L' histoire
Le spectacle
Le texte
Dans l'Amérique de 1'entre-deux guerres jusqu'aux années 80, un petit garçon et une petite fille, un jeune homme et une jeune fille, puis un homme et une femme correspondent.
Thomas, le conformiste, futur sénateur, bon fils, bon père... bon américain, et Alexa, la rebelle, fantasque et fragile, en quête éperdue de reconnaissance artistique
et affective.Ils échangent avec une sincérité et une confiance absolue ce qui fait leur vie : petits et grands événements, joies, drames, espoirs. Mais à travers ces confidences Tom et
Alexa ne font que raconter combien ils sont indispensables l'un à l'autre et combien il est difficile de trouver les mots pour se le dire.
Alors pourquoi s'écrivent-ils ? Parce que qu'ils ne se voient pas, ou presque, parce qu'ils se croisent, s'évitent, se ratent. Parce qu'ils sont peut-être faits pour ça, s'écrire et ne pas se voir "en vrai" ? De leur brève liaison d'amants tardifs, "en chair et en os" il ne restera que l'amertume du bonheur effleuré et refusé, et le regret d'avoir trop attendu.
Le public entre. Sur scène, derrière leurs pupitres, un homme, une femme attendent dans la pénombre. Sont-ce Tom et Alexa ?
Ce ne sont pour l'instant que deux lecteurs, deux témoins, qui pourraient être chacun de nous, et qui vont effeuiller pour nous cette correspondance. La lumière, très serrée vient les animer, chacun dans sa bulle lumineuse. De la forme "lue" voulue par l'auteur, ne subsiste bientôt qu'un dispositif scénique dépouillé et la matérialisation de la correspondance éparpillée au sol. Ponctué comme en écho par le duo d'un piano et d'un saxo, rechange de lettres devient rapidement dialogue, le lecteur devient acteur et
s'identiïïe insensiblement aux protagonistes.
Des espoirs d'enfant aux révoltes adolescentes, des projets de jeunesse aux désillusions de l'âge adulte, le spectateur les accompagne de réplique en réplique, drôle ou grave, dans ce voyage d'une vie au cœur de la complexité des sentiments, jusqu'à l'émotion finale et à la réponse : "c'était bien Tom et
Alexa... c'était peut-être moi, aussi... "
Lettres d'amour, correspondance amoureuse... Le genre est fréquemment porté sur scène, ou plus exactement "transporté" sur scène car il s'agit le plus souvent de l'adaptation théâtrale d'une réelle correspondance amoureuse, d'amants célèbres ou inconnus...
Ici, Gumey fait œuvre dramatique originale : par cet échange de lettres, tour à tour vif, drôle, amer, déchirant, tout en rupture et en retournements, il construit pour nous l'histoire à la fois d'un ratage et d'un amour exceptionnel. Pourtant, ni grandes déclarations, ni serments enflammés, ni déballage sentimental : le verbe est simple, direct. Avec une remarquable science des rythmes et de la progression dramatique, Gumey ne nous livre souvent qu'une phrase, un mot, échappés d'une lettre, l'essentiel du message en somme et l'essence de leurs sentiments, tandis que la succession des rendez-vous manques, jusqu'à l'insupportable, vient nous donner le vertige devant ce ratage annoncé : on voudrait qu'ils cessent d'écrire et qu'ils volent l'un vers l'autre. Mais non. Car c'est leur destin. Car c'est écrit... par Gurney lui-même.
Faut-il écrire pour vivre, vivre pour écrire ? Vivre au lieu d'écrire ? Au-delà de son rapport à l'écriture et à l'action, ce que Gumey interroge en chacun de nous c'est bien la capacité à écrire ou non son propre destin, et finalement à passer ou non à côté de la vie. La "vraie".
Alexa C'est toi qui m'as envoyé une carte qui disait : « Veux-tu être mon amoureuse ? »
Thomas Oui, c'est moi..../...
Thomas. Joyeux Noël et bonne année... est-ce que tu parles de sexe avec ton psychiatre ?
Alexa On parle de sexe tout le temps. C'est très cher, mais ça vaut le coup.
.../...
Alexa. J'aurais dû deviner que tu choisirais la marine. Encore une fois : seulement avec des garçons !
Thomas. Croisons en Méditerranée tout le mois de mars. Mouillons en baie de Naples le 3, 4 ou 5. Si tu venais agiter un mouchoir blanc sur le quai ?
Alexa. Désolée, j'ai rendez-vous avec ma mère à Paris en mars. Vous pourriez peut-être remonter la Seine ?
.../...
Thomas. Félicitations pour le bébé numéro deux.
Alexa. Numéro deux est la description la plus exacte que l'on puisse faire du bébé en question.
.../...
Thomas. Dis-moi quand tu comptes arriver. J'aimerais te présenter Jane.
Alexa. Jane?
Thomas. Je sors avec une fille épatante qui s'appelle jane. .../...
Thomas. Je serai à New York mardi prochain le 19. Je dois prononcer un discours à une vente de charité, je pourrais passer chez toi après.
Alexa. Je serai chez moi toute la soirée.
Thomas. Rosés rouges. Cette fois-ci je sais ce qu'elles veulent dire. .../...
Alexa. ... Je suis sous médicaments et la moitié du temps complètement incohérente. Je n'arrive même plus à peindre avec mes doigts. Mes filles refusent même de prendre le téléphone, maintenant. J'ai tout raté Thomas, tout. J'ai fait de ma vie un gâchis lamentable. Je n'ai plus envie de vivre. Ne
viens pas. .../...
Thomas. Je pense que peu d'hommes au monde ont eu la chance de connaître une telle amitié avec une telle femme. Mais c'était plus qu'une amitié. Je l'ai aimée le premier jour où je l'ai vue, quand elle est arrivée à l'école avec son affreux costume marin et qu'elle ressemblait à la petite sirène...
c'est une boulversante histoire d'amour, avec une montée en pression sensuelle.
c'est une boulversante histoire d'amour, avec une montée en pression sensuelle.
3, rue des Déchargeurs 75001 Paris