Tragédie japonaise en trois actes (1904)
L'opéra le plus sincère et plus expressif de Puccini
La création
Sans doute l’un des portraits de femme les plus beaux et les plus complets de l’histoire de l’opéra. L’un des plus terribles aussi, car il est le récit d’une humiliation et d’une tromperie qui mènent à la mort.
Depuis sa naissance dans les années 1890, le verismo s’était appuyé sur des livrets romanesques et excessifs, sur une théâtralité efficace et sans concession. Il s’était appuyé aussi sur la puissance de l’expression qui transforme le moindre mot en imprécation. Que l’on songe à Cavalleria rusticana aussi bien qu’à Tosca, l’ouvrage précédent de Puccini. Rien de tel dans Madame Butterfly : pas ou peu d’action, mais le lent poème de l’âme. Et des mots certes, mais presque accessoires, et soumis à une économie parfaite. A la passion dévorante exprimée dans chaque intonation de Santuzza ou des Manon Lescaut, Butterfly oppose ses silences et un chant déchirant, d’une pudeur surnaturelle.
Micaela Carosi, révélée à Paris dans Andrea Chénier, incarne cette jeune femme éperdue dans la mise en scène sensible et immaculée de Bob Wilson.
Musique de Giacomo Puccini (1858-1924)
Livret de Luigi Illica et Giuseppe Giacosa, d'après la pièce de David Belasco, adaptée d'une nouvelle de John Luther Long
Direction Musicale : Maurizio Benini
Mise en scène et décors : Robert Wilson
Costumes : Frida Parmeggiani
Lumières : Heinrich Brunke et Robert Wilson
Chorégraphie : Suzushi Hanayagi
Dramaturgie : Holm Keller
Chef du Choeur : Patrick Marie Aubert
Orchestre et Choeur de l’Opéra national de Paris
Le livret de Madame Butterfly est tirée d’une nouvelle de John Luther Long qui a elle-même donné naissance à une pièce de David Belasco, que Puccini vit à Londres, en anglais, en 1900. A travers l’histoire de la séduction, puis de l’abandon, d’une petite japonaise par un officier américain, il met en scène la confrontation de deux mondes : un premier - japonais -, ancré dans ses coutumes et ses traditions, et un second - américain -, conquérant et insouciant, symbole du nouveau monde. Dans une première version, en deux actes, qui n’eut aucun succès, le personnage de Pinkerton apparaissait comme vulgaire, grossier, égoïste, méprisant à l’égard des moeurs japonaises et surtout lâche. C’est lorsqu’il révisa l’opéra, le faisant passer de deux à trois actes, comme cela était prévu initialement, que Puccini transforma le personnage, l’humanisant, le rendant moins cynique et lui faisant éprouver des remords dans une ariette rajoutée au dernier moment.
Pour composer cette « tragédie japonaise », Puccini fit des recherches sur la musique traditionnelle et les timbres de voix des femmes nipponnes. L’oeuvre est centrée sur le personnage de Cio-Cio-San, dont l’air, « Un bel di, vedremo », est un des plus célèbres et des plus intenses du répertoire. De tous ses opéras, Madame Butterfly est celui que Puccini préférait, celui qu’il pouvait écouter sans se lasser et qu’il considérait comme son « plus sincère et plus expressif ».
La première version, en deux actes, a été créée le 17 février 1904 à la Scala de Milan. La seconde, en trois actes, le 28 mai de la même année au Teatro Grande de Brescia.
Après de nombreuses représentations à l’Opéra-Comique, Madame Butterfly a été représenté pour la première fois dans son intégralité au Palais Garnier le 23 juin 1978, dans une production de la Scala de Milan, mise en scène par Jorge Lavelli (décors et costumes de Max Bignens), sous la direction musicale de Georges Prêtre, avec Teresa Zylis-Gara (Cio-Cio-San), Jocelyne Taillon (Suzuki), Franco Tagliavini (Pinkerton) et Tom Krause (Sharpless).
En 1983, Massimo Bogianckino présentait, en alternance, les deux versions de l’oeuvre, sous la direction d’Alain Lombard (version en trois actes) et de Miguel Gomez-Martinez (version en deux actes), dans une mise en scène, des décors et des costumes de Pierluigi Samaritani, avec Raina Kabaivanska / Hélène Garetti (Cio-Cio-San), Christa Ludwig / Anna Ringart (Suzuki), Ernesto Veronelli / Maurizio Frusoni (Pinkerton), Giorgio Zancanaro / Alessandro Corbelli (Sharpless).
Madame Butterfly a fait son entrée à l’Opéra Bastille en novembre 1993, dans une mise enscène de Robert Wilson, sous la direction musicale de Myung-Whun Chung, avec Diana Soviero, Nicoletta Curiel, Johan Botha et William Stone dans les rôles principaux. C’est cette production qui est proposée de nouveau en 2010.
Place de la Bastille 75012 Paris
Réservation possible également au 01 40 13 84 65 pour les places non disponibles en ligne et/ou pour les choisir.
Accès en salle uniquement sur présentation du billet électronique que vous recevrez par email.