Julie, Jules, Paul, Jacques et Léon sont membres du MAMAS, le mouvement pour l’arrachage musclé de l’ananas sec. Attentat après attentat, ils oeuvrent dans une France où l’action terroriste est reconnue d’utilité publique. Ils affrontent les autres mouvements terroristes pour occuper le devant de la scène médiatique. Dans ce monde imaginaire, les journalistes livrent au public les communiqués des terroristes, et relayent les plus absurdes théories de complots.
Sur un ton burlesque, la pièce se pose comme une critique acerbe de l’air du temps, avec pour point de départ une dénonciation absolue du terrorisme. Il y a aussi la conviction que les médias, dans l’engrenage de cette actualité tragique, sont promus au rôle d’acteurs. Dans quelle mesure l’urgence de l’information participe-t-elle de l’état de sidération devant l’acte terroriste ? Si la parole des terroristes est scrupuleusement rapportée par leurs communiqués, que devient la voix de l’homme qui apprend que sa femme et son fils ne descendront jamais du bus 62 ?
Il y a enfin la mort elle-même du kamikaze, quand le rêve de vie devient une aspiration à la mort. Le kamikazé appartient au peuple des victimes de l’abstraction de l’autre. Et la pièce espère alerter sur cette survivance du sacrifice humain.
Dans cette pièce, la France, on imagine qu’elle est morte. Tout esprit critique a disparu. Et les médias, comme le gouvernement, applaudissent à chaque attentat.
La scène de la salle Laborey du Théâtre du Nord-Ouest, neuf mètres de large pour huit de profondeur, est suffisamment spacieuse pour donner du vide à penser. J’y montre un monde sophiste qui n’a pour mesure que lui-même et qui est incapable de saisir la dimension de l’autre. Je crois que le théâtre est un mode d’expression jubilatoire pour briser les idoles du prêt à penser et déconstruire le discours de vérité ambiant.
J’aimerais donner à voir que le terrorisme n’a pas de visage ou de patrie mais est véhiculé par ceux qui ont perdu le contact avec la sacralité du vivant. Ceci dit, ce n’est pas par hasard si les terroristes en pyjama sévissent à Paris : étant moi-même Français, je montre le Français en pyjama, qui se croit séparé du reste du monde. Je tourne en dérision la France en pantoufles qui va vers la collaboration quand une nouvelle barbarie se lève.
Cette pièce est une farce, avec l’espoir de susciter un peu de bonne humeur, en face de la mécanique inéluctable et sinistre de la banalisation du terrorisme. C’est une farce qui a, pour moi, valeur de prière - une prière pour que cesse un jour l’abstraction des êtres vivants qui conduit à leur mise à mort en toute bonne conscience.
Patrick Hadjadj
patrick je voudrais te feliciter pour ton courage. beaucoup de gens en israel serait ravis d`avoir aussi cette piece de qualite sur leurs scenes de theatre.
J'ai déjà vu cette pièce et elle est absolument géniale. Elle est d'un humour extrêmement corrosif. On passe un très bon moment et on continue à y penser après. Les jeux de langage sont très bien vus et je recommande donc chaudement.
patrick je voudrais te feliciter pour ton courage. beaucoup de gens en israel serait ravis d`avoir aussi cette piece de qualite sur leurs scenes de theatre.
J'ai déjà vu cette pièce et elle est absolument géniale. Elle est d'un humour extrêmement corrosif. On passe un très bon moment et on continue à y penser après. Les jeux de langage sont très bien vus et je recommande donc chaudement.
13, rue du Faubourg Montmartre 75009 Paris