Vous êtes là, vous lisez, donc vous êtes venus. Vous êtes assis, peut-être debout, peut-être qu’il y a du bruit autour de vous, peut-être pas. Et en vous, c’est silencieux ou bien ça s’agite ? un tas de pensées, des réflexions sur ce que vous voyez, le ballet des autres spectateurs ou des souvenirs de votre journée.
Peut-être que dans votre tête, il y a aussi la pensée que vous aimeriez bien dire des choses à quelqu’un mais que ce n’est pas facile, car par où commencer et si l’autre ne veut pas entendre, ce sera vraiment difficile, et les paroles s’envolent alors à quoi bon ? Mais parler c’est quoi ? c’est parfois comme marcher, sauf quand on fait du surplace, car avec la parole on peut aussi parfois avancer, même si avant de se lancer, on sait rarement où vont nous mener les phrases.
Un homme se déverse, des bidons de paroles dégoulinent sur le plateau : les siennes, celles qu’il a apprises, celles qu’il a entendues, celles qui l’ont marquées, celles qui lui viennent dans l’instant, une parole ouvrant la porte à une autre, sa pensée se dévide en associations successives, sans censure, dans un mouvement d’auto-purgation.
Cet homme est un père et sa longue logorrhée est une réaction à une parole écrite, celle du journal intime de son fils. Une tentative de recréer le lien.
Si vous trouviez un journal intime sur la table de votre cuisine, vous auriez certainement très envie de l’ouvrir. Et si ce carnet appartenait à votre fils, pourriez-vous résister à la tentation de le lire ?
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