Paris, la Belle Epoque. Amélie d’Avranches, de son vrai nom Amélie Pochet, est la reine d’un petit cercle de joyeux lurons, de beautés peu farouches et de noceurs invétérés... Des jolies femmes, un héritage soumis à condition, des maîtresses entretenues, des adultères, un prince oriental en mal de champagne et de débauche, de l’amitié, encore du champagne, de l’argent qui coule à flots et de l’argent qui se fait rare, de l’amour, encore de l’amour : ça a l’air d’un vaudeville, ça a la couleur du vaudeville, mais c’est beaucoup plus qu’un vaudeville. Montée ici avec simplicité et sincérité, la pièce offre sur les premières femmes libres du XXème siècle une étude psychologique et sociologique brillante et implacable, d’une cinglante modernité.
Feydeau, incontournable amuseur de plusieurs générations de spectateurs, est aussi l’historiographe d’une société d’avant le choc de la Première Guerre mondiale et l’écroulement des illusions. Ses personnages sont à la fois pervers et innocents, égoïstes et généreux et leur apparence cache une vraie mélancolie. Fameux féministe, Feydeau campe dans cette apologie du divorce des héroïnes plus que des héros. A travers son « fabuleux destin d’Amélie Pochet, dite d’Avranches », il dresse le portrait d’une femme « galante » aux yeux des bourgeois, mais qui entend tout simplement vivre librement. Son arithmétique théâtrale démonte tous les rouages d’une machine mondaine et sociale et confine ainsi à l’absurde et à la folie la plus débridée.
106, rue Brancion 75015 Paris