Open Space

• L'Open Space comme lieu privilégié d'observation

D’abord, il y a le doyen de la boîte, oublié pour cause de mise au placard. Puis, la jolie fille bourrée de complexes, amoureuse du beau gosse ambitieux, lequel a un coup de foudre pour le réparateur de machine à café. Sans oublier l’employé modèle, amoureux transi de la précédente, la business woman, avec ses problèmes d’alcool, ou encore celle qui parle fort, baille et se mouche à grand bruit. Tout ce petit monde s’agite dans cet espace de la rentabilité que les patrons nomment open space. Entre la photocopieuse et les pots à stylos, les ordinateurs et les sièges à roulettes, la vie de bureau de ce concentré d’humanité (presque) ordinaire n’a rien d’un long fleuve tranquille.

Mathilda May multiplie, avec humour et tendresse, en adepte de Tati, les situations délirantes, voire surréalistes qu’une journée dans cette petite compagnie d’assurance va susciter. En s’inspirant de la réalité du monde du travail dans ce cadre devenu si courant, les actions du quotidien vont se transformer, se distordre et s’exacerber : les gestes habituels des employés vont progressivement devenir une base rythmique, musicale et chorégraphique. « Derrière l’ordinaire se cache l’extra-ordinaire ».

Dans ce nouveau schéma d’optimisation économique où le travail est déguisé en « convivialité fédératrice », Mathilda May signe – avec un casting d’artistes complets exceptionnel – une mise en scène foisonnante d’idées. En utilisant l’open space comme lieu privilégié d’observation, elle métamorphose la routine du quotidien pour en extraire l’aspect absurde et irrésistiblement drôle.

• Le principe

Il s’agit d’un spectacle visuel, sonore et musical, sans texte. Une journée dans une entreprise (de style petite compagnie d’assurance) de l’ouverture, jusqu’à la fermeture du bureau, en open space. En partant de la réalité du monde du travail en entreprise, les actions du quotidien vont se transformer, se distordre et s’exacerber. Un bruit banal, comme par exemple un grincement de chaise sera répété par une autre personne, puis une autre encore, et ainsi de suite jusqu’à créer une rythmique collective. Une chorale naîtra en partant d’un employé qui répond au téléphone, et un raclement de gorge entraînera des sons de style course de Formule 1, ou un bâillement deviendra un chant de supporter de foot, etc. Des bruitages sur une bande son permettront également une illustration sonore, comme par exemple un puissant bruit de trafic aérien lorsqu’une fenêtre s’ouvre, le son des vagues lorsque le plateau tangue, ou les sonneries de téléphone.

Une action comme par exemple celle de s’asseoir, de regrouper ses feuilles ou de s’étirer entraînera par un mouvement en chaîne, une chorégraphie d’ensemble, ou isolée (un employé qui pique du nez, ou qui a une envie pressante et qui n’arrive pas à raccrocher son téléphone). Il y aura en guise d’ellipse, des accélérations ultra-rapides d’ensemble, des ralentis (visuels et sonores), ainsi que des arrêts sur image pour par exemple, mettre en exergue un seul personnage et produire ainsi un effet « gros plan ».

• La presse en parle

« […] cette petite entreprise loufoque de Mathilda May est une joli tour de force. » Marianne James, Le Monde, 16.10.2013