Un texte coup de poing de l’auteure afro-caribéenne Véronique Kanor, l’interprétation magistrale du comédien guyannais Serge Abatucci. Un spectacle fort, dérangeant.
Paul, Antillais, a accepté d’incarner Kadhafi au théâtre. Le rôle lui a été proposé à cause de sa ressemblance physique avec le leader anti-impérialiste.
Comédien sans grands succès, homme bridé mais révolté sur une terre qui, malgré son rattachement au grand ensemble français, présente encore toutes les caractéristiques d’une colonie, Paul voit dans ce rôle la possibilité de prendre une revanche sur son destin.
Dans son vide intérieur tapissé d’images de Kadhafi-le-sauveur, résonnent des colères ancestrales. Mais, au fil des répétitions, Paul finit par s’identifier à son personnage jusqu’à se perdre lui-même.
En suivant la transformation progressive de Paul en Kadhafi, la pièce explore ce rapport trouble des sociétés post-coloniales et dominées, aux grands leaders charismatiques. Moi, Kadhafi explore les liens intimes, voire incestueux, entre ex-colonisés et anciennes tutelles coloniales, entre Tiersmonde et impérialisme, la pièce interroge : face au sentiment de frustration, pourquoi la figure d’un Kadhafi apparaît-elle comme un fantasme de reconquête de soi et de son pays ? Quelles impuissances des peuples dominés, paradoxalement, la puissance de Kadhafi met-elle en lumière ? Comment comprendre qu’il soit un tyran assoiffé de sang aux yeux de l’Occident, mais un libérateur visionnaire pour les peuples du Sud ?
« Moi, Kadhafi explore avec justesse l’ambivalence de l’ingérence occidentale sur les sociétés antillaises et africaines. Un texte fort et nécessaire. » Louise Chevillard – La Terrasse
« Tranchant, poétique, hétérodoxe, le texte de Véronique Kanor, sans jamais sombrer dans la complaisance pour le dictateur assassiné, assume un regard non occidental qui fait résonner des colères ancestrales. (…) Le talentueux Serge Abatucci luimême est intimement traversé par cette histoire : il en arpente toutes les émotions. » Rosa Moussaoui – L’Humanité
« A mesure que ce tourment enfle, la performance de Serge Abatucci devient plus physique, plus rageuse. Le spectateur retient son souffle, hypnotisé par cette danse macabre qui est aussi la nôtre » Alexis Campion – Le Journal du Dimanche
Cette pièce engagée et très bien écrite (fort bien jouée aussi, au demeurant) démonte la façon dont l'Occident instrumentalise la démocratie et autres valeurs universelles pour assoir sa main mise sur le Tiers-Monde. Cette pièce n'est en rien complaisante avec Khadafi (d'ailleurs, il est plus question de la Caraïbe et de l'Afrique en général que de la Libye). Elle affirme que le Tiers-Monde doit trouver sa propre voie, loin des colonisateurs, sans toutefois définir comment cette voie peut être trouvée, ni dire si la démocratie est une valeur purement occidentale ou bien une valeur universelle pervertie par l'Occident.
Texte intense et subtil pour un comédien habité par son rôle.
Pour 2 Notes
Cette pièce engagée et très bien écrite (fort bien jouée aussi, au demeurant) démonte la façon dont l'Occident instrumentalise la démocratie et autres valeurs universelles pour assoir sa main mise sur le Tiers-Monde. Cette pièce n'est en rien complaisante avec Khadafi (d'ailleurs, il est plus question de la Caraïbe et de l'Afrique en général que de la Libye). Elle affirme que le Tiers-Monde doit trouver sa propre voie, loin des colonisateurs, sans toutefois définir comment cette voie peut être trouvée, ni dire si la démocratie est une valeur purement occidentale ou bien une valeur universelle pervertie par l'Occident.
Texte intense et subtil pour un comédien habité par son rôle.
35, rue Léon 75018 Paris