Elles sont deux sur les routes. Il a fallu quitter le bidonville. D’où viennent-elles ? On ne sait pas. D’ici ou là-bas. Peu importe. Fillettes grandies trop tôt, un reste d’enfance au coin des lèvres.
Favilla et Mammadera, Mammadera et Favilla.
Une amitié comme un talisman contre le malheur, contre la peur du monde qui les traque et les pousse à fuir vers un Sud illusoire où il ferait bon vivre. Elles sont deux sur les routes.
La mère de l’une est morte lui laissant comme seul héritage les fabuleux souliers rouges, ceux qui peuvent faire danser une nuit entière et courir et marcher sur les flots de l’océan, ceux qui rendent agile et rapide comme un oiseau. Personne ne peut nous rattraper. Le souvenir de la mère les escorte. On peut lui parler sans la voir. On peut danser avec elle et sécher ses larmes.
Reste leur rage de vivre, d’être libres et heureuses, par-delà les milices qui pourchassent les enfants des rues. Reste leur enfance, entière et pleine de rêve.
Mais jusqu’où l’imaginaire peut-il être un refuge ? Comment faire du merveilleux là où tout semble perdu ?
5, passage de Thionville 75019 Paris