Spectacle en japonais surtitré en français. Dans le cadre du Festival d'Automne à Paris.
Dans une ville de province au Japon autrefois florissante grâce à la présence d’une usine de robots, les trois sœurs de la famille Fukazawa, dont la benjamine est morte mais a été remplacée par un androïde, sont restées après la mort de leur père qui était chercheur dans ce secteur de pointe tourné vers l’avenir.
Le père, avant sa disparition, avait fait fabriquer cet androïde à l’image de sa fille. La hausse du yen a provoqué une crise, et l’industrie a périclité. Seule une petite institution reste encore. L’aînée soutient la famille avec son salaire de professeur, et la cadette s'est mariée à un de ses collègues.
Mais finalement, il s’avère que la plus jeune sœur n’est pas morte : elle s’était enfermée dans sa chambre pour ne pas avoir à grandir et affronter le monde, et elle y est restée depuis la mort du père.
L’espoir d’une nouvelle vie, qui les tient et les fait rêver, va s’étioler au fur et à mesure, entre les élans enthousiastes et l’envie de retrouver la ville de leur enfance heureuse, et le constat que ce projet s’éloigne irrésistiblement, leur laissant l’impression de plus en plus précise de n’avoir pas réussi à construire ce qu’elles auraient voulu.
Ils nous ressemblent et nous répondent, ils peuvent aussi jouer un texte une fois quʼon les a programmés. Dans ces deux pièces qui parlent desaspirations et des doutes liés à la vie humaine, de notre désir de consolation, les robots introduisent un trouble captivant.
Quʼest-ce qui différencie un humain dʼun robot ? À première vue pas grand-chose. Les progrès de la technique étant ce quʼils sont. Intrigué, le dramaturge et metteur en scène Oriza Hirata, dont le théâtre flirte parfois avec la science-fiction, a voulu tester cette différence en apparence infime dans lʼespace du plateau. Deux de ses nouvelles créations, Sayonara ver.2 et Les Trois Soeurs version Androïde, ont été écrites non pas pour des robots, mais en intégrant lʼexistence dʼandroïdes dans la trame même du drame.
Dans ces deux spectacles, des comédiens en chair et en os se confrontent à lʼun des leurs qui nʼest autre quʼun robot. Une expérience qui nʼaurait pas été possible sans le travail de haute précision ayant permis la réalisation dʼun être baptisé « géminoïde », lequel, au lieu dʼêtre animé par un moteur électrique, est mu par un actuateur pneumatique qui confère à ses mouvements un aspect plus humain – jusquʼà imiter la respiration, par exemple.
Pour Oriza Hirata, ce robot nʼest pas un gadget, mais un élément déterminant de sa création. Dans Sayonara ver.2, des parents ont engagé un géminoïde pour prendre soin de leur fille atteinte dʼune maladie incurable. Sur scène, un robot et une actrice se donnent ainsi la réplique. Dans Les Trois Soeurs version Androïde, lʼaction se déroule sur fond de crise sociale dans une petite ville du Japon. Une des soeurs morte a été remplacée par un androïde par son père chercheur en robotique de pointe. Avec cette adaptation, Oriza Hirata catapulte Tchekhov dans le futur – un futur qui rappelle beaucoup nos préoccupations dʼaujourdʼhui.
« Le posthumain, scénario possible de l'après-fin du monde ? L'auteur et metteur en scène japonais Oriza Hirata arrive au Festival d'automne avec deux spectacles visionnaires où se côtoient humains et robots. » Fabienne Arvers, Les Inrocks
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