Les contes drolatiques

" Il y a cent mille fois plus de talent dans un conte à rire que dans toutes les méditations, les odes et les trilogies cadavéreuses avec lesquelles on prétend régaler nos esprits "

Un vieux sénéchal prend femme sans réussir à se rappeler l’usage qu’on en fait. En mal d’enfants, sa jeune épouse s’efforce d’en avoir un à la façon de la Vierge visitée par le Saint Esprit. Un prêtre diligent lui fait découvrir les miracles de la religion. Des femmes s’oublient dans les bras de leurs amants jusqu’à oublier ceux qui, parce qu’ils le sont aussi, se trouvent en danger de mort. Par vengeance, une noble dame fait découvrir à une pucelle les joies du Paradis. Ingénieux dans la perversité, le roi tue celle-ci sans commettre un péché. Néanmoins, pour découvrir les vertus de la foi catholique, il doit s’en remettre à une de ces femmes qui font boutique de leur corps. Le tout pour faire l’éloge de cet amour qui pousse dans les hommes, et dans les femmes également, avec l’impétuosité ingénue des fleurs s’épanouissant au printemps.

L’immense éclat de rire d’un Balzac que l’on n’apprend pas à l’école, et pour cause : il pourrait faire rougir les jeunes filles et donner des idées farfelues aux mauvais garçons. Un Balzac rabelaisien, dans la vision de Virgil Tanase qui pense avoir réuni dans ce texte le sarcasme de Molière et la pugnacité de Shakespeare.

Interprétés par les comédiens de la Compagnie Tada, - dont la presse russe disait qu’ils sont "tout aussi talentueux que les Russes, mais jouent mieux " - Les contes drolatiques constituent une extraordinaire leçon de vie et de morale. Il n’est question que de sexe, dans Les Contes drolatiques. Jamais avec vulgarité, toujours avec intelligence et humour.

Ce ne sont pas des hommes qui s’accouplent (ou qui cherchent à le faire), mais, à travers eux, les forces fondamentales : la lumière et les ténèbres, le ciel et la terre, la matière et le mouvement. C’est pourquoi dans toutes ces histoires il y a autant de poésie : les hommes et les femmes sont aussi des fleurs, des bêtes, des musiques, des franges de couleur.

C’était le défi de cette mise en scène : prendre Balzac pour maître et construire un spectacle drôle et excitant, poétique et vrai, juteux et émouvant.