L’année 2014 ouvre un triste anniversaire : le centenaire de la Première Guerre mondiale.
Nous crions grâce est une « récolte » de lettres le plus souvent issues d’une correspondance inédite, mêlée à des écrits littéraires, militaires ou journalistiques. Ici se mélangent les mots à la fois simples et terribles de « ceux du front », de « ceux de l’arrière » et de « ceux des états majors ». Ils nous permettent de traverser ce conflit en partant de l’insouciance et de l’euphorie de la mobilisation pour aller jusqu’aux heures atroces de la mort en masse.
La Grande Guerre... La der des ders ... Première guerre moderne et dernière guerre archaïque, elle est à la croisée des chemins de l'horreur organisée. Elle aurait pu être le creuset d'une révolution sociale étendue à toute l'Europe et elle est en fut l'éteignoir. Ils furent des millions à s'y jeter et à s'y perdre ; pour certains à tout jamais. Quelques uns, parmi ceux qui sont revenus, nous ont livré leur témoignage. D'autres, parmi la multitude de ceux qui sont restés noyés dans la boue, nous ont laissé des lettres. À l'aide de ces traces, nous pouvons peut-être comprendre ce qu'on vécu, ce que vivent et ce que vivront les hommes et les femmes, entre le moment d'exaltation patriotique qui pousse ces jeunes gens à monter dans un train bariolé et l'éternité de leurs vingt ans, gravée dans le marbre des monuments aux morts.
Ils sont deux. Revenus, pour un moment, de l'invisible multitude enfouie, ils vont faire théâtre de tout bois pour dire la peur, la solitude et le dégoût ; les leurs et ceux des autres qui restent figés dans leur éternité historique. Dans un univers meuble de caisses de bois, sarcophages de courriers oubliés ; tour à tour casemate, tribune, ou tranchée, l'enjeu sera de faire exister la guerre pour celui ou celle qui s'est assis devant, en spectateur. Ils joueront à la guerre . Ils joueront, car nous sommes bien sur un plateau de théâtre et c'est bien au spectateur que l'on s'adresse.
Deux hommes pour jouer avec ces mots et incarner les mères, les pères, les frères, les femmes, les soldats, les généraux... Deux hommes pour jouer avec des images, qu’elles soient d’archives ou non... Des mots à voir et à entendre, des mots simples et forts, puissants et humains... pour ne pas oublier.
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