Morceau

Une œuvre en perpétuelle reconsidération
Un abandon momentané du sens
La Compagnie 391

• Un abandon momentané du sens

Partition instable se reconfigurant à chaque nouvelle série de présentations publiques, Morceau est conçu et interprété par des artistes réunis à l’initiative de Loïc Touzé. Ils mettent en jeu au travers de ce projet des matériaux délibérément hétérogènes annonçant d’emblée un désintérêt pour la cohérence apparente d’un récit. Ce qui les mobilise réside dans la constitution d’un « en commun » élaboré à partir de leur interrogation sur la notion de composition.

Comment notre regard, notre champ d’action est délimité par nos a priori esthétiques ? Comment considérer le regard et la présence du spectateur sachant que celui-ci, s’emparant de ce qu’il voit, altère le sens de ce qui se produit ?

Le dispositif scénique est dénué de tout effet spectaculaire, de courtes actions burlesques se succèdent dans un rythme décontracté à la Jacques Tati. Le flottement du rythme est le signe d’un abandon momentané du sens, laissant à chacun le soin de recomposer ce qui immanquablement échappe.

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• Une œuvre en perpétuelle reconsidération

Soient : 1 - Quatre protagonistes qui enchaînent avec une nonchalante et insolente simplicité de courtes actions performatives rappelant tout autant l’esthétique des sketches de cabarets que des one-minute-scenarios de Robert Filliou.

2 - Un plateau, espace frontal dépouillé de toute complexité dans sa composition, annonçant une volonté de s’inscrire hors du spectaculaire tout en s’accordant au lieu qui l’accueille.

3 - Un public, aussi proche que possible de la scène, régulièrement pris à partie par les acteurs dans un jeu de connivence frôlant parfois l’indécence.

Morceau est une partition évolutive, une œuvre en perpétuelle reconsidération, produite d’expériences dont aucun ne maîtrise la mise en commun. Les saynètes se suivent sans jamais se ressembler, ignorant toute trame narrative ou autre tentative de dramaturgie. Les acteurs se relaient et se rejoignent empruntant coup sur coup différentes directions, comme autant d’entrées possibles d’une pièce en constante gestation.

À chaque présentation, la création ne pouvant s’extraire de son contexte et réfutant le principe de répétition susceptible d’amoindrir l’énergie de l’expérimentation, les entrées sont renouvelées, les questions réactivées, la forme recomposée. Au moyen d’une prolifération de signes, d’images, de paroles et de fictions agencés selon un système de mobilité et d’équivalence, les artistes questionnent en actes les codes traditionnels de la représentation et les implicites de la composition.

Maud Desseignes

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• La Compagnie 391

En 1992, Loïc Touzé fonde avec Fabienne Compet la Compagnie 391.

Une résidence de trois ans à la Ferme du Buisson-Marne-la-Vallée permet de réaliser Si nous marchons calmement... (1996) en collaboration avec Kasper Toeplitz, puis Souvent dans la forêt... (1997), Un bloc (1997) et S’il y a lieu (1999) en collaboration avec le plasticien Francisco Ruiz de Infante.

En 1999, la Compagnie 391 s’installe en Bretagne. L’année suivante, Loïc Touzé réalise avec Larys Frogier, directeur du centre d’art contemporain La Criée à Rennes, la manifestation Déplacer, pièces, danses et performances.

En 2001, Morceau, proposition chorégraphique de Loïc Touzé, conçue et réalisée par Yves-Noël Genod, Latifa Laâbissi, Jennifer Lacey et Loïc Touzé voit le jour.

Puis en 2003, Love est créé en coproduction avec le Théâtre national de Bretagne. Cette même année, Latifa Laâbissi, qui collabore depuis de nombreuses années avec Loïc Touzé, le rejoint à la direction artistique de la Compagnie 391.

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