Mein Kampf (Farce)

Clamart (92)
du 6 au 7 décembre 2002

Mein Kampf (Farce)

Vienne, début du siècle, un certain Adolf Hitler, étudiant en peinture sans le sou, débarque de sa province natale pour trouver refuge dans un sordide asile de nuit. Il est accueilli par le Juif Shlomo Herzl. Le vieil homme, naïf et rêveur, se fait un devoir de prendre sous son aile protectrice le peintre en herbe, lequel se révèle très vite une personnalité exécrable de névropathe hâbleur et grossier.

Présentation
Propos de George Tabori
Un mot sur Agathe Alexis
La critique

Vienne, début du siècle, un certain Adolf Hitler, étudiant en peinture sans le sou, débarque de sa province natale pour trouver refuge dans un sordide asile de nuit. Il est accueilli par le Juif Shlomo Herzl. Le vieil homme, naïf et rêveur, se fait un devoir de prendre sous son aile protectrice le peintre en herbe, lequel se révèle très vite une personnalité exécrable de névropathe hâbleur et grossier.

La pièce, basée sur des faits avérés, est un texte dévastateur et sarcastique. On est proche du burlesque de Woody Allen ou de Chaplin avec son Dictateur. C’est sur le mode de la parabole à la fois hilarante et glaçante et avec son humour noir habituel que Tabori nous invite à se confronter à la figure du monstre en gestation. Juif, touché de près par ce sujet, il a choisi la farce pour en parler. Cela n’en est que plus touchant. Agathe Alexis avoue sa fascination pour son humour scandaleux et rédempteur. Elle crée Mein Kampf (farce), passionnée et animée du désir de donner à entendre le rire des vaincus. Un rire qui permet aux victimes de ne plus l’être vraiment.

« Le rire n’a rien de frivole, il est aussi existentiellement libérateur que les larmes. » G. Tabori

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Dit de manière très radicale, je pense qu’on ne peut pas venir à bout d’Hitler que si on reconnaît ses traits en soi-même.

On doit comprendre le « problème Hitler » chacun en soi-même. Dans Mein Kampf (farce), nous avons délibérément montré peu de choses de cet Hitler que nous connaissons par les films ou par ses caricatures. Nous avons intégré dans ce spectacle quelques citations du Mein Kampf d’Hitler – celles qui nous ont semblé les plus effrayantes ou les plus absurdes – mais nous sommes d’une part contre toute mythologie de Hitler, et d’autre part, nous ne sommes pas des historiens. C’est bien « mon » combat que nous jouons là et non pas « le » combat.

Le théâtre…
Le théâtre cesse d’être de l’art quand il n’est pas vrai. L’artificialité, fût-elle divertissante ou décorative, est réactionnaire. Elle réduit la vie avec toute sa complexité à une parodie. Seul le sérieux peut-être beau, disait Tchekov, et c’est la source de son humour.
Le théâtre doit être une forme de communion. Il ne doit pas satisfaire le public. Le théâtre doit être dangereux. Mais, ce qui se passe, c’est que le théâtre devient de plus en plus inoffensif et les médias font que les gens ont de plus en plus de difficultés à écouter. Et le théâtre a besoin de l’art d’écouter. Quand le théâtre n’est pas inoffensif, il va à l’encontre de l’abrutissement général.

Au fond de toute plaisanterie, il y a une catastrophe.
Le rire n’a absolument rien de frivole, il est aussi existentiellement libérateur que les larmes. C’est l’expression d’une réaction physique très profonde. Lorsqu’on traite d’une catastrophe avec humour, je trouve, primo que c’est légitime, secundo, comme disait Luther, je ne peux pas faire autrement.
Il y a toujours un moment où l’humour cesse dans mes pièces. Je crois que lorsqu’une plaisanterie ou la comédie ne possèdent pas un contenu extrêmement sérieux, ça ne fonctionne pas.
La plaisanterie pour moi est comme une bouée de sauvetage et non pas une fuite devant la réalité. Tout humour est noir. Toutes mes blagues préférées ont quelque chose d’effrayant.

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Virulente, réjouissante, carnassière, amoureuse de littérature sulfureuse… Les qualificatifs attribués à Agathe Alexis dessinent le portrait d’une femme de théâtre singulière, férue de textes rares. Elle est actuellement actrice, metteur en scène et co-directrice de la Comédie de Béthune, Centre Dramatique National depuis 1992.

Cela fait 15 ans que je lis et relis les textes de George Tabori et la fascination que j’éprouve face à son œuvre ne fait que croître avec le temps. Sa poésie insidieuse et provocante, à la fois cynique et généreuse, sa quête de lumière et d’humanité au cœur de l’ombre la plus épaisse et la plus sordide, la vivacité de son écriture dramatique… et son rire, oui, surtout son rire formidable et stimulant.

Mein Kampf (farce) est une des plus grandes tragi-comédies du vingtième siècle. Ce texte réunit en effet tous les ingrédients propres à susciter la magie d’un théâtre qui prend la réalité à bras le corps et secoue – émotionnellement et intellectuellement – le spectateur en l’entraînant sur des chemins à la fois scabreux et lumineux, sans pour autant le désenchanter, c’est à dire sans le faire renoncer à sa propre humanité.

Adorno disait qu’après Auschwitz, on ne pouvait plus écrire de poésie. L’œuvre de Tabori démontre le contraire. Et qui plus est, ce n’est pas par les larmes, mais par le rire et le scandale qu’il mène son combat poétique. Ce rire scandaleux qui résonne dans Mein Kampf (farce), c’est celui des vaincus, un rire carnavalesque d’une puissance infinie, un rire arraché à l’horreur. Sous chaque plaisanterie, se cache l’holocauste. Et c’est précisément la force glaçante de ce rire qui empêche l’apitoiement complaisant sur les victimes ou, pire, sur soi-même, qui interdit de se recroqueviller à bon compte en position de victime. C’est le grand rire des désespérés, un rire qui insuffle de la vie au cœur même du désastre.

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«Mein Kampf (farce) est une grande œuvre, de bout en bout inquiétante. Sa fantaisie l’autorise à pointer l’horreur sous des angles peu convenables. Quand tout entraîne vers le fond, le rire est une manière de venir respirer à la surface, en se débattant.» Le Monde

« Agathe Alexis a parfaitement senti du dedans la portée tragi-comique de Mein Kampf et ses racines multiples. Elle a orchestré avec une grande intelligence sensible cette partition grinçante qui ne refuse jamais la provocation et dans laquelle la souffrance s’offre l’élégance de l’humour » J.P. Leonardini, l’Humanité

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22, rue Paul Vaillant-Couturier 92140 Clamart
Spectacle terminé depuis le samedi 7 décembre 2002

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