Une mise en scène des Pensées de Pascal portée par des situations d'aujourd'hui, drôles, dramatiques, ironiques et truculentes. Les pensées trouvent ici une émotion bien réelle pour enfin devenir accessibles à tous.
Dans une nuit d’extase, le 23 novembre 1654, Pascal avait fait en sens inverse le trajet accompli 35 ans plus tôt, dans une même nuit de novembre par Descartes : il était allé des mathématiques à Dieu, alors que l’inventeur de la Méthode chercha à partir d’une illumination initiale, « la vérité à travers les sciences ».
Le choix proclamé de Pascal du cœur contre la raison et son engagement janséniste en font "un personnage quasi théâtral… presque un emploi de la comédie de la connaissance… une manière d’Hamlet", comme le dit Paul Valéry… Contre l’optimisme patient de la science, Pascal s’est installé dans l’inconfort et l’angoisse. Mathématicien de génie et physicien, ce "chrétien géomètre" voulait aller vite à l’essentiel, et la science, dont il n’ignorait nullement les possibilités, lui paraissait trop lente.
L’intelligence de l’adaptation d’Eric Herbette des Pensées de Pascal tient essentiellement au fait d’avoir su y inclure un certain nombre de ces pensées à des récits de situations d’aujourd’hui. Ainsi, traversés par leur histoire et leurs histoires, quatre personnages vont, chacun à leur manière, par volonté ou par obligation, remettre en cause leurs connaissances, leurs acquis, leurs croyances et leurs préjugés et ce dans le but de « penser par soi-même ». Démonstration fortement actuelle, à l’heure où les déviances des ultra-croyants prennent le pas sur les réelles méditations métaphysiques qui, elles, sont bien souvent mises à l’écart de nos préoccupations.
Il fallait donc trouver le moyen de mettre en vie, en images, en situation, certaines de ces pensées pour que s’illustre concrètement cette quête de l’homme vers sa propre spiritualité… exercice passionné et passionnant…
Ce prolongement théâtral et poétique qui ici embrasse le spirituel par le réel nous invite à une véritable intrigue, un véritable suspens, une véritable progression dramatique à l’issue de laquelle les protagonistes auront su ériger la pensée comme une fin en soi, invitant le spectateur à entrer dans le livre de Pascal mais aussi dans tant d’autres, comme si l’on pensait pour la première fois.
80, Allée Darius Milhaud 75019 Paris