Dans cette pièce située en Uruguay, on vend les enfants comme on respire : pour survivre. Aucun jugement moral n’est donné. Les enfants comme les parents trouvent cette situation normale, le personnage principal va même jusqu’à se vendre lui-même et s’échanger contre un chat, car ses parents ne le trouvent pas assez beau pour le mettre sur le marché. Régulièrement, les parents rachètent leurs enfants pour faire une grande fête avant d’en revendre à nouveau quelques uns pour manger. Tous n’en sont pas moins persuadés de former un groupe uni.
Dans ce récit très drôle, très grinçant, les acteurs s’échangent les rôles, ils sont comme des gitans qui viennent montrer un ours, mais ici l’ours, c’est leur vie, leur famille. Et l’on chante souvent, pas seulement comme partout pour les anniversaires ou les mariages, mais pour fêter la vente d’un enfant ou le rachat des parents.
« On peut rire de tout, mais pas avec n’importe qui », disait Pierre Desproges, autre inspirateur de Michel Didym. C’est avec vous, avec nous qu’il se propose de rire aujourd’hui de cette sarcastique saga familiale.
« Il fut un temps où la famille, c’était tout. Il était impossible de survivre sans une famille. Aujourd’hui, elle est réduite au minimum. Mais demeure la nostalgie de la vie familiale. Cet espace intime où les générations - trois ou quatre -, depuis les parents jusqu’aux petits-enfants, font le commerce des sentiments sans aucun artifice. »
Carlos Liscano
Texte français de Françoise Thanas, Maison Antoine-Vitez. Texte édité à Théâtrales Jeunesse (1996).
Acteur un : Mon père, on l’a vendu quand il avait cinq ans.
Actrice : D’après ce qu’il racontait ce fut un hasard.
Acteur deux : Ma grand-mère pensait qu’avant l’arrivée de l’hiver elle devrait vendre un ou deux enfants,
mais elle n’avait encore rien décidé.
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