Découvrez aussi la première partie de ce spectacle, New York 68.
Little Joe, c’est le surnom donné par Andy Warhol à Joe Dallesandro, lonesome cowboy doté d’un sex-appeal à faire courir et mourir à ses pieds le masculin, le féminin ou tout autre genre. Cette gueule d’ange est le pivot de la trilogie filmique de Paul Morrissey : Flesh, Trash et Heat, trois parcours sur le wild side chanté par Lou Reed, ceux du tapineur, du camé et du cachetonneur. En longs plans séquences – mises en situation aux dialogues improvisés – devenus des documents irremplaçables sur les États-Unis au temps de la guerre du Viêt Nam, Paul Morrissey dévoile le quotidien d’un microcosme entre strass et crasse, produit dérivé de la Factory warholienne. Tandis que Flesh et Trash (1968) sont focalisés sur les soubresauts du New York underground, Heat (1972) se transfère, quatre ans plus tard, vers une moite normalisation californienne.
La deuxième partie concerne Heat, qui se passe à Los Angeles. Joe en reste la figure centrale mais le film est construit différemment. Et surtout, comme une autre facette de l’Amérique, le milieu interlope underground des marginaux new yorkais laisse ici la place à de nouveaux laissés pour compte, ceux de l’industrie cinématographique hollywoodienne, qui vivotent entre talks shows, soaps et albums hypothétiques… Un nouveau Sunset Boulevard en quelque sorte, à la différence près qu’ici, plus personne ne parle de cinéma.
Dans son adaptation-hommage aux films de Paul Morrissey, Pierre Maillet a redistribué la course au sexe, à la drogue et au rôle à trois acteurs différents (Denis Lejeune, Matthieu Cruciani et Clément Sibony). Il a écouté la respiration intérieure des films et retenu leur double localisation pour recentrer la trilogie en diptyque, deux épisodes à voir ensemble ou séparément. Little Joe effectue ainsi un trip des petits matins new-yorkais aux crépuscules hollywoodiens, où les boulevards nissent en impasses sur le Pacifique, et les flambeurs dans les cendres d’une industrie médiatique digère-tout.
« Pierre Maillet, qui interprète lui-même l’épouse du héros de Trash, reconstitue ces scènes truculentes avec un plaisir évident. » Hugues Le Tanneur, Les Inrockuptibles
« Le metteur en scène suscite de bout en bout notre intérêt, nous fait rire, nous touche même, en laissant percer derrière ces histoires de rien les blessures d’une humanité fragile, déjà perdue. » Manuel Piolat Soleymat, La Terrasse, 26 février 2015
« Pierre Maillet s’est donc attaqué à un monument de l’histoire gay. Et il eu a l’intelligence de se détacher des images pour créer deux spectacles qui n’ont rien à voir avec les films et qui sont des critiques cyniques de la société américaines des années 70 à nos jours.(...) Pierre Maillet a gommé le côté expérimental des films pour en faire deux comédies douces amères réalistes. C’est moins trash, plus lissé, mais plus drôle et décalé. » Stéphane Capron, Sceneweb
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