" Jattends le bus au comptoir, cest pareil que dans la rue " phrase entendue dans un café du 18ème en janvier 1996.
Non, les Brèves de Comptoir ne sont ni inventées, ni écrites. Elles sont le
résultat dun véritable travail dentomologiste queffectue Jean-Marie
Gourio depuis 1987 pour rassembler les dires inédits des gens de bistrots. Son grand
mérite est davoir mis à jour une langue très spécifique qui jaillit en toute
liberté au-dessus des comptoirs. Ces propos qui sortent de la bouche des habitués des
bistrots ne sont ni plus intelligents ni plus stupides que ceux des autres humains, mais
leur étrange façon de dire, de tourner une idée, de mettre en musique les mots, fait
basculer irrésistiblement le sens des choses et la raison du monde
Dune
certaine façon cela sappelle la poésie.
De ce langage de comptoir au théâtre il ny avait que la rue à traverser, nous
lavons franchie en 1994 en montant un premier spectacle au Théâtre Tristan
Bernard, qui rassemblait les années 1987 à 1994. Aujourdhui, avec " Les
Nouvelles Brèves de Comptoir " nous voulons témoigner de la période
1994-2000. Ce spectacle sera dailleurs le dernier autour des Brèves de Comptoir,
puisque Jean-Marie Gourio, après avoir rendu compte des treize dernières années du
siècle à travers les propos de bistrots, a décidé de mettre un terme à ce travail en
lan 2000.
Une petite brève avant de vous quitter : " Moi les trente cinq heures
ça ne me gêne pas, je pars toujours avant
", phrase entendue en
avril 1999 dans un café de Ménilmontant.
Santé !
Jean-Michel Ribes
Metteur en scène
Il est bien évident que jaime aller dans les cafés, tous les cafés, du vieux bougnat bien encastré dans sa ruelle étroite au grand bistrot clinquant, crâneur et tout en glaces. Du " Rendez-vous des amis " au " Marigny ", je les aime tous, et les gens qui sy bousculent et se font rire et sengueulent et se brûlent la santé en disant que ça fait du bien. Bien souvent, je les hais aussi, mais jamais, jamais ils ne me laissent indifférent. Il faut les écouter, ah ça oui ! Politique et bagnoles et Martiens et fraises des bois ! Alors voilà, jai écouté en buvant et jai bu en écoutant, à laffût au bout du comptoir. Tout est là, vous y êtes, un coude sur le zinc, un verre à la main et lattention ballottée comme un glaçon dans un verre danis aux premiers jours de lété. Des instants de vie, et même plus, des moments dapéro !
Santé !
Jean-Marie Gourio
Auteur
" A la campagne il ny a pas beaucoup dhomosexuels
faut
dire on a le bon air. "
Milliers de phrases jetées en lair au-dessus des comptoirs rattrapées au vol par
loreille sonar de Jean-Marie Gourio qui les rassemble dans ses livres depuis 1987,
construisant jour après jour lhistoire de cette fin de siècle vue par ceux qui ne
parlent pas à la télé. Il en reste.
Mettre en théâtre les Brèves de Comptoir cest dabord retrouver lhomme
qui a prononcé cette petite phrase, un peu comme on reconstitue le dinosaure à partir
dun morceau de sa mâchoire, puis il faut le placer à côté dun autre qui a
dit la même chose que lui ou le contraire, ensuite mettre un patron en face deux
qui ne les vire pas tout de suite de son bistrot, laisser arriver dautres clients,
les rassembler autour du comptoir en évitant de les coudre ensemble, les laisser libres
daller et venir, entrer et sortir deux-mêmes, dire le monde, le temps et le
chablis, sans jamais sécouter mais en se comprenant toujours.
Pour le reste faire comme Racine, appliquer la règle des trois unités avec
fermeté : unité de lieu : le bistrot, unité de temps : une année
entière avec hiver, printemps, été, automne et encore hiver, unité
daction : lever le coude. Vous ne vous étonnerez donc pas que les Brèves de
Comptoir sur scène soient du théâtre classique.
Jean-Michel RIBES
Metteur en scène
P.S : " Les Brèves de Comptoir " créées au Théâtre Tristan Bernard rassemblaient les années 87 à 94, " Les Nouvelles Brèves de Comptoir " rassemblent les années 1995 à 1999.
" Moi, je conduis un quarante tonnes, alors 2 grammes 5 dans le sang ça se voit pas "
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