Bien que lié à Solveig, Peer Gynt déshonore une jeune mariée en pleine fête nuptiale. Acculé à la fuite, il se lance dans une quête effrénée d’aventures qui le conduisent dans les montagnes où il rencontre, comme dans un rêve, les Trois Filles des pâturages puis le Roi des trolls. Après avoir séduit sa fille, la femme en vert, et s’être confronté sans succès à la devise « Suffis-toi toi-même », il reprend la route et revient chez sa mère, Åse, qui se meurt.
On le retrouve vingt ans plus tard en Afrique, où il est devenu un riche marchand d’esclaves vivant dans la débauche. Fantasque, rêveur, poète, il croise, au cours de ce périple épique et fantastique, une foule de personnages qui, tous à leur manière, abordent avec lui la question de l’identité : « Qu’est-ce qu’être soi-même ? »
Tour à tour marginal, capitaliste, prophète, Peer Gynt traverse les époques et les sociétés avant de comprendre, de retour en Norvège, la vacuité de l’existence.
S’inspirant des contes populaires norvégiens, Henrik Ibsen (1828-1906), alors exilé en Italie, écrit en 1867 Peer Gynt, sous-titré poème dramatique. C’est en 1874 que le dramaturge demande à Edvard Grieg de composer la musique de scène de la pièce. Deux ans plus tard, Peer Gynt, amputé du quatrième acte, enfin monté au Théâtre national de Christiana, aujourd’hui Oslo, rencontre un immense succès public.
Cette oeuvre réputée inclassable est une gageure pour les comédiens embarqués dans cette aventure au long cours où le tragique côtoie le comique, où le grotesque bouscule le sublime. Multipliant les décors, les époques et les personnages, Ibsen s’affranchit des contraintes matérielles de la scène, et invente une forme de théâtre total, propre à embrasser tous les questionnements, politiques, poétiques et métaphysiques, qui marquent la modernité de son oeuvre.
En mettant en scène Peer Gynt, Éric Ruf, sociétaire de la Comédie-Française depuis 1998, donne à la troupe l’occasion non seulement de s’attaquer à la démesure mythique de cette pièce norvégienne mais aussi de se confronter à un dispositif bi-frontal qu’il crée dans le Salon d’honneur du Grand Palais.
Après avoir joué le rôle de Peer Gynt sous la direction de Philippe Berling au Théâtre du Peuple de Bussang, il souhaite faire réentendre ce texte phare de la seconde moitié du XIXe siècle dans la traduction de François Regnault.
Voyant dans cette pièce une métaphore de l’éternel retour, le metteur en scène imagine une grande route sur laquelle défilent, dans un troublant jeu de miroirs, nos fantômes intérieurs.
« Eric Ruf réussit magnifiquement sa version sauvage et profonde du chef-d'oeuvre d'Henrik Ibsen. Dans le rôle-titre, Hervé Pierre suit magistralement et dans toutes ses nuances les plus fines, le parcours de Peer Gynt, du plus prosaïque au plus spirituel. » Armelle Héliot, Le Grand théâtre du monde
« La mise en scène d’Eric Ruf fait voir à merveille combien les étapes poétiques du parcours de Peer (Hervé Pierre, étonnant et parfait), sont autant d’analyses cliniques de notre humanité telle qu’elle est : primaire, décevante, mais miraculeusement persévérante. (…) Comme tous les vrais voyages au pays de l’inconscient, celui que nous propose Eric Ruf au Grand Palais est splendide comme un rêve. » Coup de théâtre
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