Le député Ventroux reproche à sa femme de se montrer trop souvent en tenue légère devant leur fils ou devant Joseph, leur domestique. Lorsque M. Hochepaix, adversaire politique de Ventroux, vient solliciter une faveur pour ses administrés, Clarisse apparaît encore dans la même tenue, provoquant à nouveau la fureur de son époux.
La jeune femme est piquée à la croupe par une guêpe. Persuadée que son cas est grave, elle prie son mari de bien vouloir sucer la plaie. Ce dernier s'y refuse. M. Hochepaix, sollicité à son tour, se dérobe également. On va donc faire appel à un médecin. Sur ces entrefaites, on annonce la visite de Romain de Jaival, journaliste au Figaro venu interviewer Ventroux. Celui-ci passe dans la pièce voisine afin d'y poursuivre son entretien avec M. Hochepaix et il demande au reporter de bien vouloir patienter quelques minutes. Survient alors Clarisse qui, prenant Jaival pour le médecin, lui fait examiner l'endroit douloureux et extirper l'aiguillon...
« Faites sauter le boîtier d'une montre et penchez-vous sur ses organes : roues dentelées, petits ressorts et propulseurs. C'est une pièce de Feydeau qu'on observe de la coulisse. Remettez le boîtier et retournez la montre : c'est une pièce de Feydeau vue de la salle - les heures passent, naturelles, rapides, exquises.»
Sacha Guitry
Feydeau disait à ses comédiens qu'il faut " être crédule, et même pousser la crédulité au maximum. Il faut croire à tout ce qui arrive. Sinon, rentrez chez vous, ce n’est pas la peine. " Avec les acteurs nous sommes partis de cette indication, n’être à aucun moment dans des effets, ne jamais juger le personnage interprété, ne jamais montrer que l’on est supérieur aux personnages, intellectuellement, ne surtout pas les prendre pour des idiots. Mais, au contraire, croire sincèrement à tout ce qu’ils disent, être en direct, ne rien anticiper, être en réaction permanente à ce que va dire ou faire la personne en face de vous.
Il faut aussi penser vite, car cette langue, véritable moteur chez Feydeau, est étourdissante, tout comme le sont les situations qu’il met en jeu, qui peuvent paraître absurdes, mais qui sont en réalité d’une logique implacable. Le monde qu’il décrit est un monde de confusion. Il faut donc être très scrupuleux avec ce théâtre, être au plus proche de ce qui est écrit, au plus proche de la musique de Feydeau, nous avons à faire à une véritable partition, il faut des acteurs musiciens pour jouer Feydeau.
« Comment veux-tu que je te comprenne !... Tu me parles à contre-jour. » Mais n’te promène donc pas toute nue ! est une histoire de store que Ventroux voudrait fermé et qui est ouvert, une histoire de chemise de nuit à travers laquelle les gens voient et que Ventroux voudrait opaque. Une histoire de peur, peur du scandale, peur du ridicule, peur des préjugés, peur d'être mis à l'index, peur de perdre son statut, sa place dans la société. Feydeau pose la question de ce que l'on veut cacher et ce que l'on veut dévoiler de soi et de ceux qui partagent votre vie.
16, rue Georgette Agutte 75018 Paris