Le hasard a fait que sous la conduite de Claude Leroy, nous avons découvert Gaston Floquet et son oeuvre en visitant sa maison à Saint-Rigomer des bois. L’envie est venue ensuite de faire « quelque chose » à partir de cette personne qui était à la croisée de plusieurs pratiques artistiques et proche de ces personnages que nous aimons inventer dans nos projets.
La nouveauté et l’intérêt pour nous c’est de confronter la fiction que nous avons développée depuis Duchamp Duchamp jusqu’à l’Art Tangent, en passant par le Professeur Swedenborg et les Asa, à la réalité d’une vie et d’une oeuvre. Ce spectacle est un banquet symbolique où dans la manière de Gaston Floquet les objets récupérés, les situations, les citations et les attitudes se combinent dans un grand collage. Cela ressemble à une cérémonie même si les participants ont tendance à malmener le protocole.
Gaston Floquet, né le 18 mai 1917 à Bar-le-Duc dans la Meuse et mort le 16 avril 2001 à Saint-Rigomer-des-Bois dans la Sarthe, était un comédien, un traducteur et un artiste plasticien français. Abandonnant ses études après la première partie du baccalauréat, Gaston Floquet commence à s'intéresser au théâtre, où il sera particulièrement remarqué par son interprétation d'Ubu, d'Alfred Jarry. La guerre et la captivité comme prisonnier de guerre en Allemagne interrompent cette carrière.
Une fois rentré en France, il débute à partir de 1950, en plus de son activité de comédien (il joue avec Debauche, Vitez…), un travail de correcteur dans une imprimerie (l'imprimerie Lang) et pour les journaux Le Parisien Libéré, l’Humanité, Les Cahiers du Communisme, Combat. C'est à cette époque que commence son oeuvre de plasticien, une vocation plutôt tardive. En parallèle, il écrit et se lance dans des traductions de l’allemand ; des auteurs comme Karl Jaspers, Erich Maria Remarque, Gustav Regler ou Martin Walser. Malgré le succès de ses premières expositions, il part en 1972 s'installer dans le petit village Sarthois de Saint-Rigomer-des-Bois. Il y meurt le 16 avril 2001. Il laisse des écrits très divers et plusieurs milliers de sculptures, de dessins ou de collages.
Gaston Floquet a utilisé une multitude de supports, de techniques et de matériaux pour ses créations. Tous ces supports étaient, semble-t-il, rigoureusement sélectionnés, même si l’artiste était bien le seul à connaître les critères de ses choix ! Pour ses oeuvres « en deux dimensions » , il choisit des papiers, cartons, toiles, bois, morceaux de publicités trouvées dans sa boîte aux lettres, photos de magazines, calendriers, pages d’annuaire, faire-part, etc. Il utilise sur ces supports toutes sortes de techniques, allant de la peinture au fusain, ou au crayon, en passant par l'encre d'imprimerie ou de Chine, le brou de noix, les collages, ou tout simplement le stylo bille. Pour ses oeuvres " en trois dimensions " , il utilisait tout ce qui pouvait lui tomber sous la main : éclats d'obus, ferrailles, os, outils agricoles, souches, coquillages. Il a créé de nombreuses sculptures à partir de tous ces matériaux de récupération, trouvant des associations extraordinaires, et créant une multitude de personnages dans l’esprit des grotesques.
Quand on regarde les vidéos montrant Gaston Floquet, on est frappé par sa présence et on comprend pourquoi il a marqué son entourage, ou plutôt comment sa qualité de personne lui a façonné un entourage.
Montrer le travail de reconstitution, différents parti-pris (actor studio ?)… pour faire (re)jouer GF. Comment un comédien pourrait-il le rejouer sans l’avoir connu ? Comment incarner GF, et reconstituer sa présence, à partir de témoignages ? Comment être le plus près possible de sa façon d’être ? L’ambiguïté permanente de l’évocation, toujours sans doute à la limite de la trahison. Il est bien que le doute subsiste : Gaston a-t-il vraiment existé ?
La difficulté de faire la part de ce qui vient de lui et de ce qui vient de nous. « Gaston Floquet matériaux » comme aurait dit Heiner Müller, sans doute avec beaucoup de colle, pour paraphraser Schwitters, ou au contraire « Floquet à sec ».
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