« Qu’il est beau de travailler, moi je travaille. Travaille travaille travaille. Le travail c’est la dignité disait Evita Perón ».
Pour aborder Oreilles tombantes groin presque cylindrique nous nous sommes fixés à ce seul impératif énoncé par notre personnage. Notre première lecture du texte de Marcelo Bertuccio nous a laissé une grande impression de vertige face à l’absence de tout repère dramatique et la certitude pourtant de sa profonde théâtralité. L’auteur a mis à bat toutes les conventions théâtrales : aucune indication sur le personnage, le lieu, le temps, l’action. Il nous laisse face à un texte à la forme énigmatique où seuls résonnent les mots et les sons qui tissent une véritable partition. Celle-ci ne peut se faire entendre que dans l’espace, lorsqu’elle devient voix et corps. De ce fait, Bertuccio offre sciemment au metteur en scène et au comédien toute la liberté d’interprétation. Il livre son texte en toute confiance sachant que seul l’acte théâtral libèrera sa force dramatique et tout son sens.
Oreilles tombantes groin presque cylindrique est un monologue magistral sur la détresse, la solitude et la douleur d’une femme. Le spectateur surprend son intimité. Elle lui fait violence par tout ce qu’elle porte d’indicible et d’obscène. Lorsque la pièce commence c’est déjà trop tard. La machine infernale est en route. Ce n’est pas une histoire, c’est une tragédie.
« Ça a déjà eu lieu c’est déjà passé ». C’est déjà trop tard.
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