P'tite souillure

Une famille bourgeoise sclérosée reçoit la visite d’un jeune étranger le jour de la fête commémorative de la rencontre des parents. Pièce de tableaux successifs où se confrontent une mère préservant les conventions au prix de sa santé mentale, un père absent qui semble divaguer et une fille qui attend la venue de son prince charmant pour l’arracher à la cellule familiale.

La tragédie d’une famille trop repliée sur elle-même en décomposition ? Une jeune fille sur le point de devenir femme en rébellion contre ses parents ? Un meurtre et le désir d’une vengeance ? Ou seulement le désir d’une compréhension ?

P’tite-Souillure, c’est tout ça à la fois sans qu’on soit réellement sûr que ce ne soit pas autre chose… Et ce, sous le regard de l’étranger, l’Autre, celui que l’on nomme Ikédia.

Ikédia, « descendu de la foudre, venu foutre le feu à cette maison », devient par sa seule présence le révélateur du chaos familial. Personnage miroir et objet des désirs de chacun, il brise le triangle incestueux et permet l’explosion, éclosion peut-être du système familial. Ange destructeur ou salvateur, il permettra à P’tite Souillure d’accéder à sa liberté.

P’tite Souillure, unité de lieu et de temps, s’apparente à une grande cérémonie expiatoire. La pièce de Koffi Kwahulé est un labyrinthe à l’intérieur duquel le spectateur peut pénétrer par l’une ou l’autre porte et sillonner à travers les chemins qu’il désirera emprunter. Mais la sortie du labyrinthe se fera probablement toujours par cette même question : qui est étranger pour qui et qui ne l’est pas finalement pour soi ?

« Je suis le masque-calao
Je suis le fils aîné de la création
Au commencement
A ma naissance
Il n’y avait rien »