Un salon de coiffure comme on en fait plus. Une pièce de musée où croupit un phallocrate bon cru. Venu d'on ne sait où, surgit l'étranger. Un client ?
Non, le frère du coiffeur, de passage au village natal après dix ans d'absence.
La surprise passée, s'affrontent alors deux histoires opposées, toutes deux nées du même creuset : la famille. D'un côté l'héritier aveugle de la France silencieuse en butte aux singularités du marginal, de l'autre celui qui est monté à Paris, le suspect.
L'arrivée éclair du frère prodigue ravive les incidents de parcours : gosse, il tricotait, avait des barrettes dans les cheveux, aujourd'hui il porte un foulard de pédé, fume des cigarettes de gonzesse...
Bref il est anormal.
Au-delà du propos caricatural qui provoque rires et sourires grinçants, l'essentiel de la "Matiouette" (c'est le surnom de l'épouse du coiffeur) se trouve dans le non-exprimé, dans le non-dit que suggère sans jamais le nommer, le discours phallo, raciste. L'anormal est-il homosexuel, fou, drogué ?
Qu'importe ! Il dérange.
Son salut n'a tenu qu'à son départ forcé et c'est parce qu'il n'était pas comme les autres qu'il a quitté le pays. Le coiffeur, dans les normes, est resté, sans une lueur de révolte, dans le système sécrétant son propre enfermement…
30 rue Keller 75011 Paris