nouvelles. Vous l'avez vue et vous l'aimez ?
DORANTE – J'aime avec passion, et c'est ce qui fait que je tremble !
DUBOIS – Oh ! vous m'impatientez avec vos terreurs : eh que diantre ! un peu de confiance ; vous réussirez, vous dis-je. Je m'en charge, je le veux, je l'ai mis là ; nous sommes convenus de toutes nos actions ; toutes nos mesures sont prises ; je connais l'humeur de ma maîtresse, je sais votre mérite, je sais mes talents, je vous conduis, et on vous aimera, toute raisonnable qu'on est ; on vous épousera, toute fière qu'on est, et on vous enrichira, tout ruiné que vous êtes, entendez-vous ? Fierté, raison et richesse, il faudra que tout se rende. Quand l'amour parle, il est le maître, et il parlera : adieu ; je vous quitte ; j'entends quelqu'un, c'est peut-être Monsieur Remy ; nous voilà embarqués, poursuivons. (Il fait quelques pas, et revient.) à propos, tâchez que Marton prenne un peu de goût pour vous. L'amour et moi nous ferons le reste.
Marivaux : Les Fausses Confidences, I, 2
C'est enlevé, drôle, joué avec fantaisie et modernité. Ok, l'acoustique n'est pas top. Mais on passe une excellente soirée!
Intéressant, mais : diction trop rapide, peu audible, une mise en scène qui tire vers la comédie de boulevard. Quant au long péambule (taï-chi + chaussures) il aurait pu être réduit, voire supprimé. Dommage pour Marivaux et la qualité du texte, peu mise en valeur ici.
Une vraie bouillie sauf pour Bulle Ogier! 2 heures de souffrance même quand on connaît la pièce. Insupportable et inadmissible.
Isabelle Huppert campe une Araminte parfaitement frivole et stupide. On aurait aimé plus de profondeur et de respect pour le texte. Cependant, très habiles jeux de décors.
Pour 18 Notes
C'est enlevé, drôle, joué avec fantaisie et modernité. Ok, l'acoustique n'est pas top. Mais on passe une excellente soirée!
Intéressant, mais : diction trop rapide, peu audible, une mise en scène qui tire vers la comédie de boulevard. Quant au long péambule (taï-chi + chaussures) il aurait pu être réduit, voire supprimé. Dommage pour Marivaux et la qualité du texte, peu mise en valeur ici.
Une vraie bouillie sauf pour Bulle Ogier! 2 heures de souffrance même quand on connaît la pièce. Insupportable et inadmissible.
Isabelle Huppert campe une Araminte parfaitement frivole et stupide. On aurait aimé plus de profondeur et de respect pour le texte. Cependant, très habiles jeux de décors.
Très bons acteurs (sauf la diction), très bonne mise en scène (sauf la gym du début), nous aurions donc passé une excellente soirée si les voix avaient été audibles. Quel dommage de ne pas profiter de la qualité du texte de Marivaux. Heureusement nous connaissions la pièce sinon nous n'aurions rien compris…Nous avons eu peur un moment d'un accès foudroyant de surdité, mais les commentaires des autres spectateurs nous ont rassurés.
on entend rien !! nous sommes partis avant la fin
En dépit d'une mise en scène conventionnelle : Isabelle Huppert pour un numéro de "gym douce" parfaitement gratuit, avant le début du spectacle, le plateau qui s'avance dans la salle, les premières scènes avec la salle encore éclairée...il y a bien longtemps que tout cela est devenu très banal cher M. Bondy. Ces réserves mises à part, la mise en scène comme la direction d'acteurs sont remarquables. Isabelle Huppert est, une fois de plus, magnifique, lumineuse et sensuelle, avec la silhouette, la fraîcheur et la vivacité d'une éternelle jeune femme, parfaitement crédible face à l'excellent Louis Garrel. Regret du parti pris de JL Bondy qui n'exploite guère que le côté "fofolle" du personnage d'Araminte, Ce personnage est infiniment plus riche et nous savons tous qu'Isabelle Huppert peut rendre mille facettes d'un même personnage : rouerie, calcul, manipulation, comme trouble, sincérité et abandon. M. Bondy, quand on a le privilège de diriger une aussi grande actrice dans un aussi beau rôle, il faut la pousser au bout des ses limites. Certes tous les comédiens ne possèdent pas la diction, la présence vocale et le rythme impeccables qu'imposent ce théâtre, tout en nuances et en subtilités. On n'est pas au "Français" et on le sait bien. Bulle Ogier et Bernard Verley sont remarquables de présence et de maîtrise. Bulle Ogier est très drôle. Au total, un très beau spectacle! Merci à tous pour ce beau moment de théâtre.
Une mise en scène porteuse pour le texte et les acteurs, Isabelle Huppert modernise le jeu avec nuance. Je trouve les critiques sur la diction inappropriées : on est à l'Odéon pas au Français ! Superbe moment de théâtre. Véronique L.
Quel Bonheur ! Un vrai régal ! Une excellente soirée !
c'est vrai que quelques fois on avait l'impression que les acteurs avaient du coton dans la bouche. On n'entendait pas trop bien mais superbe scénographie, le langage est magnifique et le décalage avec la gestuelle moderne des comédiens est intéressante. Bon acteurs. apparition surprenante de Bulle Ogier.
très très décevant. les acteurs semblent s'ennuyer au plus haut point, le texte incompréhensible traine en longueur et on ne l'entend pratiquement pas même en tendant les 2 oreilles . quant à Isabelle Huppert elle n'est pas à la hauteur de sa réputation..un signe: à peine 3 rappels. très mauvais spectacle et ns n'étions pas les seuls à le regretter
La DECEPTION au plus haut point ! Des acteurs qui jouent tellement mal qu'on se sent honteux pour eux. Seul Louis Garrel arrive à tirer, tant bien que mal, l'épingle de son jeu. Isabelle Huppert, si excellente au cinéma, n'arrive pas à faire mieux qu'une amatrice en manque de talent. Navrant, navrant, vous dis-je !
Excellent texte, excellente mise en scène, ayant su "moderniser" le texte, excellents acteurs, particulièrement Isabelle Huppert. Mais il est vrai qu'on n'entendait pas toujours très bien.
Inaudible ,texte avalé , du décor mais pas de fond.....enlevons la star ..et plus rien......le texte, la langue sont les seules priorités hélas oubliées ....je suis déçue
Excellente soirée. MIse en scène intéressante mais dommage que la diction moderne des acteurs rende parfois le texte difficile à entendre.
Place de l'Odéon 75006 Paris