Une tragédie du langage
La presse
La pièce de Molnàr annonce le théâtre et la littérature d’aujourd’hui. Liliom est une tragédie du langage.
Dans une fête foraine, une jeune bonne à tout faire, Julie, tombe éperdument amoureuse d’un bonimenteur de foire, Liliom. Ils s’installent ensemble mais Liliom, désormais au chômage, se comporte de plus en plus violemment avec elle. Quand elle se retrouve enceinte, il songe à la vie qu’il pourrait donner à son futur enfant s’il était plus riche. Il se laisse entraîner à commettre un braquage qui tourne mal et il se suicide plutôt que d’être arrêté. Deux « détectives de Dieu » l’emmènent dans un tribunal céleste, où il est jugé pour avoir battu sa femme.
La violence est au cœur de la pièce de Molnàr. Le problème de tous les personnages c’est qu’ils n’arrivent pas à se parler, ils n’ont plus les mots et ceux qu’ils leur restent sont insuffisants, pauvres, vidés. Les blessures que les personnages s’infligent sont des blessures qui viennent du tréfonds du langage. La violence des corps et celle des mots ne sont bien souvent que les deux facettes d’une même catastrophe. Liliom tente sans relâche de hurler sa souffrance, mais les mots n’atteignent jamais l’autre au bon moment ; alors il frappe…
Mais si Liliom est, comme le Woyzeck de Büchner ou la Lulu de Wedekind, un cas clinique, un produit de la société moderne, il est plus que cela, plus que le monstre exposé de la baraque de foire ; il est une créature métaphysique. Son âme qui lui avait été volée, il ne l’a pas tout à fait perdue, il lui en reste des lambeaux, ça et là égarés. Ce sont ces fragments épars de l’âme perdue de l’homme moderne qu’il viendra offrir à sa fille sous forme d’étoile après son rachat.
Alexis Moati et Stratis Vouyoucas
Une pièce mythique, un film mythique… deux jeunes metteurs en scène, l’un venu du théâtre lié au Gyptis pour y avoir joué des rôles importants (Alexis), l’autre venu du cinéma où il réalise des films, mais lié au Gyptis pour y avoir été par deux fois assistant... Deux jeunes metteurs en scène qui n’ont peur de rien et dont nous partageons les risques avec émotion.
Le texte de Férenc Molnar, Liliom, dans la traduction nouvelle de Kristina Rady, Alexis Moati et Stratis Vouyoucas, sera publié par les éditions Théâtrales dans la collection Scènes étrangères.
« Il y a d’abord le dispositif, 120 spectateurs pas plus. Entre eux, un long espace vide avec juste un bout de voie ferrée et des lumières et des sons (bruits et musiques mêlés) qui sculptent l’espace...Il y a enfin la mise en scène de Stratis Vouyoucas et Alexis Moati qui évite tout le pittoresque ... pour se concentrer sur l’essentiel : la révolte sans issue de Liliom, les rapports humains sur lesquels pèsent les rapports sociaux, la tragédie des petites gens de la banlieue de Budapest avec leurs problèmes de survie ; en ce sens Molnar apparaît comme un précurseur de Bertolt Brecht. »J. Corot, La Provence
« A Marseille, à l’ombre des grandes structures puissantes, le Gyptis de Françoise Chatôt et Andonis Vouyoucas poursuit sa mission de répertoire et de création... Il vient de susciter et proposer une nouvelle version de Liliom ou la vie et la mort d’un vaurien du hongrois Ferenc Molnar, établie par Kristina Rady en collaboration avec les deux metteurs en scène du spectacle, Alexis Moati et Stratis Vouyoucas... En avant pour ce nouveau texte dans une structure bifrontale et nue, signée Claude Lemaire... Alexis Moati et Stratis Vouyoucas tiennent jusqu’au bout cette ligne austère, où les interprètes jouent avec les distances, jusqu’à une violence rapprochée avec laquelle Liliom et Julie expriment tout ce qu’ils avaient gardé en eux-mêmes. L’interprétation est très belle. »G. Costaz, l’Avant-Scène théâtre
« Au-delà de la vie... l’amour. Voilà un grand plaisir, un spectacle d’une grande qualité que nous font vivre Alexis Moati et Stratis Vouyoucas, une pièce fascinante et dramatique, jouée avec intelligence et finesse par des comédiens pénétrés du sujet et vraisemblablement convaincus de la justesse de la mise en scène... C’est remarquablement bien fait. L’intensité théâtrale absorbe nos sens pour nous porter, à travers mille réflexions, vers... une très belle histoire d’amour. » P. Gallaud, La Marseillaise
« Une pièce très belle parce que primitive, justement. Parce qu’au delà du bien et du mal, elle décrit, sans juger, le petit peuple des faubourgs, sa pègre, ses flics et ses voyous. Liliom enthousiasmant et tragique. » S. Charpentier, Ventilo
« Un vrai tour de force que ce dispositif qui assoit le public sur le plateau, côtés cour et jardin. Et force la promiscuité entre acteurs et spectateurs. Le nez collé à la descente aux enfers sans promesse de rédemption, de Liliom... Une réussite. » D.Huetz, L’Hebdo
« J’ai admiré la traduction du texte dans un langage, tout à fait contemporain, le travail tout de rigueur et de simplicité éloquentes des metteurs en scène et de la scénographe Claude Lemaire et puis l’interprétation très épurée elle-même, très directe et en même temps très fervente. » J. Bonnadier, Radio Dialogue
136, rue Loubon 13003 Marseille