« Je me suis dit que la chose la plus terrible serait de ne jamais être autorisé à dormir, comme si juste au moment où on était en train de s’assoupir un grand « Dring » obligeait à rester éveillé ; vous vous enfoncez vivant dans le sol et dedans ça grouille, c’est plein de fourmis, et le soleil brille sans arrêt, jour et nuit, il n’y a pas un d’arbre (…) J’ai pensé qu’il n’y avait qu’une femme pour faire face à cette situation et sombrer en chantant. »
Samuel Beckett
Peu d’oeuvres ont marqué l’histoire du théâtre comme Oh les beaux jours. On ne peut se lasser de questionner l’écriture de Samuel Beckett, de se réjouir à l’idée d’entendre cette passionnante musique des mots et de l’être… Car il est vrai que cette écriture agit, pour beaucoup, dans la fulgurance d’un instant musical. Un instant qui nous mène jusqu’à la profondeur mystérieuse et ambivalente de la vie.
Le rôle de Winnie — personnage prisonnier de son immobilité, exposé à la torpeur grandissante d’une menace sourde — a été incarné par les plus grandes actrices, sur les scènes du monde. Disparaissant peu à peu et inéluctablement dans la terre qui la porte, cette femme raconte l’éternelle lutte que livre l’être humain face à sa condition, face à son histoire et à son destin.
Aujourd’hui, c’est Catherine Frot qui s’empare de cette partition. Depuis longtemps elle souhaitait jouer ce texte, notre désir commun de théâtre nous a très vite porté vers ce choix lumineux. Elle sera donc Winnie, cette femme bouleversante qui adresse sans cesse les mêmes gestes et les mêmes phrases à Willie, époux taciturne se tenant à ses côtés. C’est elle qui prend possession du célèbre cabas noir, rempli de colifichets à la fois sublimes et dérisoires, ultimes objets de mémoire d’un monde comme sur le point d’arriver à sa fin.
Elle est telle que Beckett souhaitait son personnage : dans la pleine force de l’âge, souriante, mélancolique, joyeuse, d’une lucidité étrange et implacable. La représentation que nous avons rêvée ensemble tend vers la lumière, vers l’éclat d’une voix qui surgit comme un appel persistant à ne pas se laisser anéantir. Ainsi, nous souhaitons affirmer le triomphe absolu de l’existence. Nous souhaitons élever vers la clarté cet « être en apesanteur que la terre cruelle dévore », comme l’imaginait Samuel Beckett.
Marc Paquien, mai 2011
« Catherine Frot flirte avec le désespoir inhérent au texte de Beckett, mais son jeu fait pencher la pièce vers le comique. Il donne des ailes à ce drôle d'oiseau de Winnie. » Le Figaro
« Catherine Frot éclate de bonne santé et d’humeur alors que le texte de Beckett coule littéralement de sa bouche sans heurt ou saccade…. tout comme si, elle était, à elle seule, la médiatrice naturelle des didascalies de Samuel Beckett. » Agora Vox
« Ceux qui ont vu Winnie interprétée par la merveilleuse Madeleine Renaud sont unanimes : Catherine Frot n'a décidément rien à lui envier. (…) Aujourd'hui, c'est un passage de flambeau posthume qui s'accomplit sur la scène de la Madeleine. Et la partition sied à merveille à Catherine Frot, nouvelle Winnie rayonnante. (…) Une chose est sûre, Winnie a encore de beaux jours devant elle... » Le Point
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