C’est l’histoire ordinaire d’Ivan, un type qui ne voudrait pas être ordinaire. Un type à qui l’on aurait trop dit qu’à trente ans, il faut déjà penser à rajeunir. Un type qui mettrait du temps à voir que contre la peur très conventionnelle de vieillir, le bonheur d’être père est la meilleure des cures de jouvence.
Autour d’Ivan, d’authentiques névrosés qui s’ignorent, dans tous les sens du terme, et dont il arriverait presque à jalouser l’originalité. Pourtant, sans même s’en rendre compte, Ivan est leur bouée de secours contre la solitude.
"La névrose? Une forme d’existence pathologique qui ressemble à l’existence normale." Henri Ey, psychanalyste français (1900 - 1977)
Ivan a trente ans, il « attend » son tout premier enfant ; une grossesse douloureuse qui le conduit jusque chez un psychanalyste. Celui-ci se désespère de voir un jour un véritable névrosé franchir la porte de son cabinet : Ivan sera celui-là, se réjouit-il.
Le ballet incessant de la fille du docteur, les délires artistiques des amours d'Ivan et les interventions d’un passé mal enfoui empêchent pourtant le bon déroulement de l’analyse. Ou peut-être que d’analyse il n’était nul besoin ?
Heureusement, les sages-femmes veillent au grain. L’accouchement est le plus beau moment de la vie et, accessoirement, c’est leur gagne-pain : pas question de laisser une prétendue névrose gâcher une naissance, surtout qu’une naissance, c’est de l’argent ! Il faut à tout prix qu’Ivan sorte de ce cabinet.
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Psy : Malade, malade…On est tous un peu malades. Non, elle a… (murmure pour ne pas être entendu par Corinne) attrapé la solitude.
Ivan : Pardon ?
Psy : Elle est seule. A vingt-cinq ans, c’est un peu précoce quand même.
Ivan : Oui…
Psy : Elle n’a pas eu de chance. Ca lui est tombé dessus là, comme ça. Le regard des gens sur la solitude est très ingrat. Je la fais travailler pour
l’endurcir un peu, mais la maladie reprend vite le dessus. C’est moche de vieillir seul, vraiment. Vous avez des enfants ?
Ivan : Ca ne saurait tarder. C’est bien là le problème.
Psy : (déçu) : Ah bon ? Malheureusement, j’ai peur qu’il ne soit trop tard. Si le bébé est déjà en route, c’est que le mal est fait. Le ver est dans le fruit. Un café ?
Ivan : Pardon ?
Psy : Une bière ? Une vodka ? Corinne, deux vodkas !
Corinne : Oui Papa.
Psy : Corinne ! Docteur. Tu dis Docteur. (à Ivan) Ma fille…Désolé. Alors, que se passe-t-il ? ».
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Paternité, ou encore une énième variation sur le thème de la difficulté des rapports humains. Le texte est riche et ses interprétations multiples. Ma mise en scène n’a pas pour ambition d’imposer un point de vue sur la question, mais de servir le texte tout en soulignant ses aspects comiques. Car en dépit de ce que pourrait laisser supposer le titre, Névroses est une comédie.
Chaque comédien a proposé sa vision personnelle du personnage qu’il incarne. J’ai tâché ensuite d’accentuer un trait de caractère jusqu’à l’excès, en veillant à choisir un particularisme qui ne tombe pas dans la caricature ou le stéréotype.
Seul Ivan reste un individu plutôt commun, auquel le spectateur pourrait s’identifier. ,Il est confronté à une ribambelle de personnages plutôt farfelus, dont les élucubrations ne sont pas sans rappeler celles du clown Auguste au cirque. J’ai voulu faire d’Ivan une sorte de clown blanc, l’austérité en moins ; il est le seul à réagir avec mesure contrairement aux clowns au nez rouge qui l’entourent, dont le comportement est souvent invraisemblable.
L’invraisemblable laisse d’ailleurs la place à l’irrationnel dans certaines scènes. C’est le cas lors de la « résurrection » des sages-femmes qui ont vu naître Ivan et qui apparaissent inexplicablement dans le cabinet du psy trente ans plus tard. Ces moments viennent contrebalancer le réalisme d’autres scènes, notamment avec les chansons ; ces bulles musicales, composées par Sacha Balit sont comme autant de parenthèses à l’intérieur desquelles les personnages se dévoilent leurs failles, leurs névroses, sans pudeur.
Le masque de la comédie tombe, le temps de quelques notes douces-amères. Je n’ai pas cherché à faire de transition entre ces moments plus graves et le reste de la pièce. Car le texte est ainsi fait : tantôt empreints de pertinence, tantôt absurdes, les dialogues dessinent un tableau dans lequel chaque personnage expose le fil de sa vie. Tous ces fils s’emmêlent joyeusement pour former un noeud de solitudes qui se rejoignent dans le cabinet du psy. »
Sébastien Durand
Bien vu xvg. Moi aussi j'ai passé un excellent moment. Ryhtme, trouvailles dans les dialogues, un peu de musique et une troupe d'acteurs tous justes dans leurs rôles. Il paraît que c'est la première pièce de Vincent Duquesne. C'est sûr, j'irai voir sa prochaine.
Pièce très interessante à ne pas manquer si l'on veut decouvrir à la fois un auteur , des acteurs et une bonne mise en scène. On passe un très bon moment !
Bien vu xvg. Moi aussi j'ai passé un excellent moment. Ryhtme, trouvailles dans les dialogues, un peu de musique et une troupe d'acteurs tous justes dans leurs rôles. Il paraît que c'est la première pièce de Vincent Duquesne. C'est sûr, j'irai voir sa prochaine.
Pièce très interessante à ne pas manquer si l'on veut decouvrir à la fois un auteur , des acteurs et une bonne mise en scène. On passe un très bon moment !
53, rue des Saules 75018 Paris