On n’est pas là pour disparaître raconte l’histoire de Monsieur T., atteint de la maladie d’Alzheimer, qui, le 6 juillet 2004, a poignardé sa femme de cinq coups de couteau. La voix de Monsieur T. s’entrecroise avec celles de ses proches, des médecins et de l’autrice elle-même. Ce feuilletage de discours fait résonner, en chacun de nous, l’angoisse suscitée par l’oubli et l’effacement de la mémoire.
A partir de 14 ans.
Dans le texte d’Olivia Rosenthal, Monsieur T. échappe aux voix qui tentent de lui parler, de l’appréhender, de le ramener à son identité et à ses souvenirs. Il est déjà trop loin. Dans les arbres, en Amérique, où il a toute sa vie rêvé d’aller s’installer. Ce n’est pas lui qui s’efface, mais sa vie d’avant. Et ce vide, laissé par l’oubli, ouvre une place à l’imaginaire. Dans cette vie palimpseste, sa femme s’estompe peu à peu. Il n’y pas de place pour elle dans les arbres. Madame T. lutte pour ne pas disparaître, pour lui rappeler comment leurs corps se touchaient, dans leur grand lit, avant. Il est trop tard et elle le sait. C’est leur vie à deux qu’il efface quand il la frappe de son couteau.
« Grosse claque que ce texte d'Olivia Rosenthal, adapté au théâtre par Mathieu Touzé et joué par le comédien Yuming Hey. Accompagné par l'excellente création musicale de Rebecca Meyer. » Télérama sortir TT
« Le texte fulgurant d’Olivia Rosenthal est magnifié par le prodige Yuming Hey. Le jeune comédien porte toute la douleur de la condition humaine. Un moment de théâtre cathartique exceptionnel. » Les Échos
« Bouleversante plongée dans l’esprit tourmenté d’un malade d’Alzheimer et dans le quotidien douloureux de ses proches, elle profite de la performance à la fois singulière et éclairante de Yuming Hey. » Sceneweb
« Ce spectacle accompli offre son content d’émotion, de théâtre. » Le Journal d’Armelle Héliot
J’ai rêvé du texte d’Olivia Rosenthal pendant le deuxième confinement. J’en ai rêvé très clairement. Il s’est imposé à moi comme une évidence. J’ai vu Yuming Hey sur le plateau. Je l’ai entendu dire ce texte et j’ai eu l’image très nette d’une scénographie avec un, deux ou trois écrans vidéo. Au réveil, j’ai ressenti un sentiment d’urgence. J’ai senti que j’avais besoin de créer ce spectacle et qu’il fallait le faire vite.Après ces longs mois passés à jongler avec les annulations et les reports, j’ai éprouvé plus que jamais la nécessité de revenir à la création.
Le lendemain, je suis tombé sur une création vidéo de l’artiste plasticienne Justine Emard et j’y ai vu comme un signe. Son univers m’a immédiatement parlé parce qu’il faisait écho aux images de mon rêve. Les silhouettes humanoïdes de sa création « Soul Shift » m’évoquent le face-à-face d’un patient et de son médecin, mais aussi ce processus de perte, d’effacement de l’humanité qui est au cœur du roman d’Olivia Rosenthal.
Je travaillais à ce moment-là sur Une absence de silence, une adaptation de Que font les rennes après Noël ?, et l’écriture d’Olivia, qui m’accompagnait quotidiennement, était comme un refuge. Le travail sur Que font les rennes après Noël ? était parti de la phrase de fin de On n’est pas là pour disparaître : « il l’efface / et il s’efface avec elle /d’être un homme /c’est trop compliqué ». Cette phrase, ainsi que le titre du roman, résonnent pour moi avec la place de la culture en ce moment. Dans ce contexte où le mot « culture » n’est même plus prononcé dans les annonces du gouvernement, ce titre nous parle très concrètement de la situation des artistes qui luttent depuis des mois pour ne pas être oubliés.
Je veux travailler sur les niveaux de langage, sur ces voix qui s’entrecroisent dans le texte d’Olivia. J’imagine un acteur, Yuming Hey, seul sur scène dans une atmosphère très blanche, très froide, presque médicale. J’aimerais faire entendre la dimension polyphonique de l’histoire de Monsieur T. en créant un dialogue entre l’acteur, la voix off et la vidéo. Le texte d’Olivia fait résonner des voix sans les identifier ou les nommer. Je veux garder cette indétermination qui fait écho à la perte d’identité. Le corps de l’acteur sera traversé par ces voix qui le dépassent et qui, chacune à leur manière, cherchent à endiguer l’effacement.
Mathieu Touzé
Une très belle interprétation, c'était touchant.
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Une très belle interprétation, c'était touchant.
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