Nous avons dû faire des choix. C’est un programme qui correspond à un des axes importants que nous menons au sein de la compagnie et que nous appelons « DI-VI-SI-ON-LI-RE » . C’est un champs qui est admiratif de la poésie sonore. Ce n’est pas à strictement parler de la poésie sonore, qui est un travail sur la déstructuration du langage, mais ce sont plutôt des expériences liées à l’acte oral. Comment mettre son corps dans une lecture, avec quelle énergie dit-on un texte … c’est l’endroit de la langue performée.
Le programme est donc une suite de petites formes performatives qui commence avec un texte de Laurent Quinton que j’ai mis en scène et qui s’appelle Les Dirigés face au changement. C’est un petit texte rapide qui tourne autour d’une seule idée : aujourd’hui les dominants assument de manière décomplexée le tort qu’ils font aux dominés. A partir de la phrase de Patrick Lelay « ce que nous vendons à Coca-Cola, c’est du temps de cerveau disponible », Laurent Quinton met en parallèle un meurtrier qui avoue ses crimes sans vergogne. C’est une pièce assez simple, assez drôle mais qui pose des choses assez graves finalement. On voit bien, par exemple, comment la gauche actuelle est désemparée face à cette politique qui annonce ses forfaitures à l’avance. C’est la forme la plus théâtrale de la soirée.
Ensuite viennent deux lectures/performances. Dans Propriété, nous nous amusons à brouiller les pistes. Avec Nicolas Richard, nous lisons tous les deux un texte de manière synchronisée et le spectateur ne sait pas à qui attribuer le texte. Nous entremêlons nos textes en quelque sorte. Dans Peloton, Nicolas Richard est seul. Il propose un ensemble de textes courts de formes et de sujets très variables.
Et puis la soirée se termine sur un vrai cabaret, Le Cabaret Quéquette, sur de textes de Christian Prigent. C’est un auteur que nous aimons beaucoup, un des premiers avec lequel nous avons travaillé. La comédienne Bérangère Lebâcle et le guitariste Jérémie Cordonnier ont composé des chansons avec ces textes. C’est une fois de plus une manière vivante et jouissive pour entendre des écritures recherchées.
La soirée est très stimulante et même si elle ne montre pas tout le travail de Lumière d’août, on perçoit bien les circulations qui existent entre nous. Il y a une atmosphère familiale que nous aimerions partager avec les gens.
Alexis Fichet
76, rue de la Roquette 75011 Paris