Dans une Naples improbable, Cœlio, jeune aristocrate rêveur et mélancolique tombe amoureux de Marianne, jeune femme sortie du couvent, épouse d’un barbon jaloux et ridicule ; Cœlio charge son meilleur ami Octave, brillant et débauché, de faire connaître son amour à Marianne. Marianne tombe amoureuse d’Octave et Cœlio, croyant que son ami l’a trahi, se laisse tuer dans une embuscade tendue par le mari.
Musique Dominique Viger. Chorégraphie David Llari. Par la compagnie Sun of Shade.
"Ma rencontre passionnée avec les œuvres romantiques a commencé grâce à Ruy Blas de Hugo que je montais en 2007 et dont je découvris à quel point il pouvait concerner et toucher un public d’aujourd’hui, adulte et adolescent ; la rencontre se prolonge avec Musset.
C’est qu’il y a quelque chose de violemment contemporain dans cette désespérance d’un enfant du siècle et ces jeunes gens : Octave, Cœlio mais aussi Marianne, sont les frères et les sœurs lucides et désenchantés de ces jeunes gens d’aujourd’hui qui, pour beaucoup d’entre eux, ne savent pas où s’employer, que croire, où s’engager, que faire ?... la débauche, l’alcool, la drogue… ou une tendance mélancolique qui va parfois jusqu’au suicide… que devenir dans ce monde qui leur est échu ?
Musset, jeune homme brillant mais désespéré, avait capté dans son incandescence la passion caractéristique de cet âge et sa retombée faute de combustibles. Je souhaitais donc aborder Les Caprices, mais comment ?
Et puis il y a comme une cristallisation des choses vues, entendues ou lues lorsque qu’un projet germe en soi. Le déclic vint de la redécouverte d’un film que j’avais adoré dès sa sortie en salles : Last Days de Gus van Sant ; revoir ce film agit comme un révélateur de ce qu’il me fallait faire.
Oui, ces derniers jours de rock-star dont le désespoir entre errance solitaire, drogue et musique, va jusqu’au suicide, sont les derniers jours de Cœlio ; et à la mort de Cœlio, Octave, son double, n’a d’autre issue que le sexe sans amour, le détachement cynique et impuissant, l’ivresse et l’oubli... jamais Musset n’a été aussi écartelé entre son désir de pureté et son penchant vers la débauche.
« Je suis venu trop tard dans un monde trop vieux.
D'un siècle sans espoir naît un siècle sans crainte ;
Les comètes du nôtre ont dépeuplé les cieux. »
Alfred de Musset, Rolla I
Cependant, comme toujours dans le théâtre romantique, des personnages comiques voire carrément bouffons, ainsi que des contrepoints musicaux et dansés (ici danses urbaines) viennent équilibrer la noirceur du propos."
Françoise Chatôt
"Freud étendrait sur le divan l’adolescent Musset. Mais celui-ci a déjà choisi. A 17 ans, son jeu est fait : se détruire, plutôt qu’accepter. Il veut tout ou rien. La société de son temps lui offre les mi-chemins ? Il décide donc : l’abîme. L’histoire lui propose un palier qui ressemble à un purgatoire : il opte pour l’enfer."
Claude Roy, préface à la Confession d’un enfant du siècle de Musset.
136, rue Loubon 13003 Marseille