A partir de 14 ans. Spectacle bilingue français / langue des signes française.
« Si l’histoire est censée nous apprendre à ne pas reproduire les mêmes erreurs... elle nous apprend aussi qu’il n’en est rien. Travailler sur les textes de Maupassant est ainsi une manière d’apprendre du passé pour espérer un meilleur avenir. Montrer également que les problématiques développées à la fin du XIXe siècle restent, pour la plupart, d’une criante actualité. »
Éric Vanelle
Les Amours Inutiles est la seconde partie d’un diptyque consacré par la Compagnie de l’Inutile à Guy de Maupassant. La première partie, Les Beautés Inutiles, créée en 2007 a été jouée plus de cent fois et continue encore à tourner.
La naissance de ce diptyque répond à plusieurs envies : faire (re)découvrir la langue de Maupassant et poursuivre un travail de recherche sur l’adaptation scénique de textes non-théâtraux. Montrer également que les problématiques développées à la fin de XIXème siècle restent, pour la plupart, d’une criante actualité. Si l’histoire est censée nous apprendre à ne pas reproduire les mêmes erreurs… elle nous apprend aussi qu’il n’en est rien.
Travailler sur ces textes est ainsi une manière d’apprendre du passé pour espérer un meilleur avenir. Enfin, ces textes font écho très fortement à une problématique qui structure tout le travail artistique du metteur en scène : la « morale ». S’il n’existe actuellement pas de socle commun à l’humanité permettant de traduire en acte cette notion, la vraie question, est celle-ci : est-ce possible ? Est-ce possible sans le recours à la religion ou à la dictature ? L’être humain est-il capable de construire ce socle ou en est-il structurellement incapable ? Dans ses nouvelles, Maupassant questionne frontalement cette problématique, sans parvenir, nous semble-t-il, à se faire une opinion claire pour lui-même. Mais cette constante interrogation ne serait-elle pas justement la première pierre de ce socle ? Maupassant était un pessimiste joyeux et ses textes sont tous parcourus par une ironie constante et une cruauté câline. Son ironie n’avait jamais pour cible ces personnages mais bien leur condition (et donc la nôtre). Comme pour Les Beautés Inutiles, nous restons fidèles à cet esprit et c’est bien à un spectacle joyeux et ludique auquel nous convions le public…
Les gestes, actions et déplacements des comédiens sont tout entier au service du texte pour l’éclairer des partis pris choisis. Il ne s’agit pas de « faire ce qui est dit », mais de « traduire ce qui est dit » pour en extraire le sens profond. Certaines scènes seront ainsi entièrement muettes, le texte étant traduit en un théâtre d’images. La musique et la danse ont une place à part. La précision de l’écriture de Maupassant est un bonheur pour l’oreille mais porte en elle un élément dangereux pour qui veut la porter sur scène : elle laisse peu de place à l’imaginaire du spectateur.
La musique et la danse permettent à cet imaginaire de s’épanouir et de rester réceptif, tout au long du spectacle, au bonheur des mots et des signes ! La déclinaison en LSF est facilitée par ce parti pris originel de vouloir « faire image » dès que cela est possible. La place du narrateur / la place de l’acteur. Nous travaillons ici trois manières d’aborder l’adaptation : un narrateur identifié, accompagnant ou dirigeant l’action des acteurs, des narrateurs / acteurs oscillant sans cesse de la narration à l’action et enfin, l’absence de narrateur. Rythmiquement et dramaturgiquement parlant ces différentes manières d’aborder les textes sont tout à fait complémentaires. Nous essayons, à travers ce parti pris, de créer avec le public une véritable et intégrale traduction scénique de l’écriture et de l’ambiance de Maupassant.
La version bilingue du spectacle apporte une dimension nouvelle en intégrant des interactions entre les binômes sourd/entendant, interactions qui enrichissent et éclairent d’un angle nouveau les problématiques soulevées par les textes. Scénographie Cinq modules façon « tangram » nous servent à créer symboliquement les univers dans lesquels évoluent les protagonistes se transformant, selon les différentes nouvelles.
7, cité Chaptal 75009 Paris