Isabelle Daccord nous offre une pièce exubérante, chaleureuse et grave. Dans une sorte de « comédie du 3ème millénaire », elle nous parle de nos peurs existentielles, de nos doutes et de nos lâchetés, nous poussant à rejoindre nos rêves pour donner un sens à nos vies.
Chassé-croisé entre le monde de la raison, du rationnel, organisé et celui de l’irrationnel, de la pulsion, « les rats, les roses » est mouvement, tension, musique, couleur et rêverie. Avec une importance toute particulière donnée à l’espace, scindé en deux univers antagonistes : un mur et un jardin. Constante opposition encore renforcée par le décor du scénographe belge Jean Claude De Bemmels : un bloc carré, dur, surgissant d’un espace mouvant, vivant.
Invité d’emblée à rentrer dans l’imaginaire féerique de l’auteure, porté par la musicalité de sa langue et par la partition originale de Caroline Charrière, le spectateur retrouvera avec bonheur ses désirs d’enfant et peut-être, une clé pour les réaliser.
Ils sont deux filles et deux garçons. Deux plus deux égal quatre, perchés sur un mur. Si Soprano n’a qu »un rêve –fouler la terre- les trois autres la dissuadent de quitter le haut du mur. Il paraîtrait que des rats d’égouts (ah ! les rats, les rats !) rodent sous le sol et seraient prêts à croquer sauvagement le premier orteil de pied venu. La preuve : les roses au parterre meurent à petit feu…. Qui, sinon les rats, pourraient dévorer leurs racines ?
Le jardinier, dit le rat, a les pieds sur terre. Il soigne les roses. D’un œil distrait, il supervise le tintouin et les acrobaties, tant physiques que verbales, des quatre du mur qui se concentrent très fort pour ne pas tomber. L’un de ces quatre aura-t-il assez de courage pour quitter le mur et marcher sur le sol ? Oui et ce sera Soprano, celle qui chante le mieux.
Isabelle Daccord
Av. du Docteur Mazen 83500 La Seyne-sur-mer