Introduction
Note dintention
La pièce
Extrait
Tout en grandissant, les adolescents traversent une crise. Cest la crise inévitable de limagination. Lors de cette crise, limagination et la réalité entrent en collision. Lors de cette collision les adolescents passent de lenfance à lâge adulte. Ils choisissent la façon dont ils vont vivre. Si la réalité détruit limagination, ils auront beau saffairer, devenir éminents, ils seront toujours vides, causant à autrui perte et souffrance. Si la crise se résout bien, si limagination et la réalité sont unies, leur vie sera créatrice. Cette crise nest pas un rite de passage un tel rite peut ne marquer que lentrée dans lordre des choses existant, quil soit naturel ou social. Mais lors de telles crises nous devenons soit les créateurs de notre monde, soit dune façon ou dune autre, en fait de plusieurs façons ses destructeurs. Notre société ne comprend rien à cette crise. Souvent elle ne la remarque même pas ou na ni le temps, ni la patience de sen soucier. Souvent les adolescents eux-mêmes ne la remarquent pas pour eux cela peut être quelque chose de confus à écarter dun revers de main. Ils ne savent pas quils sont en train de choisir la façon dont ils vont vivre, et en même temps de décider quel sera lavenir de nos communautés. Cette crise devient encore plus importante dans un monde qui change et dans lequel il faudra faire de nouveaux choix.
Edward Bond
Cest une pièce sur le silence, le silence de lélève, le silence du sac, le silence du prisonnier... Dans un espace tragique radical, 3 mètres tout au plus. Devant une grille ou un mur...
Comment les événements se répètent et comment leur sens se modifie au fur et à mesure de ces répétitions... Quest-ce qui change ?
Les images se répéteront et nous referons les mêmes gestes.
Quest-ce qui est signifiant à propos du futur : linconnu.
Quest-ce qui est signifiant à propos du présent : le secret.
LÉlève comme nous-même est confronté aux mêmes questions.
Il devra trouver la place de la vérité non à travers les faits mais à travers la géographie variable que représente cette vérité. La plupart du temps celle-ci sinscrit sur les murs des prisons.
Il se retrouvera face aux choix de ladolescence qui comme le dit Edward Bond sont : le fascisme, la sainteté ou la responsabilité.
Christian Benedetti
Depuis trois ans, Edward Bond est auteur associé au Théâtre-Studio. Chaque saison, Christian Benedetti propose au moins une de ses pièces.
Novembre-décembre 1997 sauvés
Novembre-décembre 1998 mardi
Octobre - novembre 1999 sauvés
Mars 2001 onze débardeurs
Janvier 2002 the T.S. play (écrite pour léquipe, le lieu et christian benedetti)
Onze débardeurs est le deuxième volet de la trilogie pour les jeunes gens constitué par : Auprès de la mer intérieure, Onze débardeurs et Mardi.
Deux événements impliquant la même personne : le premier en tant quadolescent, le second - des années plus tard - en tant quadulte.
Ils sont étrangement semblables, mais en même temps dans des mondes qui les séparent. Cest comme si le premier événement était mis sens dessus dessous par le deuxième.
Les adolescents doivent répondre à lautorité. Mais les adultes doivent dabord se répondre à eux-mêmes.
Onze débardeurs montre comment le moi adulte se développe en dehors de son premier moi. La question est : comment apprenons-nous la responsabilité et que faisons-nous ?
...Le théâtre et lenfant sont au centre de la démocratie.
"Certaines personnes désespèrent de comprendre. La tentative de comprendre nest-elle pas comme le spectacle dune souris grignotant le globe ? Oui, mais cest là la manière dêtre une souris. Cest là ce que font les souris. Comment être humain ? Que font les êtres humains ? " Edward Bond
Linstructeur met le chargeur dans le fusil. Lélève arrive en treillis. Linstructeur lui donne le fusil.
Linstructeur : Tir en position allongée. Au sol.
Lélève sallonge sur le sol et vise, le fusil vers les cibles.
Linstructeur : Lhistoire entière de lhumanité est dans le fusil. Les sauvages qui ont jeté des pierres utilisé les premières frondes tiré les premières flèches aidé à fabriquer le premier fusil. Les premiers miniers ont creusé le minerai les premiers fondeurs ont fait le métal pour les marmites et les poêles et plus tard ils lont raffiné pour fabriquer le canon. Les premiers maréchaux-ferrants ont créé le savoir-faire pour lui donner sa forme. Ceux qui frottaient les silex lun contre lautre ont créé létincelle qui a permis le mécanisme moderne de la mise à feu. Le minerai et le silex on les obtenait par le commerce. Il a donc fallu des bateaux et des routes et des marchés et des comptables. Les alchimistes ont essayé de transformer le plomb en or. Ils ont enseigné les chimistes qui ont découvert la poudre à canon. Les experts ont inventé le calibre pour que le fusil tire plus loin et vise plus juste. Ils ont inventé loptique pour voir la nuit et compenser notre cécité naturelle dans lobscurité. Les inventions sont fabriquées lorsque nous sommes prêts à les utiliser. Si on avait tout dun coup donné des fusils aux armées qui combattaient avec des lances elles se seraient exterminées comme si elles avaient des armes nucléaires. Tu ne serais pas là. La télé, les avions, et les ordinateurs non plus. Toutes ces choses-là sont dans ce fusil. Le tireur isolé et larme dassaut ensemble. Poids quatre kilos. Canon quatre-vingts centimètres. Calibre standart 7,6 de lOTAN. Vitesse initiale 860 mètres par seconde. Propulsion à gaz. Intensification de limage par utilisation de la longueur donde de la lumière visible. Vue nocturne par infra-rouge. Tes mains tiennent lhistoire de la science le monde moderne. Respecte le fusil. Manie-le comme le chirurgien manie le scalpel dans le cerveau. Si tu le cognes, il ne sera plus daplomb. Prêt mets-toi à laise. Décontracté. La tension donne des secousses au fusil : tu rates le tir. ça ne tue pas.
16, rue Marcelin Berthelot 94140 Alfortville
Voiture : périphérique Porte de Bercy / autoroute A4 direction Metz-Nancy sortie Alfortville.