Les secrets des coulisses de l'âme
Un essai sur l'isolement humain
La presse
La vie de Virginia Woolf (1882-1941), issue d'un milieu intellectuel, fut marquée par les deuils et ponctuée par ces crises nerveuses qui la conduiront au suicide. Homosexuelle pudique, féministe puritaine, elle dit le mal de vivre et tente de percer les secrets des coulisses de l'âme. Dans Les Vagues, son chef-d'oeuvre, elle relate le parcours de six amis qu'elle conduit de l'enfance à l'âge adulte. Plus qu'aux événements extérieurs, elle s'attache comme Proust à décrire les mouvances, les contradictions que traversent dans un va-et-vient incessant semblable au flux et au reflux des vagues, le coeur et la raison de l'homme: illusions et désillusions, tendresse et cruauté, goût de l'ordre et du désordre, recherche de la solitude et besoin des autres, désir de vie et désir de mort.
En adaptant le roman au théâtre, Yves Gasc, sociétaire honoraire de la Comédie-Française, réussit la gageure de donner aux personnages une réelle consistance tout en gardant leur aspect énigmatique. Hervé Van der Meulen, co-directeur du Centre de formation des apprentis comédiens installé au Conservatoire National de Région de Boulogne, signe une mise en scène qui libère toute la poésie de cette oeuvre magistrale portée par les excellents comédiens du Studio. Un moment de grâce pour dire toute la beauté et le tragique de l'existence.
Vagues est un livre à six personnages, à six instruments plutôt, car il consiste uniquement en longs monologues intérieurs dont les courbes se succèdent, s'entrecroisent, avec une sûreté de dessin qui n'est pas sans rappeler l'Art de la fugue. Dans ce récit musical, les brèves pensées de l'enfance, les rapides réflexions des moments de jeunesse et de camaraderie confiante tiennent lieu des allegros dans les symphonies de Mozart, et cèdent de plus en plus la place aux lents andantes des immenses soliloques sur l'expérience, la solitude et l'âge mûr. Vagues, en effet, autant qu'une méditation sur la vie, se présente comme un essai sur l'isolement humain.
Extrait de la préface des Vagues de Marguerite Yourcenar (livre de poche)
"Une chef d’oeuvre de Virginia Woolf. […] dans Les Vagues, Virginia Woolf, retra[ce] la vie d’un groupe de six amis qu’elle conduit de l’enfance à l’âge adulte. […] A la complexité évanescente de ces six personnages, Hervé Van der Meulen oppose une mise en scène économe et ingénieuse "pour aider visuellement à faire ce voyage". Et les acteurs aident le transport, qui, dans le respect des contraintes techniques extrêmement précises, par-viennent à libérer toute la poésie de l’oeuvre." Marie-Emmanuelle Galfré, Le Parisien
"Trois hommes, trois femmes, dans un décor de tableau abstrait, géométrique comme un Mondrian, se quittent au sortir du collège, entrant chacun dans son avenir et dans ses ambitions (et dans sa "case de décor"), et se retrouvent à différentes étapes de leur vie. Ils se retrouvent "physiquement" mais sans vraiment se rencontrer puisqu’il n’y a aucun dialogue, tout au long de ce spectacle, seulement des séries de monologues, pendant lesquels, très bel effet de la mise en scène, les autres acteurs présents sur scène figent leur posture… Un décor idéalement frustre, des costumes parfaitement "coupés" pour chacun des rôles… Une mise en scène d’une incroyable précision… Ce texte, qui, en dépit de sa "beauté", aurait pu endormir un troupeau d’insomniaques, a tenu, deux heures trente durant, le public non seulement en éveil, mais encore sous le charme. (...) Sincèrement merci, messieurs-dames !" Michel Limoges, Le Journal de Saône et Loire
1, place de Bernard Palissy 92100 Boulogne Billancourt