Imaginant le théâtre comme un laboratoire, composé d’un grand espace et d’actions simples à réaliser, les quatre créateurs s’intéressent au modèle de la stigmergie, qui permet par exemple aux termites de s’auto-organiser afin d’exécuter des actions complexes… En réagissant uniquement aux stimuli hormonaux, ces derniers érigent des nids à l’architecture sophistiquée, constitués de piliers, de grottes et de tunnels.
Animés par la conviction que « c’est le projet qui décide », les auteurs concoctent une randonnée de création en s’appuyant sur quatre mots-clés : la poésie parce qu’on en manque et que ce spectacle veut en faire la promesse ; le jeu comme une des réponses fonctionnelles à leur projet (puisque les spectateurs seront invités à prendre part - mine de rien, en douceur - à la fabrication de l’objet commun qui ressemblera à une grande fresque allégorique, un récit épique ou une cabane en carton), l’ergonomie pour cogiter sur le meilleur rapport scène-salle.
Partir d’un plateau nu, sans gradin, susceptible d’accueillir 150 personnes avec lesquelles interagir. La méthode, enfin que les membres de l'Amicale de production envisagent de façon expérimentale au service d’un « fabriquer ensemble ».
Un cheminement à travers les concepts de collaboration, de commensalité et de communauté. Un spectacle poético-ludique.
Par le collectif L'amicale de Production.
Le spectacle pourrait commencer comme ça : quelqu’un marche sur le plateau.
On entend le bruit de ses pas et on doit expliquer qu’il s’agit du vrai bruit des pas, parce que dans On traversera le pont une fois rendus à la rivière, il y a les spectateurs, qui viennent voir le spectacle au théâtre, et les auditeurs, qui l’entendent chez eux, à la radio.
Une jeune femme marche donc pas-à-pas vers la fiction. C’est la nuit, la voiture tombe en panne. Au beau milieu d’une pâture, elle rencontre un paysan à la retraite et son neveu, qui s’essaient à des expérimentations radiophoniques étranges, quasi-télépathiques. Ces trois personnages, subitement auto-déclarés médiums amateurs et techniciens cosmiques, feront cheminer les spectateurs et les auditeurs à travers un entrelacs de représentations mentales, en passant par l’émerveillement du réel et les tunnels de l’imagination. Ils se livreront à un jeu de piste à travers les canaux de communication, pour en tirer le suc empathique, le presser à froid, et tenter de le déguster en bonne compagnie.
« Des idées ils en ont, à L’Amicale de production. Cette coopérative de projets « à cheval entre les arts visuels et le spectacle vivant » ajoute même de la suite à ses idées, de l’ordre dans un fatras imaginatif. » Cédric Enjalbert, Philosophie magazine
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