Simone de Beauvoir affina durant sa vie, une perception de l’amour tenant de la théorie et du sentiment. Si elle concourut dès sa jeunesse à l’émancipation des femmes, elle ne se défit pas pour autant d’une sensibilité fleur bleue.
En 1947, l’événement marquant dans la vie de Beauvoir ne fut pas tant la découverte des Etats-Unis, où elle avait été invitée pour une série de conférences, que la rencontre avec Nelson Algren, écrivain originaire de Chicago. Leur coup de foudre, dès le premier regard, cristallisa entre eux le pittoresque d’une époque : le G.I qui s’amourache de la petite Française existentialiste. Au cœur d’une relation qui allait s’approfondir, le choix d’une autre vie possible, à 40 ans passés.
Au contact d’Algren, la passion agit sur Beauvoir comme une prise de conscience qui la confirme finalement dans ses choix identitaires. Et bien qu’elle aime Algren, Beauvoir ne peut accepter sa demande en mariage, car sa vie est à Paris, aux cotés de Sartre.
Simone de Beauvoir rend compte de cette passion dans un roman, « Les Mandarins », et dans ses lettres à Algren aussi, qui forment aujourd’hui la trame de « Liaison transatlantique. »
L’imbrication des lettres et du roman permet de lever le rideau sur le théâtre intime de Beauvoir ; de faire entendre sa voix dramatique qui exprime la passion, expose ses raisons et négocie le dilemme.
Mais la pièce réserve un coup de théâtre quand les deux amants se retrouvent à Paris, 10 ans plus tard, comme au tout premier jour.
Par-delà l’amour, cette rencontre fut sans doute pour elle l’expérience de sa vie.
Au moment même où elle s’attache passionnément à Algren, dans les trois premières années de leur histoire, Beauvoir analyse la construction de l’identité féminine et s’apprête à publier la bible du féminisme, « Le Deuxième Sexe. »
Simone de Beauvoir fut enterrée aux cotés de Sartre, en 1986, avec passée au doigt, comme elle l’avait souhaité, l’alliance que lui avait offerte Nelson Algren.
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