L'aventure HYC
Les repas HYC
Les Chansons HYC
Les hommes penchés et le Laboratoire mobile
Le laboratoire mobile
La compagnie des Hommes penchés
Intéressé par la parole de certaines personnes, par une attitude qu'elles avaient par rapport à la vie, j'ai organisé des repas, étalés sur deux ans, avec des hommes politiques, un médecin, un musicien, un ouvrier, un architecte, un prof… Les participants variaient d'un repas à l'autre. Pendant ces repas, on parlait beaucoup d'actualité politique, mais aussi des petites transactions de tous les jours, d'actualité intime. Je n'ai pas retranscrit les conversations. J'ai réécouté l'intégralité des discussions et j'en ai fait… de la musique… du rythme, de la parole, de la cocasserie aussi. Dans cette pièce, il n'y a pas de personnages. Il y a sept voix. Reste leur corporalité à inventer.
Il s'agit d'une écriture dans l'aujourd'hui et dans la musicalité extraordinaire de la parole de l'homme ordinaire, sa construction, sa circulation, son vertige, son écœurement, ses coq-à-l'âne, etc. Et l'incidence du politique sur l'intime, la tenue de l'être dans l'espace - son espace immédiat, mais aussi les espaces de la mémoire - cette tenue chaotique visiblement imparfaite. Un théâtre documentaire dont je parle souvent concernant l'aventure HYC. Pas de discours, pas de délivrance, aucune “évolution dramatique" comme on dit : le champ du théâtre reste intact, à promouvoir ; le texte est repéré comme une matière d'expérimentations où le jeu de l'acteur est graphique, organique, phonique et bien évidemment collectif. Je travaille la langue directement dans la matière du chœur. Le mot "relief" semble conducteur du projet : du bas-relief aux reliefs du repas, jusqu'au relief du corps, la silhouette.
Christophe Huysman
Comment le Laboratoire mobile est une force vitale dans l’élaboration de mes spectacles : une démarche d’auteur, une action de compagnie, une volonté fédératrice.
La démarche peut paraître singulière, et dans le paysage actuel, c’est une démarche singulière car avant tout respectueuse ; respectueuse de chaque artiste (j’ai toujours considéré les recherches techniques comme artistiques, cela va de soi), respectueuse des expérimentations que chacun mène (théâtre, cirque, son, lumière, multimédia, etc.). C’est ici, comme je le dis souvent, affirmer notre position d’artiste et de recherche comme un réel exercice de liberté.
Première aventure : performance novembre 2002
Cette performance qui vient de s’achever au Garage Moderne à Bordeaux dans le cadre du festival Les Grandes Traversées a permis non seulement de rencontrer un public large (près de huit cent spectateurs ont traversé
Le Monde HYC) et ainsi, sur dix jours de travail non-stop, en compagnie d’artistes de différentes disciplines, d’épanouir ces échanges de manière concrète : en action. La consigne était pour chacun des artistes invités d’articuler deux cent trente-sept conversations du texte avec ses propres moyens techniques. C’est pour moi une grande réussite humaine, car au-delà de ce que j’en retiendrai comme traces dans le spectacle à venir, cette performance a permis l’envie de nouveaux spectacles liés à de nouvelles rencontres entre artistes. En cela, la mission de la compagnie est respectée.
Seconde aventure : une forme de spectacle destinée au théâtre (création automne 2003)
Marionnette des corps, mécanique de la langue. Cette écriture (Les Repas HYC ), sa mise en scène, en représentation est la suite de mon travail d’auteur et fédérateur de projets concernant directement le théâtre, ce qui fonde le théâtre : cette exigence du moment, de l’aujourd’hui dans la parole, sa construction ; la construction de la parole, sa circulation, son vertige, son écoeurement, sa cocasserie, ses coq-à-l’âne etc... Et l’incidence du politique sur l’intime, la tenue de l’être dans l’espace - son espace immédiat, mais aussi les espaces de la mémoire - cette tenue chaotique visiblement imparfaite. Et cela a toujours été ce vertige-là - aussi ténu et proche de notre existence soit-il - ce constat, ce réceptacle, ce théâtre documentaire dont je parle souvent concernant l’aventure HYC qui a mené mes travaux d’écriture ces derniers temps. Cette aventure des
Repas HYC est particulièrement représentative de cette “mise en état de travail”, cette continuité de la rotation des faits qui nous entourent, cet archivage régulier que nous menons hors des formats de captation standard, la transmission et l’échange permanents avec d’autres disciplines (danse, musique, multimédias, son, lumière) ; et c’est en cela qu’il y a avant tout projet d’auteur, car c’est le texte qui impose le sens même de la scène, la forme déployée et la réception des spectateurs, autre élément de réflexion permanent dans mon écriture.
Je me rapproche aujourd’hui des acteurs de théâtre pour ce projet. J’ai besoin d’eux. Je me rapproche de la structure de travail proposée avec Les hommes dégringolés où trente-sept corps bouleversés photographiaient la réalité carnassière d’un univers déboussolé. Dans Les repas HYC, la réalité tout aussi carnassière n’a pas le même son, l’univers y résonne “raidement” dans une compression de phrasé, le fil rapidement tissé de la conversation plein de “trous” et de “résurgences”, de “phrases définitives”, de rythmiques cocasses etc. Une pulsation de la parole qui fuse, la nôtre.
Christophe Huysman
texte et mise en scène de Christophe Huysman
auteur-interprète (fredon) : Christophe Huysman
compositeur-claviers : Olivier Rochemaure
enregistrements-arrangements : Thibault Hédoin
Les chansons HYC sont échappées d'improvisations entre Christophe Huysman, auteur-acteur-chanteur (ou "fredon" comme il se définit lui-même, celui qui fredonne) et Olivier Rochemaure, musicien. Elles sont rescapées de soirées et de nuits de travail, d'essais, de tentatives, de délires, temps enregistrés, tout d'abord de manière sommaire (un dictaphone, puis un mini-disc) puis ensuite retravaillées, mises en partition sur le tard.
Ce sont des chansons tendres, souvent à peine murmurées. Il y est beaucoup question d'amour, comme on parlerait de chansons d'amour dans le grand art de la Variété ou du Music-Hall. Et pourtant, rien à voir. Ici, nous sommes dans l'entre-deux, le pas vraiment classé ou classable, le genre protéiforme, peut-être l'invention d'un genre personnel, propre à l'art de Christophe Huysman. L'écoute et le regard s'en trouvent changés. Les spectateurs sont balancés entre le désir d'écouter attentivement et celui de danser. Toujours au bord de.
Frédéric Maragnani
Troupe de théâtre rassemblant à ce jour vingt-sept personnes avec huit formes de spectacles en diffusion, la Compagnie Les Hommes penchés créée en 1995 s’est constituée en “laboratoire mobile” de recherche et a engagé depuis l’année 2000 un programme de créations appelé Le Monde HYC. Cette oeuvre réellement transdisciplinaire ouvre à des formes scéniques très variées : pièce de théâtre, pièce de cirque, music-hall et chansons, installations vidéo, performances scéniques, et développe une esthétique du même ordre, mobile, ouverte à la confrontation et à la connivence des genres et des lieux qui nous accueillent.
Les Hommes penchés sont arc-boutés, bousculés et, dans la manière d’exercer leur art, ce sont des artistes déplacés du centre, ne pas penser avec un axe central, par exemple etc. C’est une attitude, une manière de procéder. Pas une manière révolutionnaire, non : notre manière de travailler tout simplement. On dit : nous n’avons pas les temps de travail habituels au théâtre, on se comporte autrement, et avec les lieux de production nous trouvons nos interstices de recherches, d’écriture, nos temps de répétitions.
Nous sommes vingt-sept artistes issus du théâtre, du cirque, de l’image, du son etc. Nous nous sommes mobilisés pour des performances exceptionnelles, comme pour le Festival d’Avignon 2002 ou au Garage moderne à Bordeaux cet hiver.
L’écriture est le point de départ de toutes nos expériences et des formes déployées pour mettre en mesure ce que nous pensons, vivons, traversons, ce qui nous bouleverse, nous amuse ; rendre compte des rencontres aussi, de ceux qui traversent nos parcours. Un projet de spectacle n’a pas de format “standard”, on oeuvre avec ce qu’on apprend, ce qu’on ne sait pas.
Cette notion est née d’une discusion avec Jacques André* et du souci de reconnnaissance de notre nomadisme d’équipe, de notre projet de saisissement des lieux. Nous avons tenu ensemble des moments de scènes très longs (entre trente et neuf heures), cela a tissé des exigences, des liens et des curiosités indéfectibles. Il est intéressant de noter que nous travaillons toujours en connivence avec les lieux qui nous produisent, nous reçoivent ; chaque spectacle prend une forme spécifique pour chaque endroit. C’est ainsi que nous avons défini les différents formats de nos représentations : de la “performance évolutive” cet homme s’appelle HYC à la “pièce de cirque” Espèces, de notre notion “music-hall et variétés” Chansons HYC à la pièce de théâtre Les repas HYC ; des formats toujours en gestation, ainsi “l’art de vivre” qui est une performance avec les spectacteurs, n’a pas encore trouvé son créneau de diffusion (entre “arts de la rue” et “arts scénographiques”). Je tiens beaucoup à conserver cette rigueur à ne pas tout définir, à ne pas toujours être dans le “fini” d’un travail. J’ai aussi une rigueur de plateau. Pas de décor, toute la technique sur le plateau, un groupe presque autonome. Penser souvent au mot “rudimentaire”, quelles que soient les techniques convoquées.
Transmettre et recevoir. Là aussi, c’est une manière de se comporter. à tous les niveaux de la compagnie, artistes, production/diffusion, comptabilité, technique, il est question de transmission et de formation. Transmission aussi dans nos échanges, ainsi avec le Jeune Théâtre National pour créer Les repas HYC au Théâtre de la Bastille, mais également à l’adresse du monde amateur avec la création de L’Oratorio dont une première expérience fut tentée avec les amateurs de Nanterre-Amandiers en 2001 et se poursuit en 2003 dans le village de Moulins*.
Christophe Huysman, auteur, acteur, metteur en scène. Jacques André, vidéaste, dramaturgie image. Thibault Hédoin, conception sonore. Laure Guazzoni, chargée de production. Gérard Fasoli, acrobate, scénographie cirque. Sylvain Decure, acrobate. Max Wolkowinski, développeur multimédia. Olivier Rochemaure, pianiste, compositeur. David Ferré, assistant mise en scène. Emmanuel Debuck, acrobate. William Valet, acrobate. Patrice Bésombes, lumière. Emma Juliard, régisseuse lumière. Laure Couturier, construction. Peggy Donck, diffusion cirque. Thibault Verdet, acteur. Laurent Massénat, graphiste, plasticien. Frédéric Maragnani, assistant mise en scène. Virgile Vaugelade, musicien. Joséphine de Meaux, actrice. Gaëlle Hausermann, actrice. Antoine Herniotte, acteur. Amélie Jalliet, actrice. Anne Saubost, actrice. Arthur Ribo, acteur. Anne-Laurence Vesperini, production et diffusion théâtre. Sophie Kinossian, régisseuse générale.
*Jacques André est vidéaste. Co-fondateur du Laboratoire mobile, il a également conçu la dramaturgie image de Les Hommes dégringolés de Christophe Huysman au Festival d’Avignon 2001.
*Atelier de recherche du 8 au 14 juin dans la salle communale de Moulins avec quinze actrices et acteurs amateurs et professionnels.
Un festival de mots qui fusent dans tous les sens, une partition impeccablement jouée par des comédiens parfaits, le spectacle est un régal pour tous les sens... Conversations légères ou graves, toute la parole s'inscrit dans un cadre désincarné d'où le figuratif est absent. On vogue au grée de ces évocations, de ces images, et on ressort empli de plein de vie et de plein de mots. La performance technique a elle seule vaut le détour : les conversations à plusieurs voix s'enchainent à un rythme soutenu, entrecoupés de gestes, d'interjecions et parfois de silence qui ajoute à la musicalité de l'ensemble. Exercice périlleux (car, si un comédien fourche, il entraine avec lui les autres) mais la mécanique est tellement bien huilée qu'on ne peut que prendre du plaisir à la voir fonctionner. En résumé, une des très bonnes surprises de cette rentrée...
Un festival de mots qui fusent dans tous les sens, une partition impeccablement jouée par des comédiens parfaits, le spectacle est un régal pour tous les sens... Conversations légères ou graves, toute la parole s'inscrit dans un cadre désincarné d'où le figuratif est absent. On vogue au grée de ces évocations, de ces images, et on ressort empli de plein de vie et de plein de mots. La performance technique a elle seule vaut le détour : les conversations à plusieurs voix s'enchainent à un rythme soutenu, entrecoupés de gestes, d'interjecions et parfois de silence qui ajoute à la musicalité de l'ensemble. Exercice périlleux (car, si un comédien fourche, il entraine avec lui les autres) mais la mécanique est tellement bien huilée qu'on ne peut que prendre du plaisir à la voir fonctionner. En résumé, une des très bonnes surprises de cette rentrée...
76, rue de la Roquette 75011 Paris