Les forains

du 4 septembre au 14 octobre 2007
1h40

Les forains

Pure comédie racontant l’impuissance à communiquer entre «castes» différentes, dans le contexte d’un présent incertain, sur un ton politiquement incorrect. Des «affreux, sales et méchants» en frottement avec la «bonne conscience».
  • Synopsis

Une nuit d’été, leur caravane à l’arrêt au-dessus d’une voie ferrée, Eddie et Jackie s’apprêtent à dîner sans Nono, parti en ville chercher la pièce du camion en panne. Le train de nuit qu’ils regardent filer tous les soirs s’arrête pour la première fois, et deux personnes en descendent.

Hélène, en pleine période de « développement personnel » a profité de l’arrêt du train pour quitter son mari endormi. Olivier est juste descendu pour voir ce qui se passait, et s’est retrouvé en plan sur le ballast. Le train est reparti. Il n’y a pas de téléphone et il ne passe plus personne sur la route.

Les « civilisés » et les « sauvages » partagent les mêmes ravioli. Les maladresses accumulées transforment une soirée exotique en une nuit de cauchemar.

Après La Sainte Catherine qui lui a valu le Molière de l’auteur 2006, la nouvelle comédie grinçante de Stephan Wojtowicz.

Le texte de la pièce est publié aux Editions de l'Amandier.

  • Note d’intention

Les rencontres impensables, racontées par Stephan Wojtowicz, sont toujours génératrices d’émotion, de poésie et d’humour. Dans son écriture, la dérision est vitale, et le scepticisme optimiste qui caractérise son style, est nourri par ses obsessions.

Stephan Wojtowicz tisse les liens entre des êtres noyés par le monde. Il évoque les bouts de destin d’individus ordinaires et de personnages originaux. Et il les aime ces humains, parfois stupides, perdus au milieu de leurs mensonges, ployant souvent sous le poids de fratries qui les encombrent, mais les réchauffent.

Dans La Photo de Papa, il évoquait le thème du choix et de l’engagement, avec en toile de fond l’été 1936. Celui du front populaire, des congés payés et de la guerre d’Espagne. La Sainte Catherine en 1919 après la « sale guerre » confronte un pauvre type, rescapé des ,tranchées, à ceux de l’arrière, qui ne sont jamais partis. Dans ces deux oeuvres, le passé est un prétexte pour nous renvoyer à l’absurde individualisme d’une société contemporaine déliquescente. Il n’est pas question de juger mais d’observer sans complaisance ni manichéisme.

Avec Les Forains, il raconte l’impuissance à communiquer entre « castes » différentes, dans le contexte d’un présent incertain, sur un ton politiquement incorrect. Le style identifiable de son écriture serrée, très dialoguée, est servi, cette fois, par une construction délibérément classique. Unité de lieu, de temps et d’action contribuent à créer une densité dramaturgique accentuée par le crescendo d’une situation qui se développe jusqu’à l’absurde.

Dans cette fable, certains codes sont inversés. Les gens de la route qui trimballent à la petite semaine, la confiserie usée, et le manège ayant connu des jours meilleurs, sont bloqués, à l’arrêt, en panne. Ils sont dans un « nulle part », coincés entre une voie ferrée et une décharge. Les gens du train, « les normaux », ceux qui filent droit devant, bien accrochés au manège, remplis de bonnes intentions et d’idées toutes faites, viennent d’en descendre par imprudence. Leur objectif sera de retrouver leurs repères, de remonter dans le train. Mais parfois la roue tourne…

Le contraste entre les deux « familles » de personnages se dessine, la rugosité des forains se frotte à la fragile assurance des autres, ceux qui ne doutent pas. Visuellement, c’est l’univers des forains, le camp, provisoire, mais installé, qui occupe l’espace. Et puis, la voie ferrée que l’on devine en contrebas, un sol morcelé, le ciel ouvert évoquent le départ toujours imminent et pourtant sérieusement compromis…

L’atmosphère de l’histoire, son tempo se décline sur les arythmies, le ton grinçant de la fable. Et c’est une pure comédie dont il s’agit, même et surtout si l’incommunicabilité absolue entre les protagonistes évoque la tragique absurdité universelle de l’être humain. Des « affreux, sales et méchants », en frottement avec la «bonne conscience », c’est la couleur de ce spectacle.

Panchika Velez

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  • Rencontre avec Stephan Wojtowicz et Panchika Velez

- "Quelle est votre source d’inspiration ?"

Stephan Wojtowicz : -"Il y a deux sources. La première se trouve dans l’enfance. C’est la base. Je suis parti d’images anciennes qui m’ont marquées. Ici, l’image des forains qui s’installaient dans les villages. Pas ceux qui avaient de grosses structures, non, les petits manèges, du matériel souvent limite. Ils étaient forains l’été et ferrailleurs l’hiver. Ces gens qui, lorsqu’on était môme, nous attiraient. On se proposait souvent de les aider pour quelques jetons gratuits. Mais aussi, ils nous foutaient la trouille. On ne s’approchait pas des caravanes. Il y avait souvent des chiens peu avenants. C’était aussi des gens qui ne se parlaient pas mais se gueulaient dessus. Ça foutait la trouille, cette violence. J’avais envie de raconter cela, des gens en marge de la marge, au fond du fond et de les mettre en relation avec des gens dit “normaux”, toi, moi, nous… Ceux qui veulent dire auxautres ce qu’est le bonheur, mais cela ne peut pas marcher car le bonheur n’est pas formaté. La deuxième source c’est le désir de faire rire, mais avec en fond un sujet grave."

-"Et donc l’histoire ?"
-"S.W. : Celle de trois forains, deux mecs, une femme. Des gens pas comme les autres. En tant qu’artiste, on a tous été amenés à se sentir aussi des forains, à cause du regard des autres. Ce qui m’intéresse dans l’histoire, c’est cette rencontre entre trois êtres considérés comme “anormaux” et deux “normaux”. Évidemment,les normaux ne le sont pas tant que cela. L’un et l’autre sont descendus du train pour vivre l’aventure. Elle, elle adore au début, puis de moins en moins. C’est une pièce politiquement incorrecte. Le titre peut amener sur une fausse piste, genre la fête avec ses flonflons, mais ce n’est pas tout à fait cette situation attendue…"

-"Comment avez-vous abordé cette pièce ?"

Panchika Velez : -"C’est un véritable travail d’équipe. L’atmosphère était très importante. Avec Claude Plet, qui a conçu la scénographie, nous avons énormément travaillé sur l’espace. C’est un point fondamental. Il y a le contrebas, la caravane, la table… Et puis cela se passe le soir, et en nuit noire, ce qui fut un casse-tête pour le créateur lumière, Philippe Lacombe. Il y aussi l’importance des sons de Michel Winogradoff, bruits de nuit, le chien, les trains. Mais ce n’est pas que réaliste, il fallait donner la part onirique, laisser décoller l’espace. J’aime travailler vers le plus épuré, et en même temps, dans cette pièce, ça mange, ça boit, c’est très organique. Ce sont des gens qui vivent dehors mais qui sont aussi parqués, comme enfermés dans un espace ouvert. Leur roulotte est à l’arrêt. On a travaillé sur l’idée du hangar, avec des tôles, et d’un sol couvert de terre, ce qui donne l’idée du dedans-dehors. Et puis, il fallait tenir ce fil que l’écriture de Stephan induit entre le tragique et le comique, le noir et le lumineux. Comme chez Scola, par exemple dans Affreux, sales et méchants, il y a quelque chose d’énorme, de grotesque, mais aussi de très humain. Dans Les Forains, on peut s’identifier aux uns comme aux autres, car ils portent tous leur part de fragilité."

-"Comment faire entendre ce texte ?"

P.V. : - "C’est une écriture qui semble quotidienne, mais enréalité très écrite, avec un tempo allègre et des temps d’arrêt, des fausses répétitions. J’ai d’abord travaillé avec les comédiens à la table pour attraper les situations, les rythmiques. C’est la mise en éponge, on s’imprègne. J’ai énormément balisé le mouvement, ensuite, en préparation . C’est une pièce écrite par un acteur, ce qui implique des situations construites et que cela se joue tout de suite, car c’est organique. La distribution est très juste, avec des comédiens très créatifs. Il fallait tenir le cap entre la vérité des personnages et, ce qui n’est pas facile pour un comédien, leur non-écoute les uns des autres. Car c’est une fable sur l’incommunicabilité totale. Et ça, ce n’était pas évident."

-"Les acteurs ?"

P.V. : -"C’est une pièce chorale. J’adore ces acteurs…"
S.W. : -"Alors là permets-moi de te dire, c’est bateau comme phrase… Non, ce qui est bien, c’est que les acteurs qui jouent Les Forains connaissent ces personnages. Ils les ont rencontrés. Dès le début, ils savaient où ils mettaient les pieds. Lorsque je les ai vus jouer la première fois, j’ai pensé à l’émission TV, Strip-tease, tellement c’était authentique. Ma plus grande peur était que les spectateurs restent à la porte, or dès la 2e réplique, Nathalie Cerdà et Maxime Leroux les embarquent. Il faut de sacrés acteurs pour amener le public à les suivre."

-"Pardon Stephan, mais là, vous dites comme Panchika, vous adorez ces acteurs".

S. W. : -"Ben oui…"

Entretien réalisé par Marie-Céline Nivière pour Tatouvu.mag

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Sélection d’avis du public

Les forains Le 23 septembre 2007 à 14h37

Très beau spectacle. C'est fin et bien interprété. Plus que de nous faire vivre une histoire, cette pièce nous place face à une situation, celle de la rencontre fortuite de deux milieux sociaux complètement différents: D'une part, les forains, personnages rustres, sans éducation et vivant presque comme des indigents, de l'autre, une femme et un homme d'un milieu plus favorisé et auxquels le spectateur va bien évidemment s'identifier. C'est une pièce d'acteurs. Le psychologie des personnages est tellement bien définie que la performance des comédiens en vaut le détour. A ne pas rater!

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Les forains Le 23 septembre 2007 à 14h37

Très beau spectacle. C'est fin et bien interprété. Plus que de nous faire vivre une histoire, cette pièce nous place face à une situation, celle de la rencontre fortuite de deux milieux sociaux complètement différents: D'une part, les forains, personnages rustres, sans éducation et vivant presque comme des indigents, de l'autre, une femme et un homme d'un milieu plus favorisé et auxquels le spectateur va bien évidemment s'identifier. C'est une pièce d'acteurs. Le psychologie des personnages est tellement bien définie que la performance des comédiens en vaut le détour. A ne pas rater!

Informations pratiques

Théâtre 13 - Glacière

103A, bd Auguste Blanqui 75013 Paris

Accès handicapé (sous conditions) Bar Restaurant
  • Métro : Glacière à 186 m
  • Bus : Glacière - Auguste Blanqui à 121 m
  • Accès : par le mail au 103A, bvd Auguste Blanqui ou par la dalle piétonne face au 100, rue de la Glacière

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Plan d’accès

Théâtre 13 - Glacière
103A, bd Auguste Blanqui 75013 Paris
Spectacle terminé depuis le dimanche 14 octobre 2007

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