Présentation
Un mot de Xavier Clément
Un mot du metteur en scène
La Compagnie Xavier Clément
Avec Astrid et Lucien Barat, Flambard, Amanda et un événement imprévu : la grève des trains à destination de Bruxelles.
Une salle d'attente dans une gare, en fin de soirée. Barat et Astrid sont assis dans un coin.
Flambard entre, furieux. Cette grève, c'est la catastrophe. La catastrophe dans toute son horreur. Demain, à 9 heures, très précisément, il doit être au Palais de Justice. Son divorce. Après, c'est fini. Il sera enfin divorcé ! Sinon, il devra tout recommencer et Madame Flambard risque de rester Madame Flambard. Alors là !
Barat, lui, est confiant. Envers et contre tout, il reste optimiste. Il y a des jours moins favorables, le tout est de garder le cap ! Le prochain train pour Bruxelles est à 6h12. Demain matin, ils prendront l'avion à Zaventem et demain soir, un ciel tout bleu ! Le Paradis ! Malaga, ils y seront !
Astrid n'est pas du tout de cet avis. Cet avion, c'est sûr, ils vont le rater. D'ailleurs, maintenant, tout lui est égal. Royalement égal ! De toute façon, son vrai nom, c'est Anna. Mais Lucien n'aime pas l'appeler Anna. Parce que Anna, c'est aussi le nom de sa mère, à lui Lucien, alors il l'appelle Astrid. Mais pourquoi n'est-ce pas sa mère, après tout, qu'il appelle Astrid ?
Amanda, seule, toujours seule, tournait en rond dans sa chambre. Le soir, ici, il n'y a pas grand chose à faire. Alors, quand elle a vu Flambard, les jambes à son cou, courir vers la gare, elle est venue là, pour s'amuser. Comme elle le dit toujours, là où il y a de la société, il y a du rire. Pourtant, sa soeur lui disait toujours qu'elle avait tort de s'exhiber comme un produit en solde. Pour ce que ça lui a valu à sa soeur de lui répéter ça ! Au jour d'aujourd'hui, c'est elle qui s'exhibe. Elle fait le clin d'oeil aux clients derrière une vitrine. A Seraing.
Quatre singuliers personnages, comme assoiffés par ce temps qui leur est, malgré eux offert, vont libérer leurs confidences, leurs revendications, leur folie, avec avidité, gourmandise, impudeur. Sans contraintes, apparemment, puisque demain, ils reprendront la route. Là où ils s'étaient arrêtés ? Comme prévu ? Pas sûr ...
"Parisien depuis 30 ans mais belge depuis 50 ans, ma curiosité, comme au sortir d’un long sommeil, m’a entraîné avec délice dans le foisonnement des auteurs dramatiques belges d’aujourd’hui.
Le belge parle français mais à sa façon. Il pense en français mais à la manière belge.
On moque volontiers son complexe d’identité et, lorsqu’on le caricature, on parle de sa lourdeur, de son excès de crédulité. Lorsqu’on le démythifie, on apprécie souvent sa force volitive, sa générosité, son hédonisme tranquille, sa naïveté, sa truculence, sa poésie. Sa belgitude.
Malaga est pensé et construit sur un “mode” belge.
Des phrases au milieu desquelles, parfois, un mot semble avoir été déplacé - et il peut l’être effectivement - non pour en modifier le sens mais pour en faire mieux jaillir son exacte substance.
Cette musicalité est bien la caractéristique d’une parole qui se module différemment, l’expression d’un sentiment qui ne se rythme tout simplement pas de la même façon.
Sorti de sa confidentialité depuis une dizaine d’années, le cinéma belge est le témoin de cette identité singulière : mélange de surréalisme et de vie quotidienne. Malaga contient cette folie de l’ordinaire.
La pièce de Paul Emond nécessite une minutieuse direction d’acteur. Le parcours de Jean-Paul Denizon, compagnon du Conservatoire, compagnon de route de Peter Brook pendant plus de 10 ans l’a désigné tout naturellement, à mes yeux, comme l’élément indispensable de cette nouvelle aventure."
Xavier Clément
"Quel meilleur endroit, pour attendre, qu’une salle d’attente ? Dans une gare.
Surtout quand il y a grève.
Attente de quoi ? Du train qui nous emmènera vers notre destination attendue ? Du banal, du quotidien, de l’ennui ? Ou attente de l’inattendu ?
La grève, c’est l’arrêt du destin, sa remise en cause, l’ouverture sur l'inconnu, l’expression de la revendication. Et nous revendiquons toujours quelque chose des autres, ou plutôt nous aimerions, mais souvent le temps nous manque.
Alors, quoi de mieux qu’un arrêt du temps ?
Les univers mentaux peuvent ainsi s’ouvrir, s’exprimer, s’affronter, se rencontrer dans un lieu sans habitudes, sans liens, sans intérêt.
Le décor devra reproduire ce vide momentané des âmes : rien où l’on puisse se reposer pour permettre l’affrontement des points de vue, la dissolution et la reconstruction des relations, l’affirmation des désirs, l’accomplissement des fantasmes.
Tout au plus, un sol recouvert d’un carrelage froid, un banc. Il faut aller à l’essentiel, dans le sens inhérent à la pièce.
Malaga parle des liens que les hommes tissent entre eux, de la prison que cela crée parfois, de la difficulté de s’en défaire."
Jean-Paul Denizon
La compagnie est créée en 1986 et reçoit depuis le soutien du Conseil Général du Val de Marne. Chacune de ses créations est l'occasion de nouvelles rencontres avec des comédiens et des metteurs en scène comme Alain Knapp, Yamina Hachemi, Alain Courivaud... autour d'auteurs contemporains comme Michel Vinaver (“La Demande d’Emploi”/Théâtre de la Tempête), Slawomir Mrozek (“Les Émigrés”/ l’Espace Comédia), Claude Ber (“L'Auteur du Texte”/ Centre des Bords de Marne), Gérard Darier (“Le Secret des Vieux”/ Café de la Danse)...
16, rue Charles Pathé 94300 Vincennes