Présentation
Notes de mise en scène
La presse sur Othello
Une femme court dans la nuit. Elle va rejoindre un homme. Ils vont se marier en cachette du père de la jeune fille. Elle est blanche, jeune et noble. Il est noir, dans la force de l'âge et mercenaire au service de Venise.
Cette nuit-là, la ville est parcourue par des groupes d'hommes se dirigeant vers la place Saint-Marc. Le Doge est en conseil. Les turcs attaquent Chypre. Tous désignent le Maure - Othello, l'homme de guerre - pour défendre les intérêts de Venise.
Africain au service des blancs, il tue pour de l'argent. Othello est un drogué de guerre. Il essaie un traitement de désintoxication par l'amour pour retrouver sa seconde nature, peut-être celle d'un rêveur.
Le héros quitte la route, les champs de bataille, les casernes, pour épouser le destin de l'arbre, celui de Desdémone, la plus belle, celle qu'il a choisie, contre son père, contre sa patrie, contre son âge.
Dans l'ombre, un homme saigne. Il est humilié : Othello a choisi son lieutenant, c'est Cassio. Iago est bredouille. On a préféré le bureaucrate à l'homme de terrain. Iago se vengera aussi de cet amour trop beau, de ce bonheur haïssable.
"Je cherchais une histoire exemplaire qui mette en scène des traits intemporels de la nature humaine, une histoire menée comme un polar, une situation simple qui réunit une fois encore le bien et le mal, le bon et le mauvais. Comme souvent, le théâtre de William Shakespeare recèle de ces situations qui s'imposent simplement.
Je cherchais aussi une histoire qui puisse toucher les adolescents de 14/15 ans. Je voulais que ce soit une rencontre avec un texte du répertoire.
Il me fallait également une situation dramatique qui me permette de continuer à explorer le chemin qui va d'un acteur qui parle à une parole qui agit. Confronter une fois de plus sur le plateau l'acteur à la marionnette.
Othello est l'histoire d'une partie d'échecs où seul un joueur sait qu'il joue. C'est l'histoire d'une manipulation réussie, une histoire d'amour, de haine, d'envie, de jalousie, de racisme, des passions qui emmènent l'homme au-delà de l'homme. La guerre et le pouvoir y sont anecdotiques, c'est l'animal qui agit. C'est une pièce qui parle de biologie, qui pose en permanence la question de "ce que peut le corps".
Othello est une histoire d'amour entre un homme dans la force de l'âge et une jeune fille, une belle histoire d'amour entre un noir et une blanche, un roturier et une noble. Leur attachement s'est construit sur le temps, solidement posé sur l'admiration que Desdémone porte à son héros qui sent la poudre et les épices, et sur le confiance en soi, qu'Othello a patiemment construite par son travail, sa fidélité et sa droiture.
Le noeud gordien de l'histoire : la haine de Iago pour le maure et l'estime qu'Othello porte à Iago. Othello ne voit pas que Iago est le mal et ne soupçonne pas la machination de Iago : mettre un terme à cette vie qui s'annonce bien belle. Ignorant le reflux des marées pour avancer toujours, Iago utilise les faiblesses et la fragilité d'Othello, roturier, noir, mâle au zénith. Il pressent le déclin d'Othello, découvre l'épilepsie dont il souffre, et dessine le mouvement linéaire implacable qui transforme l'amour en haine et en folie meurtrière."
Grégoire Calliès
ans la mise en scène de Grégoire Callies, les personnages d'Othello deviennent schizophrènes, joués à la fois par un acteur et une marionnette. Et la thématique de la manipulation, l'une des principales dans ce texte de Shakespeare, prend alors toute son ampleur.
... Une pièce idéale pour le metteur en scène, qui travaille depuis des années sur le rapport entre marionnette et acteur, et qui peut ici jouer sur tous les registres de la manipulation. Iago manipule les autres protagonistes, et les comédiens manipulent les poupées : plus le personnage est libre, plus il est acteur ; plus il est enchaîné à son destin, plus il est marionnette. Callies rend ainsi visibles les sous-entendus, mais aussi sa propre interprétation quant aux rapports qui unissent les personnages... Des personnages qui ne sont jamais là où il aurait fallu. Toute l'intrigue est construite autour de ces "moments manqués". Elle ne tient souvent qu'à une réplique qu'Othello n'entends pas, à un personnage qui quitte la pièce, à un autre qui se tait au lieu de révéler ce qu'il sait. Othello n'obtient jamais l'information qui aurait pu lui faire découvrir la traîtrise de
Iago... Polystyrène, Sylvia Dubost
Au programme de Grégoire Callies : la manipulation dans tous ses "Etats" et la toujours contemporaine fraîcheur de Shakespeare.
... Grégoire Callies est le metteur en scène de cette nouvelle version d'Othello qui saura rassembler toutes catégories de publics, jeunes et moins jeunes. C'est au travers de cette pièce de Shakespeare qu'il choisit de mettre en relief un certain nombre de maux de société dont les ravages se font toujours cruellement sentir : soif de pouvoir, racisme et manipulations résistent au temps, n'épargnent aucun milieu social ou professionnel et viennent même s'immiscer jusque dans les cours d'écoles de nos caïds. Une actualité, donc, très bien représentée tant par le choix du répertoire, de l'auteur que par les choix de plateau et la justesse des moyens mis en oeuvre.
Ici, le plateau est construit comme un espace de jeu..., de rôle ou d'échecs, où aucun élément n'est laissé au hasard. La fine utilisation des marionnettes n'est pas non plus dénuée de sens, elles sont tantôt pions d'une machinerie où les comédiens sont joueurs, tantôt personnages au même titre que les acteurs qui les dirigent et le résultat de ces couples humains-poupées représente au mieux le terrain complexe de chaque caractère : son rapport au monde et son for intérieur, l'espace de son regard sur lui-même, aussi aliéné soit-il.
Les Dernières Nouvelles d'Alsace, Juliette Delplace
Place de la liberté (Boulevard Foch) 57103 Thionville