Les cent ans de Nelson Rodrigues m’ont amené à remuer le passé récent. Textes, mises-en-scènes, films, histoires, anecdotes… tant de choses, des idées, me plongent dans ce Brésil que j’ai quitté, sans jamais l’avoir laissé.
Quand la volonté de travailler, sur celui qui est le monstre sacré du théâtre brésilien moderne, a pris le pas sur les autres projets, que je mène actuellement avec ma compagnie, plusieurs hypothèses se sont construites.
J’ai rapidement abandonné l’idée de mettre-en-scène un de ses textes dramatiques, même si une pièce comme Dorotéia, par la justesse de sa thématique, le conflit entre liberté et cynisme nauséabond, vis-à-vis de la situation des femmes - et donc des hommes - aurait toute sa place dans la trajectoire de ma compagnie.
La relecture de pièces, la recherche de matière dramaturgique ou d’essais traduits, le visionnage de films issus de son oeuvre… des réflexions et des multiples discussions avec mon équipe, notamment, avec Isabel Ribeiro et Toninho do Carmo, compagnons fidèles de bien bonnes aventures théâtrales, m’ont conduit à choisir la construction d’un spectacle… un récital. Nelson Rodrigues et ses plus grandes passions : Rio de Janeiro et le football. Quelques années d’un Nelson, déjà mûr et meurtri, mais finalement reconnu, dans sa ville d’adoption, Rio.
Rio, qui petit à petit, perdait le titre de capitale du Brésil pour ne garder que celui, ô combien plus approprié, de « Cidade Maravilhosa ». Rio, qui rime avec musique et coup d’état, avec nonchalance et violence… Rio désabusée mais où on acceptait encore les crimes d’honneur. Rio de Nelson ou Nelson de Rio ? La profonde connaissance de la musique brésilienne de Dominique Dreyfus nous a permis d’enrôler une nouvelle partenaire dans ce voyage. Ce voyage vers notre passé commun. Ce passé qui construit l’aujourd’hui.
Octobre 2012, Rui Frati
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